Plusieurs quartiers de Los Angeles ravagés par les flammes

Depuis mardi, la région de Los Angeles est dévastée par des feux de forêt qui ont complètement ravagé le quartier cossu de Pacific Palisades et la ville côtière de Malibu, située à l’ouest de l’agglomération urbaine. Des propriétés valant plusieurs millions de dollars, certaines appartenant à des célébrités, ont été réduites en cendres. Les incendies dévastateurs ont également touché le quartier de Sylmar ainsi que la ville d’Altadena qui se trouvent dans des zones montagneuses situées complètement au nord. Pour rendre la situation encore pire, de nombreuses bornes-fontaines n’avaient presque pas d’eau à Pacific Palisades.

Un autre foyer d’incendie sur les collines voisines de Hollywood (Hollywood Hills) a fait craindre le pire mercredi soir, suscitant un ordre d’évacuation du quartier au nord de Sunset Boulevard. De fausses images générées par l’IA montrant le signe iconique HOLLYWOOD entouré de flammes sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Au moment d’écrire ces lignes (jeudi 22:00 GMT), l’ordre d’évacuation a été levé pour Hollywood Hills. Ce brasier aurait depuis été contenu.

Toutefois, de nouveaux foyers d’incendie se sont déclarés, notamment à West Hills (également au nord) dont l’origine criminelle a subséquemment été confirmée. En réponse à ce nouveau feu, un avertissement d’évacuation a été émis par erreur pour la totalité du comté de Los Angeles, qui compte 10 millions d’habitants. Bien qu’un avis correctif ait été diffusé quelques minutes plus tard, la fausse nouvelle a eu le temps de susciter sa part de panique et de confusion.

Au moment d’écrire ceci le bilan fait état de 10 morts, mais les vents violents menacent de causer davantage de destruction.

Les feux sont alimentés par des vents chauds et secs en provenance du désert (appelés vents de Santa Ana) qui se produisent régulièrement dans le sud de la Californie du Sud en automne et au début de l’hiver. Avec des rafales allant jusqu’à 120 km/hm, une petite étincelle ou un feu isolé peut rapidement se transformer en un gigantesque incendie, surtout avec des conditions de sécheresse accrue. Ce sont des vents de couloir qui deviennent particulièrement intenses en aval de vallées sortant des montagnes. C’est ainsi que les quartiers cossus situés au flanc des montagnes à l’ouest et au nord de la ville sont tombés proies aux brasiers.

Invité sur le réseau CNN, Justin Trudeau nous explique que le réchauffement climatique est le principal responsable de la catastrophe, et qu’il va falloir redoubler d’efforts pour le combattre. Comme si les décisions et l’inaction des différents paliers de gouvernement ne détenaient aucune part de responsabilité.

Il y a d’abord la question de la gestion de l’eau, qui se trouve au cœur des préoccupations de l’état. Approuvé à 67.13% à l’élection de 2014, le California Water Bond devait répondre aux sécheresses récurrentes en finançant des projets d’infrastructures hydrauliques comme la construction de réservoirs et les infrastructures de stockage. Une partie significative de l’argent était allouée à la construction et à la rénovation de réservoirs et de barrages afin d’augmenter la capacité de stockage d’eau pendant les périodes de sécheresse. Dix ans plus tard, plusieurs projets sont encore en phase de planification tellement la stricte réglementation environnementale de l’état de Californie retarde l’obtention des permis nécessaires.

L’encadrement de la gestion forestière est d’autant plus pertinent. Les initiatives d’entretien du sous-bois sont entravées par une série de politiques restrictives motivées par les préoccupations environnementales. La combustion contrôlée serait un excellent moyen d’éliminer les broussailles mortes, les herbes sèches, les branches tombées et toutes les autres matières inflammables. Cependant, les combustions contrôlées sont régulées par une coalition d’agences étatiques et locales, dont le California Air Resources Board (CARB) et le South Coast Air Quality Management District (AQMD). Les demandes d’autorisations pour effectuer un brûlage maîtrisé impliquent des évaluations environnementales détaillées, qui peuvent prendre des mois, voire des années.

La Californie, qui est sous le contrôle total du parti Démocrate, s’est donné comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2045. Or, ces objectifs en matière de réduction des émissions de CO2 conduisent à des régulations plus strictes, y compris celles qui encadrent les combustions contrôlées.

