Québec Solidaire a le don de provoquer les passions. Ce parti né d’une coalition entre la gauche socialiste et communautaire ne peut que dans les prochaines années stagner, jusqu’à une inévitable fusion avec les libéraux pour reprendre le pouvoir. Ce scénario pourrait choquer à première vue, notamment les principaux concernés. Mais faisons une expérience de pensée. Qui pourrait s’avérer devenir un jour la réalité.
Depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition Avenir Québec en 2018, les solidaires et les libéraux partagent les mêmes circonscriptions ou sont en rivalité pour plusieurs d’entre elles. Les « qsistes » raflent les circonscriptions urbaines, gentrifiées, habitées par des professionnels ou des étudiants. On pense notamment à Hochelaga ou Sherbrooke. Alors que les circonscriptions libérales sont très majoritairement celles qui concentrent l’électorat dit « allophone ».
Pourtant, sous la pression démographique, il est probable que certaines circonscriptions solidaires passent un jour aux libéraux. C’est Balarama Holness qui le dit. Que c’est une question de deux générations pour que les changements démographiques donnent la victoire à ceux-ci en région. En ville, cela sera bien plus tôt.
De plus, les « qsistes » et les libéraux sont fondamentalement d’accord sur la plupart des dossiers relatifs à la diversité et la laïcité. On sait que plus de la moitié des électeurs de Québec Solidaire sont contre l’indépendance. Et que cette question est âprement débattue en assemblée. L’indépendance obtient ainsi le soutien d’une faible majorité des délégués dans les congrès et autres assemblées du parti. Il est donc raisonnable de croire que ce n’est qu’une question de temps pour que l’hypocrisie sur la question nationale finisse par tomber.
Quant à la question économique, il y a en effet un clivage entre les solidaires et les libéraux. Mais quand on y pense bien, le discours solidaire est séduisant pour des jeunes qui n’ont pas de responsabilités, qui ne paient pas d’impôts. Lorsque ceux-ci deviendront propriétaires, il est possible que plusieurs mettent de l’eau dans leur vin dans leurs revendications économiques. De plus, l’électorat cible de Québec Solidaire est celui des jeunes professionnels urbains. Donc un électorat qui n’a ultimement pas intérêt à une forte redistribution de la richesse.
De toute façon, Québec Solidaire joue sur les deux tableaux en militant à la fois contre la crise du logement, et pour hausser considérablement les seuils d’immigration, comme s’il n’y avait aucune corrélation entre immigration et crise du logement. De plus, la proposition des solidaires lors des dernières élections de financer l’achat de maison avec un rabais de 25% s’adresse à une clientèle déjà en possibilité d’acheter, car ayant accès au crédit. Ce qui n’est pas le cas des personnes démunies que prétend aider le parti.
À une certaine époque, si Duplessis a pu rester au pouvoir aussi longtemps, c’était grâce au fait que l’opposition était très divisée. Et qu’il a fallu une union entre les syndicalistes, les intellectuels et les capitalistes urbains pour renverser le quasi-monopole unioniste. C’est probablement ce qui arrivera aux libéraux. Ils devront s’unir aux solidaires pour espérer prendre le pouvoir sur la CAQ, qui vit comme dans le temps de l’Union Nationale une situation confortable assurée par les régions.
Québec Solidaire continuera de mettre de l’eau dans son vin pour se présenter comme un parti crédible, s’aliénant ainsi le soutien de l’aile gauche ou féministe plus radicale du parti. Et pendant ce temps, les libéraux feront appel aux bas instincts de l’électorat « allophone » et ultra fédéraliste pour se venger d’un Québec bleu trop tricoté serré à leur goût. Ces deux partis n’ont que des intérêts convergents à moyen ou long terme de s’unir et de former une coalition rouge orange pour renverser les bleus.
C’est Alexandre Cormier-Denis qui fut l’un des premiers au Québec à prédire que Gabriel Nadeau-Dubois sera un jour chef du Parti libéral du Québec. Les paris sont maintenant ouverts. Nous, pendant ce temps, nous devons assurer l’avenir de la nation en appuyant les partis bleus et les pousser davantage vers plus de nationalisme.
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