Réseaux sociaux chez les jeunes : pourquoi ne pas agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard?

Paul St-Pierre Plamondon a alerté il y a quelque temps sur le danger des réseaux sociaux chez les jeunes. Il a proposé que l’école doive donner l’exemple en restreignant l’accès à ceux-ci. Il n’a pas fallu quelques heures avant que les tenants de la liberté dénoncent cette mesure digne d’un régime communiste. Et si en réalité, il ne fallait pas justement agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard?

Partout dans le monde, il se produit une grande quantité d’études, de recherches, d’essais et de documentaires concernant l’effet des écrans chez les gens, et tout particulièrement les enfants. En France, est sorti il y a quelques années un essai qui a fait grand bruit « La fabrique du crétin digital ». Partout en Occident, on constate une baisse de l’attention, une augmentation des problèmes de vision et une baisse du quotient intellectuel chez les nouvelles générations.

De même, les dirigeants de la Silicon Valley envoient leurs enfants dans des écoles où il n’y a pas d’écrans. Sont-ils plus au courant que nous des dangers potentiels des écrans sur le développement des enfants? Cela n’a rien de surprenant. Les écrans permettent l’accès instantané à des informations qu’il fallait faire l’effort de rechercher il n’y pas si longtemps. L’effort n’est plus requis de nos jours pour rédiger ses devoirs, ses travaux ou encore se divertir.

La commission jeunesse de la coalition avenir Québec souhaite interdire aux personnes âgées de moins de 16 ans l’accès aux réseaux sociaux. François Legault parle quant à lui de « pushers virtuels ». Ainsi, si cela devait être adopté, le Québec serait encore plus sévère que la France et la Floride, qui permettent les réseaux sociaux à partir de 14 ans. Mais il est peu probable que cela soit fait à court ou moyen terme.

Cela étant dit, la classique question des libertés individuelles se confrontera à celle du bien être collectif. Peut-on vraiment laisser faire les réseaux sociaux comme actuellement, en sachant très bien que cela nuira à long terme au bien être de notre société? Les enfants qui ont actuellement des troubles du comportement à cause de leur dépendance aux écrans deviendront grands, et seront hypothéqués possiblement pour la vie. Ceux-ci ne pourront pas apprendre aussi facilement que leurs aînés. Ni travailler de la même façon.

Sans parler des conséquences de l’inactivité physique sur le long terme. Tous ces ingrédients mis ensemble sont une bombe à retardement pour les générations futures. Cela est déjà vrai pour les étudiants du cégep ou de l’université. Les critères doivent constamment revus à la baisse pour permettre au plus grand nombre de passer leurs examens. Sinon, l’enseignement supérieur ferait échouer une bonne partie de sa clientèle. Ce qui est ni pratique d’un point de vue financier, ni pour la réputation des universités qui sont obsédées par le rendement dans les classements internationaux.

Est-ce qu’il y aurait d’autres façons de prendre le taureau par les cornes? Cela est difficile à dire. Le problème est tellement grave et profondément enraciné qu’il faut des mesures radicales pour permettre aux jeunes de se sevrer de la dopamine sécrétée par leur cerveau à force d’utiliser Instagram, Tik Tok, Snapchat. La dopamine donne un sentiment de bonheur, mais à trop grosses doses, cela désensibilise. On doit vivre toujours plus intensément pour être à nouveau satisfait. C’est une roue sans fin.

Comme société, nous aurions aimé que les choses soient plus faciles. Mais nous ne vivons pas dans une époque facile. À l’heure où il y a un sérieux manque d’autorité parentale, le gouvernement doit donner l’exemple. Malgré ce qu’en pensent les partisans pour la « liberté », une société même démocratique ne peut pas laisser les gens faire tout n’importe comment. Surtout si cela joue sur le bien être collectif à long terme et que nous connaissons les effets négatifs des écrans sur les jeunes.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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