La Chine regarde discrètement ce qui se passe entre les États-Unis, l’Ukraine et la Russie. Il faut dire que le conflit, qui dure depuis trop longtemps, est observé avec intérêt par le Parti communiste chinois. Certains analystes pensent que Xi Jinping attend le bon moment pour attaquer Taïwan et qu’il a pris des notes sur les sanctions adoptées par les alliés de l’Ukraine.

La guerre contre l’Ukraine est-elle un ballon d’essai pour tester l’Occident ? Quoi qu’il en soit, la Chine a décidé d’imposer des droits de douane aux importations agricoles canadiennes. C’est sur l’huile de canola que les tarifs sont les plus élevés, soit 100 %. Sur les produits de la mer et le porc, ce sera 25 %. Pourtant, qui, dans cette histoire, agit de la façon la plus stupide ?

Une situation économique difficile en Chine

Le Canada a parfaitement raison de vouloir imposer des tarifs aux véhicules électriques chinois ainsi qu’à l’acier produit là-bas. Il faut dire que la Chine vit actuellement une crise de surproduction et qu’elle doit écouler des quantités astronomiques de matériaux et de biens de consommation divers.

Une des raisons qui a poussé le projet des nouvelles routes de la soie, c’est justement ce besoin de la Chine de faire un véritable dumping à l’échelle mondiale des produits qu’elle est incapable de consommer seule. Le PCC, qui, pour garantir son maintien au pouvoir, a recours à la répression, doit également conserver des emplois dans le secteur manufacturier.

Le taux de chômage en Chine chez les jeunes est officiellement de 17,6 % selon les statistiques gouvernementales. Il pourrait en réalité atteindre presque le double. Des millions de Chinois se trouvent contraints de livrer des repas sur des applications équivalentes à Uber Eats, étant payés parfois moins de 10 $ par jour. D’autres retournent à la campagne en espérant travailler sur des terres agricoles délaissées suite à l’exode rural.

Une croissance sans précédent

La Chine a connu ces dernières décennies l’une des croissances économiques les plus impressionnantes de l’histoire. En 1980, au lendemain de la Révolution culturelle, la Chine ne représentait que 3 % de la part du PIB mondial. Maintenant, il est d’environ 20 %, ce qui est plus en adéquation avec son poids démographique. Le pays produisait l’essentiel de sa nourriture, mais pas suffisamment pour satisfaire les besoins réels de l’ensemble de la population.

En 2000, la Chine produisait 93,6 % de la nourriture consommée dans le pays. Maintenant, le chiffre a baissé à 65,8 %. Qu’est-ce qui explique un tel déclin de l’autosuffisance de la Chine ? Déjà, il faut dire que le nombre de gens ayant sorti de la pauvreté est tout simplement impressionnant. Selon les chiffres de la Banque mondiale, le pourcentage de Chinois vivant avec moins de 2 $ par jour était en 2000 de 49,8 %.

Des scandales qui se multiplient sur la salubrité des aliments

Il est désormais de 0,7 %. C’est donc beaucoup plus de gens qui consomment plus de viande, de produits de qualité importés de l’étranger. Les Chinois savent à quel point les industries dans leur pays ne respectent pas les normes de salubrité. À une certaine époque, l’ajout de mélamine dans le lait maternisé en poudre, afin d’augmenter le pourcentage en protéines, créera une véritable psychose dans la population.

C’est ainsi que, pendant des années, les femmes chinoises privilégieront le lait importé de Nouvelle-Zélande ou d’Australie. C’est la même chose avec l’huile de colza. Un scandale récent a secoué l’Empire du Milieu concernant le transport de cette huile. La principale compagnie productrice de l’huile (très utilisée en Chine pour la cuisson) s’est servie de camions-citernes ayant servi au transport de carburants, ce qui a provoqué une panique dans le pays.

Désormais, non seulement le lait maternisé était source de préoccupation, mais en plus, des scandales ont secoué l’industrie du porc, où des carcasses d’animaux malades ont été débitées et vendues aux consommateurs. Tout cela en rajoutant cette nouvelle affaire avec l’huile de colza. Les Chinois exigent donc la responsabilisation des dirigeants des entreprises concernées, mais aussi d’avoir le choix comme consommateurs.

La Chine, dépendante de l’importation

C’est pour ça que le PCC n’est pas très brillant d’imposer des sanctions sur des produits essentiels. Il ne fait que s’imposer des prix plus élevés, pénalisant ainsi les consommateurs soucieux de leur santé. Dans un contexte où le chômage des jeunes diplômés est élevé, est-ce vraiment une bonne idée d’en rajouter ?

Avec, bien sûr, ces mêmes arguments se moquant de la charité sur la discrimination que subiraient les Chinois. Le PCC a beau opprimer ses minorités, cela ne l’empêche pas d’utiliser la culpabilité de l’Occident face à son passé colonial pour imposer son agenda autoritaire. Il faudra dire qu’un jour, c’est assez du chantage du Parti communiste chinois. Et qu’il faudra bien un jour que ça cesse.

La Chine aime rappeler que le reste du monde est dépendant d’elle. Or, on le voit avec les statistiques sur le pétrole, l’agriculture, le charbon : ceux-ci sont très dépendants, notamment de pays occidentaux tels que le Canada et l’Australie. Si nous avions de vrais leaders, cela ferait longtemps que la Chine aurait été remise à sa place. Soit celle d’un pays arrogant, qui ne veut pas jouer selon les mêmes règles que tout le monde. Et qui se moque de la charité.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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