Opinion | La manif du 1er mai : un révélateur

La manifestation de Montréal contre les mesures sanitaires a été un grand succès. Il y avait au bas mot 30 000 personnes, peut-être bien plus.

Des gens de tous les milieux et de tous les âges, avec une dominante jeunesse. Une fierté nationaliste québécoise, sans exclure la communauté anglophone, qui était aussi représentée. J’ai même vu quelques femmes voilées qui ne sont pas des habituées de ces manifestations.

Le gouvernement Legault devrait prendre acte du ras-le-bol de la population et assouplir sans attendre plusieurs mesures excessives qui plombent l’économie et le moral des Québécois.

Une fois qu’on a dit ça, il faut reconnaître que la confusion règne aussi dans nos rangs. La cartographie des manifestants agit comme un révélateur.

Tout le monde a son programme de sortie des mesures d’urgence. Pour certains, aucune mesure n’est nécessaire.

Pour d’autres, c’est le vaccin qui représente un danger; le vaccin devrait être parfait. Je n’ai pas vu une pancarte appelant à se faire vacciner; pourtant, une partie de la solution pour sortir de la crise est là. Et, croyez-le, je respecte vraiment ceux qui préfèrent ne pas se faire vacciner[1].

Pour plusieurs, il semble que les dommages collatéraux de toute mesure sanitaire seraient bien pires que les dommages du virus. Pour d’autres, les masques ne seraient pas efficaces et il vaudrait mieux ne pas en porter.

Je me méfie des positions trop carrées en ce qui touche les mesures sanitaires venant de gens qui n’ont pas passé une partie importante de leur vie à essayer de comprendre et d’agir sur ces questions.


Mais sur le plan politique, j’appuie à 100 % la demande d’une commission d’enquête qui fera la lumière sur la réponse gouvernementale à cette crise.

J’appuie aussi l’idée, affichée sur plusieurs pancartes, d’en finir avec les décrets sur les mesures d’urgence sans approbation régulière du Parlement.

Il est temps que le Parti conservateur du Québec ait des représentants à l’Assemblée nationale.

L’électorat verra plus clairement ce qui différencie le PCQ des quatre partis qui y siègent actuellement. Il faut dire que ces derniers ont joué dans la même chorale.

Alors, quelle serait la partition du PCQ? Qu’aurait-il fait de différent s’il avait gouverné le Québec?

Je crois sincèrement que si un nouveau parti avait hérité du jour au lendemain du système de santé qui est en place, des miracles n’auraient pas été possibles.

Ce système est profondément mal en point. On a parfois eu l’impression que le gouvernement priait la population de protéger ce système plutôt que lui offrir d’être protégé par lui.

La peur du gouvernement, c’est que les hôpitaux soient débordés, qu’on manque de lits et de personnel pour s’occuper des cas de COVID-19 et surtout de mal paraître. De là une spirale de mesures souvent inutilement contraignantes au nom du principe de précaution.

Mais tout cela ne changera pas du jour au lendemain.

Il faut aussi rappeler à l’électorat que c’est le système de santé dont nous avons hérité qui génère ces pénuries pour soigner un grand nombre de maladies, dont la COVID-19.

À mon sens, il faut mettre l’accent sur le fait que notre système de santé est gouverné par un monopole public bureaucratique et pas assez réactif, qui crée la rareté et des listes d’attente plutôt que de répondre à la demande. L’idée novatrice à mettre de l’avant est qu’il faut un système parallèle privé en santé pour régler une partie du problème.

Le Québec rejoindrait tout simplement la grande majorité des pays développés qui ont un système privé de santé plus ou moins important.

Par ailleurs, les méthodes de gestion du privé fertiliseraient sans doute le secteur public qui n’aurait pas le choix de s’améliorer un peu.

Il faut un système plus décentralisé, plus de médecins, d’infirmières, de lits d’hôpitaux. Pour y arriver, on a besoin d’investissements privés et de méthodes de gestion efficaces plutôt que d’injecter toujours plus de fonds dans un système obèse qui endette les générations futures. Tout cela couplé à un accès à des assurances privées et publiques qui rende le tout accessible.

À mon sens, un positionnement du PCQ qui le projetterait vers l’avenir, c’est d’affirmer haut et clair que les Québécois méritent de meilleurs services. C’est pour ça qu’il faut expliquer l’importance du privé en santé, pour s’adapter rapidement, se donner plus de moyens et répondre à tous les besoins.

Le gouvernement actuel n’a aucune vision pour amener le Québec vers un système de santé plus performant.

Le gros défaut du gouvernement Legault, c’est d’avoir renié sa promesse de faire évoluer le système de santé en créant au moins des projets pilotes de collaboration avec le privé.

C’est là que le PCQ se distingue et a un terrain à occuper.

Dans les mois qui viennent, le PCQ va parler avec des joueurs actifs dans le domaine de la santé. Il va préciser ses propositions dans ce domaine en identifiant les obstacles réglementaires et organisationnels à la mise en place de ce système parallèle et compétitif public-privé ainsi que ses étapes de réalisation.

Le PCQ ira chercher des appuis publics en santé auprès de responsables dans ce domaine qui ont une certaine notoriété et qui vont valider ou préciser positivement ses propositions pour réformer le système.

N. B. Mes commentaires nengagent que moi et ne reflètent pas nécessairement les positions des autres membres du Bureau exécutif national du Parti conservateur du Québec.


[1] Voir mon article « La droite et le vaccin ».

André Valiquette

Détenteur d’une maîtrise en histoire canadienne, il a été journaliste à Radio-Canada puis a poursuivi sa carrière dans le milieu universitaire, où il a été responsable de relations médias et rédacteur de discours. De 2007 à 2009, il a été directeur des communications à l’Institut économique de Montréal. Il a été candidat du Parti populaire du Canada en 2019 dans NDG-Westmount. Il a été président de la Commission politique du Parti conservateur du Québec et membre de son Bureau exécutif national. André publie une chronique à titre personnel dans Québec Nouvelles.

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