Pourquoi il ne faut pas sous-estimer celui qu’on surnomme Capitaine Canada, Denis Coderre

Denis Coderre, c’est un peu ce mononcle qui a fait fortune à vendre des voitures usagées : il n’est pas spécialement articulé, cultivé, mais c’est quelqu’un d’incroyablement pugnace, qui n’a vraiment aucune gêne d’aller de l’avant. Voici quelques raisons pourquoi nous ne devrions pas sous-estimer Denis Coderre, désormais connu sous le nom de Capitaine Canada.

Denis Coderre a un certain talent politique, comme vient de le montrer son annonce (très prévisible) de se présenter à la chefferie du Parti libéral du Québec. Il réussit à constamment faire parler de lui, et les médias semblent beaucoup l’apprécier. Il sait donner un show. On a beau le trouver arrogant, sans aucune gêne, mais les médias parlent de lui depuis des décennies à chacun de ses coups d’éclat.

Cette fois-ci, c’est parce qu’il dit que l’immigration sera l’avenir de la nation québécoise. Malgré le consensus, la crise du logement n’est selon lui pas causée (même en partie) par le nombre trop élevé de nouveaux arrivants. Peu importe. Il rentre comme un camion dans un magasin de porcelaine. Il fait parler de lui dans un univers médiatique trop souvent habitué aux agences de communication et autres « spin doctors ».

Une autre position que Denis Coderre défend, et cela pourra paraître étonnant, mais il persiste et signe : il appuie la loi 21 sur la laïcité de l’État. Est-ce possible que ce fervent catholique se sente menacé par l’arrivée massive de musulmans pratiquants? Il sera intéressant de le voir défendre cette position dans un parti ayant fait de son opposition à l’interdiction des signes religieux sa marque de commerce.

Pourquoi il ne faut pas sous-estimer Denis Coderre? Justement, car il n’est pas « tuable ». Comme ce mononcle que l’on a tous, qui a fait mille métiers. Vendeur de chars usagés, de balayeuses, représentant pour des compagnies de cigarettes, faussaire, recouvreur de toitures. Il se transforme à mesure que ses options se réduisent, pour constamment se réinventer. Et éviter de couler avec ses mensonges.

Notre monde moderne est plein de ces individus qui ont échappé à la vindicte populaire, justement car ils savent constamment se transformer à chaque fois. Prenez Raël. Après le fiasco du bébé cloné, qui n’était qu’un canular, et son humiliation par le caricaturiste Serge Chapleau à Tout le monde en parle, il s’est métamorphosé en Maître Ya Raël, qui milite pour le panafricanisme. Comme toujours, les vendeurs de chars usagés qui ont réussi savent se transformer quand leur ancien personnage s’est brûlé.

Denis Coderre est de ceux-là. Il sait survivre dans un univers politique sclérosé depuis des décennies. Il n’a pas de talent particulier pour haranguer les foules. Il n’est ni séduisant ni charismatique. Mais pourtant, on le voit partout. Car il a la force de caractère de ce mononcle qui ne laisse rien ni personne l’empêcher de prendre ce qu’il veut.

Peu importe qu’il ait fait un AVC. Peu importe qu’il ait perdu deux élections municipales à Montréal. Peu importe ses problèmes familiaux. Il saura toujours se réinventer. Pourquoi ne pas se transformer en bon catholique pratiquant, qui a fait parler de lui à son passage à l’émission La victoire de l’amour? Pourquoi ne pas parler de Compostelle?

Tout comme que le contexte actuel, avec la possible tenue d’un référendum sur l’indépendance dans les prochaines années, lui donne assez de carburant pour devenir rien de moins qu’un « super-héros » : Capitaine Canada! Il s’est déjà dit en mission pour « sauver » le Canada de la menace que ferait peser les « séparatistes ». Parions que les prochaines années seront divertissantes avec ce « héros » nouveau genre. Il n’a pas de cape ni de collants, mais il a bien des mots d’esprit absurdes pour défendre l’unifolié.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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