Le Québec possède l’un des meilleurs réservoirs de gaz naturel au monde. Pourtant, il paie deux milliards de dollars chaque année pour l’importer de l’Ouest canadien et des États-Unis.
Ce serait certainement l’une des décisions les plus faciles à prendre pour un gouvernement soucieux de son économie, d’autant plus à l’ère du COVID où de lourds déficits s’accumuleront pendant des années. Ce n’est pas le cas.
Après avoir promis de faire du Québec une province riche une fois pour toutes en produisant ses propres ressources, le premier ministre François Legault s’est retiré dès que les ONG vertes lui ont reproché de ne pas accorder suffisamment d’attention à l’environnement – même si le sujet n’a jamais été au cœur de sa campagne gagnante en 2018 et que la population québécoise répète sondage après sondage qu’elle devrait produire sa propre énergie.
Nous en sommes donc arrivés là : pour un gouvernement qui se concentre sur l’économie, il est préférable de perdre 4 milliards de dollars dans les 15 prochaines années que de s’exposer à un cycle médiatique négatif de 48 heures.
Pourquoi en sommes-nous là ? Il y a trois raisons à mon avis.
Ce n’est un secret pour personne que les Québécois se considèrent comme une société distincte. Dans son expression politique, cette différence a été présentée comme une société distincte au sein du Canada. Sur le plan social, le Québec a toujours voulu être perçu comme un État progressiste, plus généreux, plus égalitaire et certainement plus vert. Cela n’a bien sûr rien à voir avec la réalité.
Bien qu’ils aient été des centaines de milliers à marcher aux côtés de Greta Thurnberg, les Québécois achètent de plus en plus de VUS et comptent parmi les pires recycleurs du pays.
La deuxième raison est que le Québec n’a pas de culture des hydrocarbures. Essayez de vous voir en train de vendre des lignes électriques dans les cours des gens à Calgary, et vous comprendrez. Ils s’y opposeront très certainement et vous diront que cette chose leur donnera le cancer du cerveau.
Les ONG commencent ici avec un avantage lorsqu’elles critiquent l’industrie. Et je connais personnellement de nombreux membres du gouvernement et chefs d’entreprise qui se réfèrent toujours à Energir pour toutes les questions liées aux technologies de production de gaz, même si ce n’est qu’un distributeur. Il est alors presque impossible d’atteindre l’acceptabilité sociale sans passer des années à la pédagogie et au débat public.
La troisième raison est l’affreuse couverture médiatique du secteur de l’énergie. À ce sujet, je dirais qu’il y a deux sortes de journalistes au Québec : ceux qui ne savent rien et ceux qui détestent ça. Aucun d’entre eux n’a jamais lu les rapports du GIEC, mais ils ne sont pas près de laisser passer la meilleure histoire qui soit : la fin du monde. Ils ne vont certainement pas laisser les faits interférer avec une si belle histoire. Il leur est tout simplement impossible d’écrire que le gaz est la clé de la réduction des émissions, ou que l’alarmisme conduit à de mauvaises politiques, comme le montre l’échec récent des objectifs de l’accord de Paris.
Ainsi, en passant de l’opposition au gouvernement, le parti du Premier ministre Legault s’est vu rappeler qu’un gouvernement respectable ne peut pas autoriser la production locale de gaz naturel. Mais cela pourrait changer très bientôt. M. Legault rêvait de devenir le premier ministre de l’économie. Il sera le premier ministre des pandémies.
L’époque où il dépensait généreusement les excédents hérités de l’ancien gouvernement est révolue. On estime que le déficit du Québec se situera entre 10 et 15 milliards de dollars dans le prochain budget, et personne ne sait pendant combien de temps le gouvernement affichera des chiffres rouges. Il en va de même pour les villes locales, où le salon de coiffure et l’épicerie locale ont du mal à rester ouverts. Ou encore avec les agriculteurs, qui paient trop cher le gaz importé ou qui sont totalement dépendants du propane en provenance du Canada.
Aux avantages économiques, nous devons maintenant ajouter la sécurité énergétique, qui est une évidence. En ce qui concerne l’environnement, une étude montre que la production de gaz naturel local avec une technologie à zéro émission signifierait 300 % d’émissions en moins que l’importation de la totalité du gaz.
Les choses vont-elles donc changer ? Heureusement, le gouvernement n’est pas le seul à pouvoir décider maintenant. Il est terrible de voir des politiciens refuser de prendre le leadership en matière de ressources naturelles, mais les personnes qui ont besoin de gaz naturel local au Québec – grandes industries, fabricants, agriculteurs, villes et Premières nations – pourraient bientôt lui rappeler que des millions et des milliards de dollars valent probablement une mauvaise presse pour quelques jours.
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