Politique fédérale : le petit jeu des partis, face à une population à bout

Yves-François l’a fait savoir à qui veut l’entendre : le Bloc votera contre la motion de censure des conservateurs à la Chambre des communes. L’argument évoqué : le Bloc peut arracher des concessions à Justin Trudeau pendant les quelques semaines supplémentaires où il restera au pouvoir. Mais cette initiative ne fait pas l’unanimité. Quant au NPD, il a beau rêver en couleur, il n’arrivera pas à se dissocier de la marque libérale. Petit tour d’horizon de la scène fédérale.

Faisons d’abord un bilan du long règne de Justin Trudeau : 9 longues années où l’inflation, la crise du logement, l’immigration massive, légale ou non, sont devenues la norme. Parlons aussi des nombreux manquements à l’éthique des libéraux, si ce n’est pas carrément de la corruption. Le bilan est catastrophique. Tout le monde a envie de reprendre un peu son souffle. Mais les partis jouent un jeu dangereux face à ce qui ressemble à une fin de régime.

Mais voilà. Le NPD a déchiré son entente, où il a pourtant obtenu plusieurs « gains » comme l’assurance dentaire. Jagmeet Singh prétend que les libéraux sont du côté de la grande entreprise. C’est que ce n’est une nouvelle pour personne. Pour quiconque a suivi la politique canadienne depuis 1867. Le NPD prétend vouloir remplacer les libéraux en affrontant les conservateurs. C’est bien beau rêver, mais cela n’arrivera jamais.

Singh n’a jamais été populaire. Celui-ci est perçu par un nombre considérable de Canadiens et de Québécois comme un « étranger », avec son turban et sa longue barbe. Le Québec a rejeté de façon quasi unanime ce parti, probablement en lien avec le symbole ostentatoire de M. Singh. Ce n’est pas la seule raison, mais sans le Québec, il est impossible que le NPD soit même à nouveau l’opposition comme ils l’ont déjà été. Quant au pouvoir, c’est encore plus improbable.

Quant au Bloc Québécois, il joue ses cartes en attisant l’hostilité du Canada anglais à leur égard, et par ricochet sur le Québec dans son ensemble. Un jeu dangereux. Yves-François Blanchet affirme qu’il souhaite aller chercher des « gains » pour le Québec en maintenant le gouvernement Trudeau au pouvoir quelques mois supplémentaires. Cela est perçu comme une forme de chantage inacceptable par beaucoup de Canadiens.

Bien que Pierre Poilievre n’ait rien promis sur l’immigration, il demeure néanmoins que les conservateurs sont moins centralisateurs que les libéraux ou le NPD. Poilievre est prudent sur la question de l’immigration, comme l’a affirmé lui-même Blanchet à l’émission de Richard Martineau. En effet, il dépend des circonscriptions de la banlieue de Toronto pour son élection.

Mais ça n’enlève rien au fait que pour un parti indépendantiste, cela paraît absurde qu’ils souhaitent maintenir au pouvoir, même pour quelques semaines seulement, un gouvernement qui a énormément fragilisé le français et possiblement l’existence même du Québec. La pilule ne passe pas dans la gorge de plusieurs électeurs. Des nationalistes québécois, critiques de l’immigration massive, mais qui votent Bloc afin de ne pas appuyer un parti fédéraliste.

Le Bloc est-il plus gauchiste que sa base électorale? Cela est possible. Une bonne partie des circonscriptions bloquistes sont dans les régions, ou les couronnes nord et sud de Montréal. Des régions où la CAQ domine également. François Legault qui a gagné ses élections sur les questions de l’immigration et de la laïcité. À voir les réactions sur les médias sociaux, le cynisme à l’égard du Bloc n’a fait qu’augmenter.

Surtout que les revendications sont pour aller chercher le vote des aînés. En leur promettant plus d’argent du fédéral. Quant au français et au respect de la laïcité, les revendications ne sont pas tellement spécifiées. Mais on ne peut pas s’attendre à grand-chose venant d’un idéologue comme Justin Trudeau. Celui-ci, dans sa haine de la différence québécoise, est tellement borné qu’il préférerait perdre que de faire des concessions sur cet enjeu capital pour lui.

Comme son père, il a pour mission de « remettre » le Québec à sa place. Pierre Elliott a mis en place la charte des droits par le coup d’État qu’était le rapatriement de la constitution. Maintenant, son fils applique un agenda multiculturel radical afin d’enlever les leviers nécessaires au Québec, éliminant ainsi la possibilité de l’indépendance. C’est comme spécial qu’un parti indépendantiste, parfaitement au courant de la situation dramatique dans laquelle les libéraux nous ont plongés, essaie de monnayer leur appui à ceux-ci.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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