Dans une précédente chronique, nous avons évoqué les questions géopolitiques des Jeux olympiques. De même qu’effleurer le sujet de la sécurité. Mais si vous le voulez bien, poursuivons la réflexion. Les Jeux olympiques sont un puits sans fond depuis toujours, et ils le resteront. Voici pourquoi.

Des milliards de dollars dépensés à chaque édition, des infrastructures médiocres qui pourriront dans l’indifférence mondiale après deux semaines de jeux et des villes aux prises avec des dettes, voilà en gros le bilan que chaque endroit ayant accueilli l’événement fait à chaque fois. On dit que l’imbécillité est de toujours répéter la même erreur en espérant un résultat différent. C’est ce qui arrive avec les grandes villes en manque d’attention quand elles organisent cette grande messe du sport mondiale.

Déjà, les Jeux de Montréal en 1976 sont un cas d’école. Le Québec était alors à son sommet après des années de croissance économique. Cependant, le stade n’a pu être terminé avant le début des Jeux. On n’a par la suite jamais su trop quoi faire avec le celui-ci. Combien de fois a-t-on espéré lui trouver une autre vocation? La sage du toit du stade est aussi légendaire que les idées pour le démolir.

Maintenant, imaginez toutes les histoires liées aux différentes infrastructures laissées à l’abandon suite à ces deux semaines de festivité. À Rio, Sotchi, Pékin… la liste serait longue. Mais ce que l’on sait, c’est que les gouvernements sont de plus en plus frileux à l’idée de les accueillir. C’est généralement très mal reçu par les habitants des villes concernées, en plus de les mettre sous pression pendant les années nécessaires aux travaux.

À Paris cette année, on a demandé à des personnes âgées de se charger de la sécurité. L’organisation tient largement sur le travail bénévole, et les villes au final ne voient pas la couleur de cet argent. Les vrais bénéficiaires sont les médias, les entreprises de sécurité, les marques de boissons gazeuses. Les Jeux font fuir les touristes.

Pour quoi faire au final? Les Jeux profiteront à leurs commanditaires, qui trouveront les moyens de rentabiliser leurs investissements, mais aussi aux dictatures qui en profiteront pour mettre de l’avant la soi-disant supériorité de leur régime face à l’Occident démocratique. Pour des pays tels que la Russie, la Chine ou la Corée du Nord, les Jeux sont une occasion de briller là où ils ont autrement bien du mal à paraître sous un jour favorable.

Le fait que les dictatures souhaitent conserver le modèle en dit long sur son insoutenabilité. Les dictatures n’hésiteront pas à engager des sommes pharaoniques pour impressionner. Souvenons-nous des Jeux de Pékin en 2008. Une consécration à des décennies de développement en Chine. C’était l’occasion pour le Parti communiste chinois de montrer au monde sa nouvelle puissance.

Mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Les effets spéciaux, les mouvements de foule n’arrivent plus à nous impressionner, à une époque où tout le contenu produit sur terre est disponible en temps réel. C’était bien quand il n’y avait que les Jeux pendant l’été ou la rigueur de l’hiver. On pourrait presque faire un parallèle entre « du pain et des jeux » sous l’Empire romain et les Jeux olympiques modernes à ce niveau.

Un divertissement pour les masses qui est une affaire de gros sous pour les médias et les annonceurs. Comme un vendeur de voitures usagées, ils se fichent bien que les villes aient les moyens de payer. Ils pourront toujours refiler la facture aux citoyens. Comme l’ont fait Montréal ou Athènes. L’imbécillité c’est de répéter toujours la même erreur en espérant un résultat différent. Mais c’est nous en réalité les dindons de la farce.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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