Cet été, nous avons entendu parler bien peu de Québec Solidaire. Normalement, ce parti de gauche radicale est le poil à gratter de l’Assemblée nationale. Mais là, ils sont tout simplement absents. Le PQ a continué de marquer des points, quant à la CAQ, elle sombre toujours un peu plus dans les abysses. L’automne 2024 sera-t-il celui de Québec Solidaire. Rien n’est moins sûr. Le parti jouera son avenir.
Ruba Ghazal se sent coincée. Elle sait que le Parti Québécois, dirigé par Paul St-Pierre Plamondon, a le vent dans les voiles. Et qu’il a réussi à consolider ses appuis. Quant aux libéraux, la course à la chefferie promet quelques moments intéressants. Plusieurs candidats sont déjà en lice, et la présence d’un individu aussi particulier que Denis Coderre garantit un bon show.
Celle-ci, dans une entrevue datée du 16 août, celle-ci affirme « QS aussi, on veut faire parler de nous, lance Mme Ghazal. Je ne pense pas que s’il n’y a pas de course, on va passer sous le radar. Ça dépend de ce qu’on met de l’avant, insiste-t-elle. » Oui, en effet, c’est bien joli tout ça, mais ne sent-on pas un certain désespoir de se battre constamment contre des moulins à vent?
L’affaire, c’est qu’une course au très barbare titre de « co-porte-parole féminin », c’est aussi excitant que de réinventer le pain tranché. Il est probable que le parti reste dans l’ombre des trois autres présents à l’Assemblée nationale. Les libéraux auront à choisir un nouveau chef, dans une course qui promet d’être intéressante. Quant à la CAQ, le bateau s’enfonce toujours plus profondément dans les abysses. Le Parti Québécois prépare sûrement quelques bons coups cet automne qui feront jaser.
Dans un tel contexte, qu’est-ce qu’il reste à Québec Solidaire? À quelque part, nous pouvons comprendre la volonté de Gabriel Nadeau-Dubois de « déradicaliser » le parti, du moins officiellement. Lorsque des militants se pointent en assemblée pour dénoncer la « magie noire » et le « patrimoine », qui devrait être remplacé par le « matrimoine », on a du mal à considérer ces gens comme capables de diriger l’avenir du Québec.
Les défis sont immenses : comment assurer l’indépendance énergétique du Québec, tout en maintenant la pérennité du service public qu’est Hydro-Québec? Comment réagir face à un Canada qui se sépare un plus symboliquement chaque jour du Québec, par son modèle radical de multiculturalisme? Québec Solidaire est en ce moment incapable de répondre à ces questions fondamentales. À la place, on préfère parler des toilettes non genrées. Ou bien de s’embourber dans les contradictions.
QS souhaite que l’on trouve des solutions à la crise du logement. Un noble objectif. Mais il refuse de dire que l’immigration actuelle, dans les volumes imposés par Ottawa et le Conseil du patronat, joue un rôle majeur dans l’exacerbation de la crise. Peu importe, les partis aux idées socialistes sont rarement dans l’appréciation du réel. Pour eux, l’économie c’est comme un jeu vidéo. On n’a qu’à augmenter les impôts des « plus riches » pour tout régler.
Tout comme on peut tout nationaliser ou rendre tout gratuit. Bien sûr, ce n’est pas ça le programme de QS. Même si certains collectifs, comme les groupes trotskystes, militent pour le socialisme au sein du parti. Une belle coalition en somme. Le parti jouera son avenir cet automne.
Est-il possible de rebondir après un printemps si difficile? Ou le parti disparaîtra dans l’indifférence générale, incluant celle des militants de la gauche radicale? C’est possible. Les appels à l’exil se sont multipliés chez les militants qui ont donné du temps et de l’argent à Québec Solidaire. Mais pour aller où? Dans un parti anonyme, un collectif queer antiraciste? Seul le temps nous le dira.
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