Les médias canadiens, avec CBC/Radio-Canada en tête, sont majoritairement des organes de propagande de l’establishment Libéral. Ils ont décidé de brandir l’épouvantail Donald Trump pour tenter d’occulter 9 ans et demi de gouvernance Libérale médiocre et mal avisée. Si on se fie aux sondages agrégés, la stratégie semble fonctionner auprès d’une portion volatile de l’électorat (potentiellement surreprésentée). Dans un contexte tendu (et en pleine campagne électorale), nous gagnerions à ramener la conjoncture commerciale à une analyse posée afin d’apaiser les esprits.
D’abord, la crise commerciale:
Donald Trump a déclenché une guerre commerciale en réponse à ce qu’il considère depuis des décennies comme un traitement inéquitable envers les États-Unis. Il veut réindustrialiser les USA et rendre le commerce international « équitable ». Il a exprimé son mécontentement face à ce qu’il perçoit comme un déséquilibre commercial dès les années 1980 et 1990, bien avant sa carrière politique. En avril 1988, à l’émission d’Oprah Winfrey, Trump déplorait que les alliés des États-Unis ne payaient pas leur juste part.
Les médias présentent les droits de douane imposés par Trump comme étant « punitifs » sans expliquer qu’ils sont essentiellement réciproques. Les États-Unis ont les barrières commerciales les plus faibles parmi les pays du G20, comme l’indique le BofA Research Investment Committee, avec des données tirées de la Banque mondiale. Au-delà du tarif douanier imposé par un gouvernement sur les importations, il y a les barrières non tarifaires, qui regroupent toutes les règles, réglementations ou politiques qui rendent l’importation plus difficile ou plus coûteuse, par exemple des quotas ou réglementations techniques. Depuis les années 1990, les pays ont de plus en plus souvent recours à ces barrières non tarifaires pour protéger leurs marchés, car elles sont plus subtiles et difficiles à repérer.
Les analystes de nos médias focalisent sur les volte-face de Trump au sujet de l’application de tarifs pour alimenter leur dénigrement du personnage, qu’ils veulent présenter comme instable et fou. Il n’est cependant pas inhabituel qu’un parti change plusieurs fois d’approche ou de stratégie en temps de guerre ou de négociations, parfois subitement. Trump s’inspire de L’Art de la guerre de Sun Tzu, un traité stratégique chinois qui enseigne comment vaincre l’ennemi par la ruse, l’adaptation et la connaissance de soi autant que de l’adversaire (c’est son livre de chevet). Il y a des critiques recevables à formuler à l’endroit de son approche commerciale, mais lui, est bien conscient de ce qu’il fait. Il applique des solutions qu’il espère vont améliorer la situation commerciale de son pays.
Bien que Donald Trump puisse être un allié relativement à certaines causes sociales comme la lutte contre le wokisme, ou dans le combat contre les institutions supranationales, il ne joue pas pour l’équipe Canada dans ce bras de fer commercial. Il est d’ailleurs un adversaire redoutable, mais pas un ennemi pour autant. C’est un peu comme si on se retrouvait à jouer une partie de poker contre la personne qui était par ailleurs notre partenaire de bridge.
Contexte électoral:
Les médias alimentent l’hystérie. Ils présentent la crise tarifaire comme une calamité dont seul Mark Carney pourrait nous sauver, nourrissant du même coup une aversion envers Trump que l’électeur pourra exprimer dans l’isoloir. Comme si l’élection canadienne devenait, par transfert, l’occasion de voter contre Trump et de lui infliger une défaite, avec toute la satisfaction que cela peut inspirer à ceux qui le détestent. Jamais l’analyse politique n’a été autant réduite à l’émotion primaire.
On vante la « compétence économique et la stabilité » de Carney pour le peindre comme l’homme de la situation. Son parcours dans la finance internationale et son rôle dans des institutions prestigieuses comme la Banque d’Angleterre lui confèrent une expertise économique et une crédibilité mondiale que Pierre Poilievre ne peut pas revendiquer. Soit, mais tant qu’à tout ramener à Trump: ce parcours est-il vraiment un atout aux yeux du président américain, qui n’a pas poursuivi d’études supérieures après avoir obtenu son baccalauréat en économie? Pierre Poilievre non plus n’a pas poursuivi d’études supérieures après l’obtention d’un baccalauréat, en relations internationales dans son cas.
