Pour Frédéric Lacroix, l’immigration de masse mine les services publics et la démocratie

Depuis 2015, les seuils d’immigration ont explosé au Canada. Le gouvernement libéral affirme que c’est bénéfique pour l’économie du pays, car cela hausse le bassin de travailleurs. Selon Frédéric Lacroix, la politique migratoire des libéraux n’a eu aucun effet positif sur l’économie du Canada. Selon lui, il faut un moratoire sur l’immigration afin de régler la crise du logement et d’assurer la pérennité de nos services publics. Ultimement, un tel moratoire est nécessaire pour assurer la qualité de vie des Canadiens qui est en baisse en ce moment.

Frédéric Lacroix est un chercheur indépendant sur les questions linguistiques.

Entretien

Simon Leduc : Dans votre dernier billet, vous affirmez que le Canada importe des chômeurs. De plus, vous dites que l’immigration de masse n’a aucun effet bénéfique sur le taux de chômage et le taux d’emploi. Pouvez-vous nous expliquer cela?

Frédéric Lacroix : «Je me demande quel est l’objectif de la politique d’immigration de masse du gouvernement libéral à Ottawa.  Les partisans d’une telle mesure estiment que cette politique va  être très positive sur le plan économique. L’arrivée d’un bassin de travailleurs provenant de l’étranger va enrichir le Canada.

Mais, un tel raisonnablement ne tient pas la route. Par exemple, dans mon récent billet, j’ai consulté l’évolution du taux d’emploi entre avril 2023 et avril 2025 par l’entreprise de données de Statistique Canada. Ce dernier est particulièrement intéressant car il correspond à la fraction de la population occupant un emploi et, contrairement au chômage, il se calcule en incluant à la fois les personnes actives et inactives (qui ne sont pas à la recherche d’un emploi) au dénominateur. Cela permet de suivre le nombre de personnes qui sont inactives, c’est-à-dire ceux qui ne contribuent pas à l’économie.

Le taux d’emploi est en déclin depuis deux ans. Il y a un décalage important entre le taux d’emploi et les seuils d’immigration. Il faut savoir que l’immigration a explosé lors des deux dernières années au Canada. Notre pays a ajouté à sa population près de deux millions de personnes. Le Canada a ajouté 1.6 millions de gens dans le bloc des inactifs dans le groupe d’âge des 15 à 54 ans. Donc, si la politique migratoire des libéraux était là pour nous enrichir, le taux d’emploi serait en hausse, mais ce n’est pas le cas. Entre avril 2023 et 2025, on a fait venir 1.6 millions de personnes (des immigrants) mais le taux d’emploi a seulement haussé de 711 500 personnes. En conséquence, le gouvernement fédéral a accueilli  un million de personnes de trop durant cette période. C’est quand même surprenant comme résultat. Il y a un nombre important d’immigrants qu’on accueille qui sont inactifs. Donc, le but de la politique d’immigration de masse du régime libéral n’est pas économique mais possiblement politique.»

Est-ce que la politique migratoire de masse du PLC a causé la crise des services publics, la crise du logement et la hausse du coup de la vie?

Frédéric Lacroix : «C’est sûr que l’immigration de masse a des effets négatifs sur notre pays. Ottawa a fait venir 1.6 millions de personnes entre 15 et 54 ans lors des deux dernières années. C’est une hausse de 8.2 % entre 2023 et 2025. Je me suis demandé combien de temps que cela va prendre pour doubler la population canadienne de la strate d’âge de 15 à 54 ans. La population active va doubler au Canada en 17 ans. Les 15-54 ans vont former un bloc 40.5 millions de personnes en 2042. Cela démontre que la hausse des seuils d’immigration est une catastrophique pour notre pays. C’est impensable que les services publics ne seront pas affectés par l’augmentation démentielle de l’immigration. Si le Canada continue cette voie, la qualité des services publics va se détériorer, la crise du logement va prendre de l’ampleur et le coût de la vie va hausser dramatiquement.»

Quelle mesure le gouvernement du Canada devrait mettre en place pour régler les problèmes causés par l’immigration de masse?

Frédéric Lacroix : «Il faut qu’on adopte un moratoire sur l’immigration. Cela permettrait de donner un répit aux services publics qui sont submergés par l’arrivant massif de nouveaux arrivants. Cela aurait un effet positif sur le logement et l’économie. Le Canada est en train de s’appauvrir à cause de la politique de flux migratoire incontrôlée du PLC. Selon une étude de l’Institut Fraser réalisée en 2013, le fardeau fiscal des immigrants s’élevait à 20 milliards de dollars. À cette époque, ce sont les conservateurs qui étaient au pouvoir et les seuils d’immigration étaient très inférieur qu’aujourd’hui. Donc, on peut penser que ce chiffre a dû exploser depuis dix ans. Donc, le fardeau fiscal du à l’immigration représente 18% des dépenses annuelles de l’État fédéral. Cela s’explique par le taux d’emploi des immigrants qui est inférieur  que celui des natifs. Donc, un moratoire est nécessaire afin de remédier à la situation. Sur mon compte X, j’ai écris : «Cette immigration démentielle va simplement plomber notre qualité de vie. Il faut un moratoire total sur l’immigration.»

Selon vous, pourquoi le régime libéral, qui est au pouvoir depuis 2015, veut poursuivre sa politique migratoire malgré ses effets néfastes sur le Canada?

Frédéric Lacroix : «C’est probablement une question purement politique. Il faut savoir que les immigrants soutiennent majoritairement le Parti libéral du Canada. Donc, les dirigeants du PLC veulent toujours hausser les seuils d’immigration afin d’aller chercher de nouveaux votes en vue des élections à venir. Le PLC est le parti naturel de gouvernement au Canada depuis plus d’un siècle. Alors, sa politique d’immigration de masse va lui permettre de se maintenant au pouvoir et graduellement éliminer l’alternance du pouvoir. C’est un outil que les libéraux utilisent afin de continuer de dominer la scène politique fédérale et empêcher un système d’alternance qui est primordial pour la santé démocratique du pays.

Pour conclure, la politique migratoire libérale risque aussi de faire baisser le poids politique de la majorité historique francophone.»