Québec Solidaire jouera son avenir d’ici 2026

Il est de bon ton de s’attaquer aux propositions parfois hypocrites ou farfelues de Québec Solidaire. Cependant, on oublie souvent qu’un parti est un être dynamique, qu’il peut croître ou à l’inverse mourir. Le parti fondé en 2006 par des éléments de gauche radicale et le milieu communautaire a eu sa majorité cette année. Mais survivra-t-il pour atteindre ses 25 ans? Ou même ses 20 ans? Quelques pistes pour réfléchir à l’avenir plus qu’incertain de ce parti.

Le « parti de la jeunesse », rien de moins! C’est comme ça que s’est présenté Québec Solidaire avec son image urbaine et branchée qui touche une partie de la jeunesse des centres. Pour ça, ils ont mis en vente des bas à 20$ la paire, comme dans une boutique du Plateau. Sinon, on a eu droit à de grands discours dans des microbrasseries fréquentées par les universitaires. Mais un parti qui mise sur la jeunesse en 2024 manque de vision.

Avec la démographie d’une société vieillissante en plus du fait que les « jeunes » ne le sont pas éternellement, Québec Solidaire stagne pour attirer de nouveaux publics. La génération « carré rouge » travaille, épargne, fonde des familles ou sinon essaie de s’en sortir en affrontant l’inflation. La génération Z quant à elle doit affronter des problèmes immédiats qui demandent beaucoup d’énergie. Ils subissent de plein fouet la crise du logement et étudier à Montréal est plus que jamais un privilège réservé à de moins en moins de gens.

Les revendications de QS sonnent faux dans un tel contexte. Comment soutenir l’immigration massive pendant que l’on demande toujours plus de logements sociaux de l’autre côté de la bouche? Si l’immigration n’est pas la seule cause à la crise du logement, c’est franchement mal placé de la part de ce parti de s’improviser comme pompier alors qu’il contribue à mettre le feu. C’est justement par ces incohérences que Québec Solidaire a perdu énormément de sa crédibilité.

De l’autre côté, si sa base militante est vieillissante, le parti provoque la colère de ses éléments les plus radicaux. L’extrême gauche est insatisfaite du virage « politiquement propre » du parti sous Gabriel Nadeau-Dubois. Dans les années 2000, on parlait de Québec Solidaire comme étant un parti des « urnes et de la rue ». Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. L’ère de l’altermondialisme est derrière nous. Le parti a joué la « game » des élections, avec des agences de communication. Ce qui a contribué à la colère de plusieurs membres issus du militantisme « de terrain ».

Et pour en revenir aux tergiversations du parti sur d’autres questions, parlons de l’éléphant dans la pièce : l’indépendance. Si le parti se considère officiellement comme indépendantiste, une majorité des électeurs du parti ne veulent rien savoir de fonder un pays. Les députés quant à eux défendent l’indépendance non pas comme une fin en soi, mais comme l’élément qui va aider à leur projet d’une société « solidaire ».

Ainsi, on se retrouve régulièrement devant des discours gênants de Gabriel Nadeau-Dubois ou Ruba Ghazal nous parler qu’ils n’embarquent pas dans le « ressentiment » du PQ, ou bien quand ils dénoncent les travers du « nationalisme identitaire ». Ils parlent beaucoup des dangers des « identitaires », mais rarement des raisons pourquoi ils sont indépendantistes. Ou bien la fin de non-recevoir quant à la main tendue du Parti Québécois, et de son chef, Paul St-Pierre Plamondon?

Tellement de questions face à un parti qui échoue à être transparent sur son fonctionnement opaque. De même que ses positions contradictoires à vouloir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas demander plus de logements sociaux si justement on ne réduit pas le nombre d’immigrants, surtout les travailleurs temporaires. Ses positions sur l’indépendance ne sont pas claires plus de 18 ans après leur fondation. Quant à la démographie, les éléments jouent en défaveur de QS. Le tiers des électeurs du parti veulent se tourner vers le PQ de Paul St-Pierre Plamondon. Celui-ci attire les foules dans les universités, alors que QS a du mal à rassembler des partisans dans des cafés. Aveu d’échec? 2026 sera l’année de tous les dangers pour les solidaires. Ils devront raffiner leur discours, être plus honnêtes, et peut-être même gagner en modestie, mais ça regarde mal. Bonne chance pour les élections.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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