Les choses ne vont pas bien pour la CAQ et François Legault. Encore impliqué dans un autre scandale, cette fois-ci sur le contournement du BAPE pour le projet Northvolt, François Legault qu’on a déjà décrit comme le Premier ministre le plus populaire de l’histoire du Québec moderne, doit regarder avec anxiété sa propre perte de contrôle sur la machine. Mais ce dont on parle moins, c’est aussi la situation délicate dans laquelle se trouve Québec Solidaire. Voyons voir pourquoi ces deux pourraient bien presque disparaître en 2026.
Il ne faut jamais sous-estimer un parti politique. C’est arrivé avec l’appui populaire à Éric Duhaime, qui bien que cela ne se soit pas manifesté par un nombre conséquent de députés, Duhaime a acquis une légitimité démocratique. Quant à Paul St-Pierre Plamondon, il a réussi à ressusciter son parti que tout le monde annonçait la disparition prochaine. Mais on peut pas en dire autant pour la CAQ et QS.
La CAQ, l’équipe François Legault, a obtenu 89 sièges à l’Assemblée Nationale. C’est le score le plus élevé depuis les années 70. Pour une victoire aussi éclatante, il faut remonter aux libéraux de Robert Bourassa. Le plus surprenant, c’est qu’il ait obtenu une telle victoire malgré sa gestion calamiteuse et autoritaire de la pandémie. Mais puisque les Québécois veulent donner une chance au coureur de façon générale dans la vie, ils ont estimé que Legault n’avait pas pu réaliser son agenda à cause de la Covid-19 et qu’il fallait lui donner une deuxième chance.
Or, ce mandat est absolument catastrophique. On peut déjà bien sûr parler du « BS corporatif » qui vise à donner de l’argent public à des projets douteux, qui perdent des milliards sans retour sur l’investissement. Parfois, on croirait presque à une corruption généralisée. Quand des amis du pouvoir obtiennent des contrats alors qu’ils sont incapables de livrer la marchandise. Parlez à votre entourage. « Mononcle » Legault était apprécié malgré ses bourdes. Mais ce n’est plus le cas. Lui et ses ministres semblent fatigués, amorphes. Ils multiplient les scandales, et rien n’est fait pour régler les problèmes les plus urgents, à part d’augmenter le nombre de fonctionnaires, de couper les services en place ou bien d’empêcher la cession de bail.
On dit qu’il ne faut pas se fier à des sondages, surtout quand les élections seront en 2026, c’est à dire encore deux longues années. Mais la profondeur du mécontentement face à l’équipe François Legault (c’est le nom de son parti au directeur général des élections) est telle qu’il est peu problable qu’ils puissent remonter la pente. Le PQ est animé par une équipe de 4 députés certes, mais motivé. Et il est probable qu’ils aient le choix des meilleurs candidats pour la prochaine campagne électorale. De plus, le PQ a toujours été champion dans le financement populaire, l’adhésion avec les cartes de membre, et c’est le deuxième parti chez les jeunes, une force électorale à ne plus négliger. Les milléniaux ayant dépassé récemment en nombre les boomers au Canada.
Mais ce dont on parle moins, c’est que la situation est aussi critique pour Québec Solidaire. Ce parti est maintenant majeur, ayant célébré récemment ses 18 ans. Mais quand on étudie la tendance des nouveaux partis à prendre le pouvoir, il faut en général 8 à 10 ans. Or, QS a 18 ans et stagne avec une douzaine de députés. La CAQ a eu besoin d’un peu moins d’une dizaine d’années pour prendre le pouvoir, et le PQ de René Lévesque a eu besoin de 8 ans pour renverser le gouvernement Bourassa.
QS doit constamment gérer les conflits de personnalité de ses députés, administrateurs, membres et militants. Les vieux gauchistes de la tendance marxiste-léniniste, la matrice idéologique du parti, ont du mal avec le style Nadeau-Dubois, qui vise à rendre le parti plus présentable à la classe moyenne. Quant aux tendances indigénistes et décoloniales, ils considèrent le parti comme ayant un grave problème de « racisme systémique ». Ainsi, Nadeau-Dubois a pris un sacré coup de vieux à gérer l’impossible dans son parti. Il ressemble à un vieux politicien de carrière comme Denis Coderre. Fatigué mais qui insiste toujours à rester malgré le désamour de la population.
QS doit présentement gérer la remontée du Parti Québécois, et ainsi se positionner comme un parti indépendantiste. Ruba Ghazal est envoyée dans les régions pour présenter la vision de son parti sur la question. On a du mal à croire à la sincérité des militants. Ceux-ci qui rejettent massivement le projet indépendantiste à plus de 65%.
Seul l’avenir nous dira ce qu’il en a été du destin de François Legault et de Gabriel Nadeau-Dubois, mais en histoire, il faut savoir lire les tendances lourdes. Une défaite historique pour ces deux partis se profile à l’horizon. Si Bock-Côté a dit que nous vivions la fin d’un cycle à la fin des années 2000, c’est à dire de l’axe souverainiste-fédéraliste, nous pouvons maintenant dire que nous vivons la fin de l’alternance « gauche-droite » et de l’autonomisme québécois. Pour revenir aux fondamentaux du clivage politique québécois depuis la révolte des patriotes.
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