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Pour les intégristes, la laïcité est une loi raciste

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Radio-Canada ne cessera jamais de nous surprendre. Le 23 aout dernier, l’on apprenait au sein de ses publications qu’Amrit Kaur, une jeune femme de confession sikhe, refuse fermement de souscrire à la loi des hommes afin de respecter la laïcité québécoise. On le sait, la loi 21, désormais en vigueur, suspend le port de signes religieux pour certains postes d’autorité au sein de la fonction publique, une démarche très minimaliste si l’on prend comme modèle de comparaison la laïcité française. Cette nouvelle loi, récemment adoptée par l’Assemblée nationale du Québec, valorise l’universalisme citoyen et le vivre-ensemble plutôt que le particularisme religieux. Elle contribue à faire la promotion d’un monde commun qui transcende les diverses appartenances religieuses.

Sans surprise, pour les intégristes, il va de soi que cette loi leur est insupportable. Par définition, un intégriste considère son signe religieux ostentatoire comme étant absolument essentiel à son noyau identitaire. Par conséquent, retirer son signe religieux équivaut à la dissolution de son identité, ce qu’il tient à tout prix à éviter. En tout temps, il paradera dans l’espace publique en revêtant son signe religieux, quitte à imposer à tous ses concitoyens ses pratiques religieuses, qu’elles soient modérées ou rigoristes. En contrepartie, la laïcité se donne comme fonction de limiter l’influence du religieux au sein de la fonction publique, d’offrir une neutralité religieuse substantielle et de permettre aux citoyens de recevoir des services laïques.

Évidemment, ce n’est manifestement pas la vision des choses que propose Radio-Canada. Pour le média d’État, le problème ne se trouve nullement au niveau de l’intégrisme religieux mais bien directement au sein de la loi québécoise sur la laïcité. Ne se gênant pas du tout pour prendre position, il nous présente un portrait larmoyant d’une pauvre femme qui en vient à être « chassée » du territoire québécois, au prise avec une loi fondamentalement haineuse et oppressante qui risque de mettre en danger son identité imperméable. Le Québec, société égalitaire et pacifique, serait soudainement devenu un enfer pour les minorités religieuses.

En fonction de ses croyances personnelles, la loi de la laïcité ne convient pas à Amrit Kaur et elle devrait tout simplement être abolie, rien de moins. Comme si ses caprices surplombaient les lois de l’Assemblée nationale. Pire encore, selon elle, en légiférant de cette façon, le programme politique de la Coalition avenir Québec se révèle à être raciste ! Comme si une religion était spécifiquement raciale, ce qui est par définition contreintuitif et absurde. Qu’en est-t-il du blanc hétérosexuel chrétien qui sera affecté par la loi? En quoi sera-t-il victime de racisme? À travers ce témoignage, comment ne pas y voir une flagrante expression d’un intégrisme religieux caractéristique qui refuse toute forme de compromis civique et vit en sécession symbolique avec le peuple ?

Radio-Canada, véhicule officiel du multiculturalisme d’État, se pose clairement en opposition face à la volonté québécoise. Sa vision de la situation est fidèle à la trame narrative du Canada post-national fantasmé par Justin Trudeau. Plutôt que de mettre en lumière un intégrisme acharné qui saute aux yeux, Radio-Canada nous présente une pauvre victime de la laïcité québécoise, telle une véritable martyre, poussée cruellement à l’exil. Tout cela parce qu’elle devrait retirer temporairement son signe religieux ostentatoire durant sa prestation afin d’embrasser la loi des hommes et incarner la neutralité de l’État québécois. Pour un média supposément neutre et objectif, le militantisme multiculturaliste semble drôlement teinter ses lunettes journalistiques.

* Ce texte concerne la première version d’un reportage de Radio-Canada qui, suite à de nombreuses critiques, a été modifié.

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