Le soutien vocal des révoltes contre le régime islamique en Iran par Pierre Poilièvre la semaine dernière lui a valu beaucoup de sympathie dans la communauté iranienne du Canada. Outre des vidéos où il affiche son support sur les médias sociaux, il s’est aussi présenté et a offert des discours à deux manifestations à Ottawa et Richmond Hill.
Pendant ce temps, prenant le temps d’aller faire du bungee à Gatineau, Trudeau était accusé de légèreté et d’éviter le sujet de la crise iranienne.
La chose était d’autant plus frustrante pour la communauté iranienne, très nombreuse dans des château forts libéraux comme Toronto, parce qu’on critiquait déjà la mollesse avec laquelle le gouvernement avait géré l’abattage du vol PS752 par le Corps des Gardiens de la République Islamique d’Iran en 2020, quelques minutes après son décollage de Téhéran.
Malgré la mort de 57 canadiens, majoritairement des étudiants universitaires de la communauté iranienne, la Gendarmerie Royale du Canada n’a lancée aucune enquête criminelle, n’offrant qu’une assistance aux enquêteurs ukrainiens (l’avion était d’une ligne ukrainienne).
Shahin Moghaddam, qui a perdu sa femme et son fils dans l’incident, accuse le Canada de négligence par rapport au régime islamique et souhaiterait des sanctions aussi fortes que celles imposées à la Russie. Il explique :
« Le Canada est un refuge pour ceux qui ont des liens avec le régime islamique d’Iran. Ils l’utilisent pour blanchir de l’argent. Des gens viennent avec des visas de touristes et dépensent pour des millions et personne ne pose de question. »[1]
Thomas Juneau, un spécialiste du Moyen-Orient de l’université d’Ottawa, expliquait récemment à la CBC que le gouvernement canadien avait fait un très mauvais travail pour justifier son refus de mettre le Corps des Gardiens de la République Islamique d’Iran sur une liste terroriste[2].
Difficulté de distinguer les « bons » et les « mauvais » iraniens, difficulté de mettre en application les sanctions déjà existantes ; une multitude de facteurs explique cette stagnation du dossier.
Or depuis mardi, Trudeau a fait une série de déclarations annonçant un changement de ton. Probablement forcé par la critique et par la bonne figure de Poilièvre, il a notamment promis que le gouvernement serait plus sévère contre les membres du régime iranien, incluant la saisie de capitaux et de propriétés qu’ils auraient au Canada.
Ensuite, à Ottawa, la vice première ministre Christia Freeland et le ministre des transports Omar Alghabra se sont présenté à une commémoration à la mémoire des victimes du vol PS752.
Enfin, sans nécessairement les classer sur une liste terroriste comme le demandent les contestataires, le gouvernement a annoncé le bannissement de milliers de membres des Corps des Gardiens de la Révolution Islamique.
De plus, il allouera 76 millions supplémentaires pour la mise en application des sanctions, un investissement « en retard critique » selon Jessica Davis, des Services Canadiens de Renseignement en Sécurité. « [La surveillance] du crime financier est sous-financé depuis des décennies au Canada. Ça pose d’énormes questions sur la manière du Canada d’imposer ses sanctions… Ou carrément s’il en est capable. »[3]
[1] Dyer, E. « Stung by criticism, Trudeau government changes course on Iran ». CBC. https://www.cbc.ca/news/politics/iran-trudeau-protests-poilievre-1.6608756
[2] Ibid.
[3] Ibid.
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