Ce n’est un secret pour personne, le Québec manque ou manquera bientôt d’électricité. Nous avons cru pendant des décennies que notre hydro-électricité serait là à l’infini pour toujours. Or, force de constater que nous sommes devant l’incertitude quant à notre avenir énergétique. Une des pistes envisagées pour palier à la crise à venir, c’est le nucléaire. Une bonne idée, mais avec certaines conditions. Voici pourquoi.

Le nucléaire n’a jamais vraiment eu bonne presse au Québec. Avant le projet de la Baie-James, Jacques Parizeau était un partisan du nucléaire pour combler les besoins énergétiques du Québec. C’est un fait méconnu sur l’histoire du Parti Québécois. Avec le recul, peut-on dire que d’avoir renoncé au nucléaire était une bonne idée? Non. Certes, la technologie CANDU avait ses problèmes, mais les réacteurs canadiens étaient dans l’ensemble de bonne facture. Plusieurs pays les utilisent encore et sont globalement satisfaits.

Par contre, depuis le temps, et les écologistes oublient de le mentionner, c’est que la recherche fait son travail lentement mais sûrement. Permettant ainsi de toujours développer de meilleures technologies, plus sûres et moins chères. Le Canada est présentement un leader de nouveaux types de réacteurs modulaires qui ne peuvent entrer en fusion ou exploser comme Tchernobyl. D’autres pays comme la France, la Finlande, le Japon et la Corée du Sud travaillent sur de nouvelles technologies qui permettront de démocratiser l’accès à l’énergie nucléaire pour les endroits isolés ou dépourvus d’infrastructures.

Les Russes furent les premiers à déployer des centrales nucléaires flottantes dans certains des endroits les plus isolés du pays. Bien sûr, Greenpeace est vite montée aux barricades pour qualifier ce bateau de « Tchernobyl flottant ». Rien n’empêche le Canada, ou même le Québec (!) de développer ses propres centrales modulaires ou flottantes. Le Québec en ayant renoncé au nucléaire s’est coupé d’un secteur d’avenir qui implique une bonne partie des pays du monde.

Le Québec possède un département de génie nucléaire à Polytechnique. Et puisque nous avons de bonnes relations avec la France, le Japon et la Corée du Sud, nous avons beaucoup de bonnes cartes en main pour faire renaître le nucléaire chez nous, aventure qui n’aura durée que 29 ans. De même, notre Institut de génie nucléaire de l’école Polytechnique, selon une lettre ouverte dans le Devoir, est toujours à la pointe dans la création de logiciels permettant la gestion des centrales, mais serait en péril vu les choix ayant été faits par les gouvernements précédents, les forçant à se réorienter vers d’autres marchés étrangers.

Il faudra donc développer notre industrie avec ce que l’on a déjà. Nous possédons également des gisements d’uranium, qu’il sera probablement nécessaire d’explorer pour s’assurer un approvisionnement sûr et constant de ce minerai autrement exploité dans des pays instables comme le Niger. La France en sait quelque chose. C’est un défi stimulant qui aura ses difficultés. Comme de changer l’opinion publique trop habituée à des émissions alarmistes sur les quelques catastrophes majeures du nucléaire.

Ce qui est ironique, quand nous savons que le nucléaire serait la source d’énergie la moins polluante de toutes. Les explosions sont impressionnantes, mais considérant la quantité de réacteurs dans le monde, et le peu de décès liés à leur exploitation, nous tenons quelque chose qui permettra d’assurer notre avenir énergétique. De plus, il faut considérer que les rivières au Québec qui sont utilisables pour l’hydro-électricité sont déjà largement exploitées. Pierre Fitzgibbon est souvent présenté comme un manipulateur malhonnête, mais il a quand même eu le mérite de remettre sur la table l’importance du nucléaire pour assurer notre indépendance énergétique. À condition d’utiliser cette carte intelligemment.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

Recent Posts

La gauche radio-canadienne souhaite censurer la droite

Marie-Élaine Guay, auteure, poète et chroniqueuse à Radio-Canada, affirmait récemment dans le balado de Fred…

17 heures ago

Dégradation de nos villes : à qui la faute ?

Lorsqu’on se promène dans le centre de quasi n’importe quelle ville au Québec, on est…

19 heures ago

Net zéro d’ici 2050 ? “Ni faisable ni réaliste”, tranche Vaclav Smil

Vaclav Smil, professeur émérite à l’Université du Manitoba et expert reconnu en énergie, remet en…

22 heures ago

Trump au Moyen-Orient : un tour de chapeau géopolitique?

En l'espace de quatre jours, Donald Trump a parcouru le Moyen-Orient comme peu de dirigeants…

22 heures ago

Fuite d’un rapport militaire : les nouvelles recrues quittent massivement les Forces armées

Murrey Brewster (CBC) révèle les lacunes du système de formation militaire canadien, dans un contexte…

1 jour ago

La stratégie tarifaire du gouvernement libéral : une reddition silencieuse face aux États-Unis

Dans un article publié récemment dans le Toronto Sun, Brian Lilley met en lumière une…

1 jour ago