Entrevue avec Guy Milliere, Senior Fellow au Gatestone Institute, New York et à l’American Freedom Alliance, Los Angeles.
Vladimir Poutine n’est pas communiste, mais il a été formé par le KGB. Il a vécu la chute de l’Union soviétique comme une humiliation. Il voudrait tout à la fois reconstituer la grande Russie d’avant le communisme, retrouver la puissance russe des temps soviétiques et faire avancer le projet eurasien théorisé par Alexandre Douguine.
Pour lui, l’Ukraine ne peut pas être un pays indépendant, fait partie de la grande Russie et doit y être réintégrée. Pour lui aussi, les États-Unis, puissance atlantique et ennemi du projet eurasien, doivent être combattus et repoussés. Poutine entend tout à la fois replacer l’Ukraine dans un statut de souveraineté limitée, et à terme, l’intégrer à la Russie, et il entend, bien sûr, dans l’immédiat, lui interdire d’intégrer l’OTAN et l’Union européenne.
Il voudrait obtenir, en outre, que l’OTAN ne soit pas présente dans les pays frontaliers de la Russie, car l’OTAN est, à ses yeux, une organisation au service de la puissance ennemie. Le but initial de Poutine était de faire des deux républiques autoproclamées du Donbass des protectorats russes protégés par l’armée russe, de détruire l’armée ukrainienne et de renverser les autorités ukrainiennes pour les remplacer par des autorités soumises à la Russie.
Il ne s’attendait visiblement pas à la résistance de l’armée et de la population ukrainienne et au comportement héroïque du Président Zelinsky, et il a dû revoir sa stratégie. Il voulait mener une guerre éclair et limitée. Il a dû passer à une guerre plus longue et plus classique, mais ses objectifs restent fondamentalement les mêmes.
La cause fondamentale de la guerre est la volonté de Poutine de parvenir aux résultats que je viens d’exposer. La cause de la guerre est aussi la faiblesse et le comportement de l’administration Biden. Si Donald Trump était toujours président, la guerre n’aurait pas eu lieu.
Donald Trump sait que Poutine établit des rapports de force: s’il voit un adversaire fort susceptible de le contrer, il n’agit pas. S’il voit un adversaire faible, il pense qu’il a une opportunité pour agir, et il agit. L’administration Biden, en fermant l’oléoduc Keystone et en mettant fin à la production énergétique sur les terres fédérales américaines, a fait passer les États-Unis d’une position d’autosuffisance énergétique à une position de dépendance énergétique et de pays dépendant énergétiquement de la Russie.
Elle a non seulement placé les États-Unis en position de faiblesse, elle les a aussi placés en position de vulnérabilité. Elle a, en outre, fait considérablement monter les prix du gaz et du pétrole, ce qui a donné à Poutine tous les moyens financiers requis pour financer la guerre. Poutine accuse l’OTAN et lui reproche d’avoir accepté en son sein des pays d’Europe centrale: les pays d’Europe centrale ne sont plus soumis à l’Union Soviétique et sont libres d’adhérer à une organisation de défense.
Sous Trump, Poutine n’utilisait pas cet argument, car il savait ce que répondrait Trump. L’OTAN ne menace pas la Russie, et ne la menacerait que si Poutine a l’intention d’agresser des pays membres de l’OTAN. Poutine pouvait demander plus fortement un statut d’autonomie pour les régions du Donbass, voire les placer sous protection russe, ce qu’il n’aurait jamais fait sous Trump. Là, il attaque l’Ukraine, et veut renverser son gouvernement, parce qu’il sait ce qu’est l’administration Biden.
Il est impossible de le dire, car le conflit est en cours. Je pense que Poutine, au minimum, aujourd’hui, veut une zone sous influence russe détachée de l’Ukraine qui comprendrait tout le Donbass et les rives de la mer d’Azov, et s’étendrait peut-être jusqu’à Odessa, et je pense qu’il accepterait, au minimum, aujourd’hui, une Ukraine indépendante sous souveraineté limitée constituée par l’Ouest de l’Ukraine.
Ce qui ne serait envisageable qu’après la chute du gouvernement ukrainien actuel et la destruction de l’armée ukrainienne. Je pense qu’il ira jusqu’au bout pour parvenir à ce résultat. Les États-Unis sous Biden n’y pourront rien et, je pense, ne feront rien. Les pays européens membres de l’OTAN n’y pourront rien et ne feront rien non plus.
Les sanctions actuelles ne sont pas en mesure d’arrêter Poutine, et si les États-Unis et les pays européens membres de l’OTAN mettent en place des sanctions plus strictes, ils créeront de graves dommages à leurs propres économies. Ni les États-Unis, ni les pays européens membres de l’OTAN ne déclareront la guerre à la Russie: ce serait le début d’une guerre mondiale.
La Russie se tourne d’ores et déjà vers la Chine, et une alliance stratégique et économique Russie-Chine se consolide et continuera à se consolider. L’Iran des mollahs est allié de la Russie et de la Chine, et fait partie de cette alliance. Une nouvelle guerre froide se met en place, et elle inclura des épisodes destructeurs, la guerre d’Ukraine est un épisode.
Cela fait incontestablement partie des projets de Xi Jinping. La faiblesse de l’administration Biden et le fait qu’elle ait placé les États-Unis en position de vulnérabilité ouvrent à la Chine une fenêtre d’opportunité semblable à celle ouverte à la Russie, et Xi Jinping songe à utiliser cette fenêtre d’opportunité.
Il attend vraisemblablement que l’offensive russe en Ukraine avance avant d’agir. Il est, hélas, vraisemblable qu’il agira dans les mois à venir. Et, bien entendu, l’administration Biden, le cas échéant, ne fera rien. Les États-Unis, à cause de l ‘administration Biden, dépendent énergétiquement de la Russie, ils sont bien plus dépendants encore de la Chine et ne peuvent envisager de sanctionner la Chine sans infliger des dommages catastrophiques à l’économie américaine.
Il était prévisible que l’installation au pouvoir de l’administration Biden conduise à des désastres planétaires: je l’avais prévu dès janvier 2021. Ceux qui se sont réjouis de l’éjection de l’administration Trump n’ont, semble-t-il, ni analysé ni compris ce qui allait se passer.
Ils ne diront même pas que les années Trump ont été des années de bien plus grande stabilité. Ils sont dans l’aveuglement idéologique, et ne veulent pas voir ce qui est pourtant une règle très visible depuis plus d’un siècle: quand les États-Unis administration faible, le désordre s’installe sur la planète, quand ils ont une administration forte, l’ordre revient et règne sur la planète.
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