Rien de trop beau : de 114 000 à 142 500$ par année pour un directeur de la diversité et de l’inclusion au Centre national des arts!

Qui a dit que les « sciences molles » et les arts menaient inévitablement à la précarité? Au regard de la dernière offre d’emploi du Centre national des arts du Canada, c’est à croire qu’il y a moyen de sérieusement s’enrichir dans le domaine! En autant d’adhérer au dogme diversitaire et inclusif, évidemment. En effet, l’institution située à Ottawa et financée par le fédéral qui « s’auto-identifie » en tant que « carrefour des arts de la scène multidisciplinaire et bilingue » recherche en ce moment une « directrice ou directeur de la diversité et de l’inclusion » dont le salaire proposé se chiffre entre les 114 000 et 142 500$! Rien de moins!

Évidemment, si vous êtes un homme – comme dans la majorité des emplois en sciences sociales en 2024, d’ailleurs – il faudra probablement modérer votre enthousiasme. Le CNA recherche « activement des candidatures de femmes, de personnes autochtones, noires et de couleur, de membres des communautés 2ELGBTQIA+ et de personnes en situation de handicap. » On ajoute cependant que « l’auto-identification est encouragée dans le cadre du processus de recrutement », alors reste à voir si vous pouvez vous auto-identifier en tant que minorité trans-raciale ou quelque chose du genre… Qui sait!

Une visite rapide du site web de l’institution ne laisse aucun doute sur le wokisme en phase terminale de cet espace multidisciplinaire qui offre des pièces de théâtres, des concerts et des évènements culturels. En fait, on se demande carrément s’ils ont réellement besoin d’une directrice de la diversité et de l’inclusion, car ils semblent déjà se débrouiller à merveille.

D’entrée de jeu, le CNA tient à « reconnaître ses privilèges » avec cette mention placée un peu partout sur le site : « Nous reconnaissons que le Centre national des Arts est situé sur le territoire non cédé de la Nation Anishinabe Algonquine. Nous rendons hommage à la Nation, en qui nous voyons la gardienne du passé, du présent et de l’avenir de ce territoire.«

Ensuite, si on se dirige dans la section « à propos », on remarque rapidement que toute « la vision » et les axes de leur plan stratégique 2023-2026 sont essentiellement une régurgitation des mêmes thèmes DEI qu’on entend partout à s’en rendre malades : « Conçu pour nourrir les imaginaires sur la scène et au-delà, le Centre national des Arts du Canada fait équipe avec des artistes et des organisations de partout au pays pour revitaliser le secteur. L’équité, la diversité, l’inclusion, l’accessibilité, la lutte contre le racisme et la réconciliation avec les peuples autochtones jalonnent notre parcours et éclairent nos actions. »

Plus loin, on voit évidemment que les trois plans d’actions qui structurent cette vision sont la création d’une culture inclusive et anti-raciste, la création d’une culture accessible pour les personnes handicapées et un plan d’action en matière de durabilité environnementale.

En bref, l’ensemble du site est complètement imprégné de verbiage woke et de signalements de vertu. Il semble difficile de trouver une seule phrase qui ne soit pas, d’une manière ou d’une autre, une reformulation de ces idées prémâchées. À un certain stade, l’exercice s’apparente à une réinvention infinie de la roue ; il y a bien une limite à trouver des manières différentes d’exprimer qu’on va appliquer les normes d’équité, de diversité et d’inclusion…

Mais apparemment, ils ont besoin d’engager quelqu’un avec un salaire dépassant les 100 000$ pour trouver de nouvelles manières de formuler les mêmes idées – ou peut-être policer les nouvelles embauches et s’assurer de l’application du dogme auprès des relations humaines?

Qui a dit que la situation économique était difficile au Canada? Apparemment, il n’y a jamais rien de trop beau pour cette nouvelle caste de technocrates postmodernistes grassement payés pour étouffer tout ce qui se rapproche de près ou de loin à quelque chose de blanc, masculin et hétérosexuel. Telles sont les nouvelles priorités en 2024 ; faire pulluler ce genre de commissaires politiques dans tous les corps de métiers et s’imaginer que leur expertise vaut le salaire moyen d’un ingénieur ou d’un dentiste… va savoir.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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