La situation actuelle autour du marché des voitures électriques est à peine croyable. Il n’y a rien qui n’est pas fait pour stimuler ce secteur industriel – incitatifs à l’achat, bannissement annoncé des voitures à essence, une pluie de milliards en subventions – et malgré tout, les producteurs automobiles et de batterie sont en mauvaise posture. L’expression à la mode dans les communications officielles de ces entreprises en ce moment, c’est « réévaluer notre stratégie ». Il faut bien rassurer les investisseurs et les contribuables qui paient pour ces subventions pharaonesques! Mais on sent bien que les Fitzgibbon de ce monde commencent secrètement à s’inquiéter…
En effet, on apprenait aujourd’hui que le chantier de l’usine Ford/Eco-Pro à Bécancour, qui est destinée à produire des cathodes pour des batteries de voitures électriques, est en pause depuis le 5 août. C’est la deuxième fois que le chantier est mis sur pause dans les derniers mois. En avril dernier, le gouvernement expliquait vaguement que la suspension des travaux étaient dus à l’analyse d’une « meilleure option technologique ». Dans les faits, l’entreprise explique désormais que ce sont « les fluctuations de la demande de véhicules électriques » et « les préférences en matière de batteries » qui obligent une « reconception » du projet afin de s’assurer de « sa viabilité et de sa rentabilité sur le long terme » au Québec.
En d’autres mots, les acheteurs de voitures électriques ne sont pas au rendez-vous, ce qui pousse l’industrie à la prudence.
Mais encore une fois : comment peut-on sentir de l’incertitude dans un marché subventionné à outrance et à qui on assure un monopole en 2035? Comment est-ce simplement possible?
De toute évidence, si le marché des voitures électriques est si frileux et sur ses gardes en ce moment, dans ce contexte particulier où on roule à plein régime dans la « transition énergétique », c’est que les problèmes entourant la production et la commercialisation des voitures électriques sont beaucoup plus graves qu’on ne le laisse paraître. Manifestement, quelque chose ne fonctionne pas du tout.
C’était la même chose chez Northvolt le mois passé : l’entreprise annonçait devoir ralentir son échéancier dans la construction de son usine en Montérégie. Pour les caméras, le directeur des affaires publiques et des communications de Northvolt en Amérique du Nord, Laurent Therrien, disait : « Notre engagement envers le Québec et nos intentions demeurent : Northvolt entend jouer un rôle central dans la transition énergétique en fabriquant ici les batteries les plus vertes au monde et, à ce moment-ci, nous poursuivons la construction de notre campus technologique Northvolt Six comme prévu. » Mais en même temps, quand on questionnait un peu plus le PDG, Peter Carlsson, il était obligé de reconnaître qu’ils avaient été trop ambitieux à la base : « Nous avons été un peu trop audacieux dans notre plan d’expansion et c’est ce que nous sommes en train de revoir.«
Traduction : malgré les promesses de bannir les voitures à essence et les milliards injectés, construire une usine de batterie pour des voitures électriques est ENCORE un peu risqué et les acheteurs ne sont pas au rendez-vous.
Vous réalisez à quel point la situation est ridicule? Je ne suis pas le plus grand fan de la théorie de la main invisible qui équilibre le marché, mais quand même, il faut reconnaître que quelque chose se passe ici : le marché n’est tout simplement pas prêt. Il n’y a absolument aucune autre raison pour les incertitudes dans le marché des voitures électriques que celle-ci : la technologie n’est pas à point et personne ne croit réellement que les voitures à essences seront bannies en 2035. Sinon, tout le monde lancerait leur argent dans cette industrie, pas juste les gouvernements accrocs aux signalements de vertu.
Personne n’y croit. Même après des dizaines de milliards en subventions, le marché n’y croit pas plus.
Dans le cas des usines de batteries, à tout le moins, ce sont des projets qui se font de connivence avec des géants de l’industrie automobile (Ford, Volkswagen, BMW, etc.) ce qui assure une certaine prédictibilité dans les décisions. Mais tout de même, les incertitudes de ces géants se répercutent sur les projets d’usines, ce qui est clairement signe que l’industrie automobile elle-même n’est pas prête pour une transition radicale comme nos gouvernements veulent imposer. Ils le disaient d’ailleurs eux-mêmes récemment.
Maintenant, imaginez le front de bœuf que ça prend, alors que tous les grands ténors de l’industrie automobile demeurent prudents sur l’électrique, pour penser que c’est une bonne idée d’investir des millions d’argent publique dans une startup comme Lion électrique! Ce n’est pas juste être mauvais en affaire, c’est carrément être indécent.
Au total, c’est près de 239 millions de dollars d’argent public qui a été investi dans Lion électrique entre 2008 et aujourd’hui, et l’entreprise ne fait qu’accumuler les catastrophes. Ça devient pratiquement dur à suivre. Dans les derniers mois, la SAQ a retourné pour la deuxième fois un des rares camions que l’entreprise avait réussi à livrer, en raison, notamment, de problèmes d’autonomie. Au même moment, l’entreprise devait renvoyer 300 employés au Canada et aux États-Unis, ce qui représente environ 30% de sa main d’œuvre. Ses ventes et ses profits ont tant chuté dans la dernière année qu’en fait, on apprenait que ses coffres étaient pratiquement vides et qu’il ne lui restait que 5 millions de dollars US.
Mais comme le font en ce moment Eco-Pro et comme le faisait Northvolt récemment, le PDG de Lion Électrique « se faisait rassurant » et continuait de vendre sa salade aux médias en leur disant que « les généreuses subventions gouvernementales qu’il reçoit créent des retombées économiques considérables ». Résultat? Il a reçu jusqu’à 7,5 millions de Fitzgibbon! Pas l’an passé, pas il y a dix ans : cet été, alors que tout les indicateurs pointent à la faillite de l’entreprise! C’est à peine croyable.
Une situation assez semblable avec celle de Taïga Motors, d’ailleurs. Après des pertes monumentales dans la dernière année, l’entreprise, qui voulait s’imposer dans le marché des motoneiges électriques, s’est placée à l’abri de ses créanciers le mois passé.
Bref, les startups dans les transports électriques semblent avoir beaucoup de difficulté à survivre et être rentables et sont des puits sans fond pour l’argent des contribuables. De leur côté, les géants de l’industrie automobile sont de plus en plus frileux dans leurs projets de développement. Tout ça alors que le cadre réglementaire et les incitatifs gouvernementaux poussent avec acharnement dans le sens de cette industrie. Clairement, le problème est beaucoup plus grave qu’on veut l’admettre. En notre société de bien-pensance et de pensée unique, personne n’ose admettre que la technologie n’est tout simplement pas prête, mais les signes du marché, eux, sont tout à fait clairs.
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