Trump semble peu attaché à l’idée d’une formation approfondie ou théorique, et n’a jamais mis en avant l’importance des études supérieures pour elles-mêmes. Il a plutôt exprimé de la méfiance envers les institutions académiques élitistes. Si on considère son mépris pour les institutions globalistes, il est difficile d’entrevoir une sympathie hors de l’ordinaire pour un banquier de l’écosystème mondialiste qui s’opposait au Brexit, qui a été envoyé spécial des Nations Unies pour l’action climatique, et qui a dirigé des initiatives ESG chez Brookfield Asset Management. Carney avait implicitement critiqué le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris par Trump en 2017. Les priorités de Carney vont à l’encontre des positions de Trump.
Pourquoi est-ce pertinent? Parce que Donald Trump a tendance à personnaliser sa politique. Il peut se montrer plus indulgent ou conciliant envers ceux avec qui il parvient à s’entendre relativement bien. Avec un Premier Ministre comme Stephen Harper en poste, Trump n’aurait jamais eu une attitude aussi cavalière envers le Canada. Mark Carney ne lui inspire peut-être pas le même mépris qu’un professeur de théâtre woke devenu chef d’état à cause de son nom de famille, mais il est difficile de croire qu’il serait aussi bien disposé qu’envers Javier Milei ou Viktor Orbán.
On me fera remarquer que Trump a récemment tenu des propos sévères envers Poilievre et complaisants envers Carney. Le trolling avec poker face n’est pas exclu – Trump en est manifestement capable.
[Parenthèse: il va de soi que compte tenu de ses doléances commerciales, Trump préférerait négocier avec quelqu’un qui veut se débarrasser de la gestion de l’offre, en l’occurrence Maxime Bernier, mais dans le monde du possible et du réel il s’agit d’une course à deux.]
Le champ de bataille électoral québécois:
Au Québec, les sondages agrégés suggèrent un attrait prononcé pour Mark Carney chez une partie des électeurs du Bloc Québécois, et en moindre proportion chez ceux du NPD. Le Bloc Québécois, qui était au 1er rang des intentions de vote depuis le mois de janvier 2024, atteignant jusqu’à 35%, est tombé en deuxième place avec 24%. De ses 34 sièges à la dissolution, il pourrait n’en conserver que 19.
Parallèlement, les appuis au Parti conservateur ont peu oscillé. D’après les projections en date du 9 avril 2025, les Conservateurs pourraient faire élire 12 députés dans la province, soit 2 de plus qu’en 2021.
L’effondrement du vote bloquiste permettrait au PLC de faire élire 46 députés, soit 13 de plus qu’à la dissolution (ce qui n’aide pas le PCC à être le parti qui obtient le plus de sièges en tout). Les projections se sont littéralement inversées avec celles du Bloc il y a seulement 3 mois. Force est de constater que les vases communicants sont les électorats Bloc/PLC/NPD (l’historique du vote des circonscriptions l’avaient déjà confirmé). Moins le Bloc est fort, et plus le PLC remporte de sièges au Québec – ce qui en dit long sur l’analphabétisme politique d’un segment de l’électorat.
Pour conclure avec optimisme, l’effet Carney est possiblement surévalué dans les sondages. Si réel, il est survenu assez tôt pour qu’on puisse espérer un essoufflement d’ici deux semaines. Un électorat aussi volatile peut très facilement changer à nouveau d’allégeance. On gagnera à rappeler le bilan désastreux d’une décennie de gouvernement Libéral, et de mettre en garde contre les conséquences d’une quatrième administration Libérale, qui n’aurait de différent des précédentes que son chef. On peut aussi rappeler à nos concitoyens qui se lèvent la nuit pour haïr Trump que le président américain ne figure pas sur nos bulletins de vote. Peu importe le résultat de l’élection du 28 avril, Trump restera en poste jusqu’en janvier 2029.
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