Pour protéger la frontière, faut-il avoir recours à la préférence nationale ?

François Legault est inquiet face à un éventuel afflux de migrants en provenance des États-Unis. Et il y a de quoi : Donald Trump s’est fait élire, entre autres, sur la promesse d’expulser des migrants en situation irrégulière. Alors, le Québec doit-il attendre qu’Ottawa prenne ses responsabilités, ou doit-il envisager la mise en place de la préférence nationale, comme cela se discute en France ? Voici quelques réflexions sur un enjeu sensible et passionné.


Qu’est-ce que la préférence nationale ?

Le concept de préférence nationale, popularisé par le Rassemblement national en France, consiste à prioriser les citoyens dans l’accès aux services publics tels que le logement social, les allocations et d’autres prestations. Ce principe vise à limiter les avantages accordés aux non-citoyens, souvent jugés disproportionnés.

En France, par exemple :

  • Les familles de migrants ont parfois la priorité sur les citoyens français pour l’attribution de logements sociaux, car le logement est un droit garanti par l’État.
  • Les étudiants étrangers peuvent recevoir des aides au logement de la part des caisses d’allocations familiales.

Ce système attire depuis longtemps des migrants cherchant à améliorer leur condition économique, ce qui engendre des coûts importants pour l’État français.


Le Québec face à une pression migratoire croissante

De manière similaire, le Québec est perçu comme une destination attractive pour les migrants économiques. Sur YouTube, de nombreux influenceurs africains partagent des vidéos expliquant comment tirer parti des aides gouvernementales québécoises.

Si le Québec est généreux, cette générosité est souvent considérée comme acquise, alors qu’elle repose sur des ressources limitées. Pour protéger ses finances et ses services publics, le Québec pourrait envisager de décourager les candidats à l’immigration sans moyens financiers suffisants, en appliquant une forme de préférence nationale.


Appliquer la préférence nationale : quelles mesures concrètes ?

Pour prioriser les citoyens québécois, plusieurs mesures pourraient être envisagées :

  1. Priorité pour les logements sociaux et les places en garderie : Les résidents permanents et citoyens québécois devraient passer avant les migrants en attente de statut.
  2. Facturation des services publics : Les non-résidents devraient payer le coût réel des services qu’ils utilisent, comme :
    • Les centres de la petite enfance (CPE).
    • Les soins de santé, particulièrement pour les femmes enceintes venues accoucher au Québec avant de repartir.

En décembre 2024, La Presse rapportait un manque de 80 millions de dollars à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), en raison de factures impayées par des non-résidents.

Comme le souligne le Dr Nikola Joly, président de l’Association des anesthésiologistes du Québec :

« Le scandale, ce ne sont pas les docteurs. C’est l’hôpital qui ne se fait pas payer et qui donne des soins gratuits à des patients qui devraient payer. Quand on est en situation de déséquilibre budgétaire, il faut regarder ce qui rentre et ce qui sort. »


Réformer les allocations familiales et la fiscalité

Une autre piste pour limiter l’attractivité des aides sociales serait de réformer le système des allocations familiales. Actuellement, ces allocations peuvent devenir un incitatif pour certaines familles migrantes. En contrepartie, le gouvernement québécois pourrait :

  • Favoriser une fiscalité plus avantageuse pour les familles résidantes.
  • Réduire les chèques directs au profit d’un système incitatif basé sur la réduction d’impôts.

Ces mesures nécessiteraient toutefois une réforme en profondeur et un réel débat public.


Le Québec doit-il encore attendre Ottawa ?

Le gouvernement fédéral finance actuellement les soins de santé des demandeurs d’asile. Cependant, ces mesures peuvent aussi être perçues comme des incitatifs supplémentaires pour migrer au Québec. François Legault demande régulièrement à Ottawa de prendre ses responsabilités en matière de gestion des frontières. Pourtant, l’historique montre qu’Ottawa laisse souvent le Québec gérer seul les conséquences.

Alors, pourquoi attendre qu’Ottawa agisse ? Le Québec dispose déjà de plusieurs outils pour protéger ses services publics. La mise en place d’une préférence nationale pourrait être une solution.


Un débat nécessaire pour l’avenir du Québec

La préférence nationale est un sujet sensible, qui peut choquer certains. Mais il est essentiel d’en débattre. Les ressources du Québec ne sont pas infinies, et le gouvernement doit protéger l’accès aux services pour ses résidents.

À minima, des réformes devraient être envisagées pour limiter les abus du système, comme ceux mis en lumière par certains influenceurs sur YouTube. Une discussion franche sur l’avenir des politiques d’immigration et des aides est désormais indispensable.

Le débat est lancé.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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