Suite aux feux de forêts de 2018, Donald Trump avait pourtant recommandé au gouverneur Gavin Newsom de faire de l’entretien du sous-bois une priorité, en soulignant le succès de l’initiative en Finlande.

Reste un élément qui décuple le potentiel incendiaire: les infrastructures électriques vieillissantes de la Californie, comme les pylônes et les réseaux de câbles. Certaines des lignes électriques et des structures en place ont été installées avant 1950. Si la société PG&E (Pacific Gas and Electric – le principal fournisseur d’électricité en Californie) n’investit pas suffisamment dans leur remplacement ou modernisation, c’est parce qu’elle se concentre sur des priorités politiques plus urgentes, telles que l’atteinte des cibles du California Bill 100. Signé en 2018 par l’ex gouverneur Jerry Brown, la loi exige que toute l’électricité de la Californie provienne de sources d’énergie renouvelables d’ici 2045 (principalement solaire et éolienne). L’urgence de la transition énergétique contraint PG&E à prioriser l’intégration des énergies renouvelables au détriment de la maintenance des infrastructures vieillissantes.

Quant à la réponse aux incendies, plusieurs initiatives gouvernementales n’ont pas permis de maximiser les effectifs. En 2021, les pompiers du département des incendies (LAFD) ayant refusé de se soumettre à l’obligation vaccinale imposée par la ville de Los Angeles ont perdu leur emploi. En juin 2024, après la levée du mandat vaccinal pour les employés municipaux, les pompiers suspendus sont devenus éligibles à la réintégration, sous réserve de procédures disciplinaires devant le Board of Rights, pouvant potentiellement aboutir à leur licenciement. Sans surprise, ces facteurs en ont poussé plusieurs à chercher des opportunités ailleurs. D’autres ne voulaient carrément pas revenir après la discrimination qu’ils avaient subie. Ainsi, la ville accuse un déficit de pompiers.

Le service d’incendie de la ville de Los Angeles a nommé Kristine Larson, une lesbienne de couleur, « chef de l’équité et des ressources humaines ». Ce ne sont pas son sexe, sa race ou son orientation qui font sourciller, mais son titre – parce que les ressources humaines n’ont pas besoin de cette « équité » inclinée idéologiquement. Sur le site du LAFD, on mentionne que Larson détient un certificat en DEI (Diversité, Équité et Inclusion) de l’Université Cornell et qu’elle participe au programme de leadership exécutif pour la diversité de l’Association internationale des chefs de pompiers, visant à promouvoir le DEI au sein des services d’incendie. L’idéologie DEI n’a pas sa place au service d’incendie. Les taxes municipales n’ont pas à financer l’idéologie woke.

Kristina Crowley est fière d’être non seulement la première femme, mais aussi la première personne issue de la communauté LGBTQ à devenir chef du LAFD. Si l’embauche DEI n’était pas dans les mœurs, on ne penserait pas qu’une femme LGBTQ ait obtenu un poste dans un domaine majoritairement masculin en raison de ses points d’intersection. Par contre, c’est quand un milieu de travail s’avère noyauté par le progressisme intersectionnel qu’on vient à se questionner sur les compétences du personnel issu de la « diversité ». Il se fait que l’assistante-chef est également une femme de la communauté LGBTQ. Le but n’est pas de critiquer le travail des pompiers du LAFD qui affrontent courageusement des feux d’une ampleur historique. Le commentaire cible la bannière idéologique de leur direction – qui ne leur fait pas honneur.

Autre point: la ville de Los Angeles a coupé le budget alloué au LAFD de 17.6 millions de dollars pour l’année fiscale 2024-2025. Surprenante décision considérant que la Californie du Sud est sujette aux feux de forêt.

Les politiques écologistes de la Californie ne sont évidemment pas responsables des feux de forêt, qui étaient fréquents dans la région bien avant l’arrivée des colons européens. Toutefois, le dogmatisme et l’empressement des idéologues climatiques ne contribuent qu’à en exacerber la gravité. L’obsession pour la réduction de l’empreinte de carbone en vient à nuire aux mesures préventives. Au final, ces incendies monstres libèrent dans l’atmosphère des quantités de carbone bien plus importantes que celles que les restrictions sur la combustion contrôlée voulaient éviter.

Ophélien Champlain

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