Un nouveau slogan, un brin populiste, du Parti conservateur du Québec fait parler de lui ces temps-ci : mon char, mon choix! À la fois simple, efficace, et aussi un brin agaçant pour les féministes woke de la nouvelle vague, ce slogan montre bien une réalité brutale : les Québécois tiennent à leur auto, et à quelque part, c’est bien parce qu’ils y sont contraints. Quelques réflexions sur la voiture individuelle, son passé, son présent et son avenir.

Le Québec fait partie de l’Amérique du Nord, un continent conçu sur mesure pour la voiture individuelle. Dès les années 20-30, en Californie, on concevait des autoroutes et on abolissait progressivement les transports en commun. Los Angeles est un cas d’école intéressant à ce niveau. Le Québec a suivi, et c’est ainsi que pas mal tout le monde a fini par devenir propriétaire d’une voiture.

La voiture signifiait la liberté pour la plupart des gens. Enfin, on pouvait où et quand on le voulait. Pas besoin de dépendre des horaires restreints des autobus, tramways et autres transports publics. La voiture va où la plupart des autobus ne vont pas. Mais c’est qu’à la fin du XXe siècle, une nouvelle menace est apparue dans l’espace médiatique : les changements climatiques.

La voiture individuelle est depuis accusée de détruire la planète, de créer des bouchons de circulation, bref, d’être nuisible à l’environnement. Pourtant, pas un mot des écologistes concernant la pollution causée par les bateaux de croisières. Par exemple, un seul bateau de croisières dans le port de Québec pollue autant que l’ensemble des autos de la ville. Et on ne parle pas ici non plus de l’utilisation abusive du plastique un peu partout dans nos emballages. La voiture est un symbole qu’il est commode d’attaquer, car politiquement correct.

L’objectif des gouvernements est d’interdire les voitures à essence d’ici 2035. Pourtant, connaissez-vous beaucoup de gens qui possèdent une voiture électrique? En avez-vous les moyens? Si vous répondez non aux deux questions, c’est que vous vivez dans le monde réel : les gens ont de moins en moins de moyens pour s’acheter une nouvelle voiture coûteuse, à la fiabilité douteuse.

Mais dans notre univers politique actuel, nos politiciens semblent s’imaginer que nous avons tous les moyens de conduire une Tesla. Bien sûr, si ceux-ci font en moyenne plus de 150 000$ par année, ils ont les moyens de s’en acheter une. Mais pas si l’on gagne 35 000$. Ces voitures pour le moment ne sont pas encore assez fiables, et brisent facilement. De plus, l’autonomie sur 4-500 kilomètres est un frein aux longs voyages en auto, s’il faut prendre beaucoup de temps pour recharger. Ce qui n’est pas aussi rapide que faire le plein d’essence.

La voiture à essence devra donc rester. À la fois, car beaucoup de Québécois habitent dans un endroit dépourvu de tout transport en commun, mais aussi parce que nous vivons un appauvrissement collectif. Nous ne pourrons pas tous acheter des Tesla d’ici 2035. Par contre, il est vrai que nous devrions avoir le choix, en ville en tout cas, d’utiliser les transports en commun. Mais cela devrait se faire par des incitatifs, et non par coercition, par exemple avec de nouvelles taxes.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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