Pourquoi le service militaire obligatoire a encore sa place aujourd’hui

Dans un monde en mutation rapide, où la jeunesse semble parfois en perte de repères, le service militaire obligatoire demeure un outil puissant de cohésion, de discipline et de transmission de valeurs fondamentales. Des pays comme la Suisse ou Israël, pourtant très différents sur les plans culturels et géopolitiques, ont su tirer profit de cette institution pour renforcer leur sentiment d’unité nationale. Alors, pourquoi tant de réticence ici à aborder cette idée sans tomber dans la caricature ?

Il ne s’agit pas ici de rêver à une armée omniprésente, ni de nourrir un fantasme autoritaire. Le service militaire obligatoire, quand bien encadré, peut être l’un des rares lieux encore capables de mélanger les classes sociales, les origines ethniques, les langues, les régions. Dans une époque où les gens vivent dans des bulles idéologiques hermétiques, ce brassage a une valeur inestimable.

Prenons Israël. Un pays jeune, avec une société marquée par des défis constants en matière de sécurité et de cohésion. Là-bas, le service militaire est vu comme un devoir citoyen. Il forge une conscience politique, mais surtout une solidarité. On apprend à dépendre les uns des autres, à travailler ensemble pour un but commun. Même les élites passent par là.

Résultat ? Un lien social plus fort, et une jeunesse qui, en général, connaît mieux ses talents et ses capacités que certains de nos diplômés de cégep qui militent pour des toilettes non genrées mais ne savent pas plier une carte du Québec.

D’ailleurs, cela assimile à la nation des immigrants provenant de différents pays, en plus de leur apprendre la langue, l’histoire, la culture du pays. Sans compter les avantages d’avoir une armée de conscrits à la fois masculins et féminins. Renforçant l’égalité entre les hommes et les femmes.

La Suisse, quant à elle, n’est pas confrontée à des tensions particulières avec ses voisins. Mais elle a compris que la paix n’est jamais acquise. En combinant un service militaire obligatoire avec une milice bien organisée, le pays maintient un état de préparation et un sens du devoir civique qui manque cruellement ailleurs. Chaque citoyen suisse connaît les bases de la défense de son territoire, mais surtout, développe un attachement profond à celui-ci.

On parle souvent ici de jeunes désengagés, accros à TikTok, en quête d’identité. Or, que fait le service militaire, sinon donner un cadre, une discipline, une mission ? On y apprend la ponctualité, le respect de la hiérarchie, l’esprit d’équipe. Des choses banales ? Peut-être. Mais ô combien essentielles dans un monde où l’on confond liberté et absence de responsabilité.

Les critiques diront que cela n’a pas sa place dans une société moderne. Pourtant, à bien des égards, ce sont justement nos sociétés dites modernes qui sont en train de s’effondrer de l’intérieur, faute d’un projet commun. On parle de vivre-ensemble, mais le lien de base – celui entre le citoyen et la nation – est en train de disparaître. Le service militaire pourrait justement servir de pont. Pas pour militariser la société, mais pour réapprendre à faire partie d’un tout.

Et cela ne veut pas dire que tout le monde doive apprendre à tirer. En Suisse, le modèle est flexible. Il existe aussi des services civils alternatifs. Ce n’est donc pas une question de forcer les pacifistes à prendre les armes. C’est une question de donner à chacun un espace où il contribue à l’effort collectif, à l’image du Québec où l’on parle beaucoup de solidarité, mais où l’on agit de moins en moins.

En temps de crise – qu’elle soit économique, sociale ou liée aux catastrophes naturelles – la résilience collective prime. Et cette résilience, elle se bâtit. Pas avec des j’aime, ni des hashtags. Mais avec de l’engagement réel.

Le service militaire, ou à tout le moins un service civique obligatoire, pourrait bien être l’un des seuls projets politiques réellement unificateurs du XXIe siècle. Et dans un Québec et un Canada où l’identité nationale s’effrite et où le sentiment d’appartenance faiblit, il est peut-être temps de regarder ce que font les autres. Pas pour copier bêtement. Mais pour s’en inspirer intelligemment.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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