Au Québec, on peut dire qu’on ne passe pas souvent à côté d’une occasion de se dire non. Cette fois-ci on a un grand projet vraiment intéressant pour une région, le Saguenay. Pour une fois, ce n’est pas le contribuable qui va risquer ses billes, mais l’entreprise privée, qui est prête à y mettre neuf milliards de dollars.
Les audiences publiques du BAPE tirent à leur fin. C’est pas possible le nombre de groupes et d’individus qui sont venus pleurer sur l’environnement, y inclus le Parti Québécois et Québec Solidaire.
Comme représentant du Parti conservateur du Québec, j’ai rappelé aux commissaires que le Projet Énergie Saguenay va contribuer à diversifier l’économie de la région qui en a grandement besoin. La création d’une quantité considérable de bons emplois va répondre aussi au défi de la décroissance démographique et à l’exode des jeunes.
Rappelons de quoi il s’agit : le projet de GNL Québec vise à construire un complexe industriel de liquéfaction de gaz naturel qui serait implanté sur le site de Port Saguenay dans le but d’exporter 11 millions de tonnes de gaz naturel par an de manière sécuritaire sur les marchés mondiaux, à partir de sources d’approvisionnement de l’Ouest canadien.
Le projet comprend des équipements de liquéfaction et des infrastructures maritimes. Selon l’initiateur, en plus de générer des retombées économiques estimées à plusieurs centaines de millions de dollars au Québec, le projet va également soutenir les efforts de lutte aux changements climatiques en Europe et en Asie en offrant une énergie de substitution à d’autres énergies plus polluantes, telles que le charbon, le diesel et le mazout.
Pendant la période de construction, le projet devrait générer 6000 emplois directs et indirects et près du quart de ces emplois en période d’opération.
Notre appui n’est pas une caution à la viabilité économique du Projet. C’est aux actionnaires d’assumer les risques financiers de ces investissements considérables.
Plusieurs experts ont apporté des arguments convaincants indiquant que le milieu naturel des bélugas sera préservé et que l’éventualité d’accidents maritimes et de bris à l’usine de liquéfaction sera encadrée par des technologies de pointe et les certifications les plus exigeantes.
Alors, où est le problème?
Faisons sauter quelques verrous idéologiques
Nous croyons qu’il faut déboulonner un argument des opposants au Projet GNL voulant qu’il soit trop risqué. Cette affirmation a été reprise par un député de la région, Sylvain Gaudreault du Parti Québécois, lors des audiences du BAPE.
Faut-il rappeler à nos amis écologistes que pour avoir du développement durable, il faut d’abord du développement? L’obsession du risque zéro n’a rien d’un progrès. Toute activité humaine de développement comporte un risque environnemental, mais aussi des bénéfices réels et mesurables.
La nature des risques et les stratégies de mitigation mises de l’avant par GNL Québec rendent le projet acceptable. C’est aussi ce que croit une majorité de la population de Saguenay d’après un sondage sur l’acceptabilité sociale de ce projet réalisé en septembre de cette année.
Nous rejetons l’application aveugle du principe de précaution selon lequel il est nécessaire de démontrer hors de tout doute qu’une action ne causera aucun tort pour être socialement acceptable. Nous préconisons plutôt une approche équilibrée où les risques et les bénéfices potentiels d’une action sont comparés avec les risques et bénéfices d’une inaction.
Plus précisément, le choix des opposants au Projet GNL de limiter leur analyse à l’empreinte écologique sur le territoire du Québec, sans tenir compte des retombées positives au niveau mondial, est tout à fait contreproductif. Certains environnementalistes se limitent à étudier les projets du point de vue de l’émission locale de GES en s’appuyant sur le protocole de Kyoto.
Le problème qu’il faut résoudre n’est pas le changement climatique au Québec, mais plutôt le changement climatique tout court, donc notre attention doit se tourner vers le bilan des émissions mondiales. Que le Québec soit le meilleur ou le pire émetteur par habitant n’y changera absolument rien, car nous sommes responsables d’à peine 0,2 % des émissions mondiales. Notre population compte huit millions d’habitants; en Chine, c’est moins que la marge d’erreur dans les sondages!
Toute autre façon de voir cette équation, à notre avis, relève d’une pensée magique. Les énergies fossiles sont là pour encore de nombreuses décennies et nous devons tenir compte de nos besoins de développement.
Un autre argument soulevé est que la qualité du gaz et de son empreinte ne soit pas acceptable. À notre avis, il ne s’agit pas de savoir quel est le gaz naturel optimal, mais bien d’exporter notre gaz canadien pour remplacer des énergies fossiles beaucoup plus polluantes en Europe et en Asie. Utiliser des formules chocs comme « le gaz sale de l’Ouest » peut faire les manchettes et de bons extraits sonores pour la radio, mais faut-il rappeler que le Québec importe actuellement tout son gaz naturel et que c’est du gaz… de schiste qui vient de l’ouest du Canada et des États-Unis!
Ce sont les sociétés qui s’enrichissent qui investissent dans l’environnement. Dire le contraire, c’est hélas se leurrer. La protection d’un futur qui paraît éloigné ne sera jamais la première des priorités. Il faut donc qu’une économie génère des surplus conséquents pour que l’électorat accepte de consacrer d’importantes ressources à la préservation de son espace naturel. C’est cette démarche qui nous semble porteuse pour le Québec.
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