D’après un article de Matt Brown et Michelle L. Price publié par Associated Press sur CTV News le 9 juillet 2025
L’ancien médecin de la Maison-Blanche, Dr Kevin O’Connor, s’est retrouvé mercredi au cœur d’une tempête politique à Washington. Convoqué devant la commission de la Chambre des représentants menée par les Républicains pour témoigner sur l’état de santé de l’ex-président Joe Biden durant son mandat, le Dr O’Connor a choisi de garder le silence, invoquant le secret médical et son droit constitutionnel à ne pas s’incriminer, selon le cinquième amendement.
David Schertler, avocat de l’ancien médecin présidentiel, a précisé que son client refusait de briser le serment de confidentialité qui le lie à ses patients, et ce malgré les pressions du président de la commission, le républicain James Comer. Il a aussi évoqué l’existence d’une enquête criminelle en cours, pilotée par la procureure générale Pam Bondi, sur l’usage controversé de l’autopen — un dispositif permettant la signature automatisée de documents — par le président Biden, pour justifier le silence du Dr O’Connor.
James Comer, quant à lui, ne décolère pas. Selon lui, le refus de coopérer de l’ancien médecin « prouve qu’il y a eu conspiration ». Il affirme que « le peuple américain exige de la transparence », tout en laissant entendre que l’enquête pourrait mettre au jour des actes graves si elle démontre que Joe Biden n’était pas apte à gouverner durant certains moments de son mandat.
L’un des éléments déclencheurs de cette investigation est justement l’usage de l’autopen pour la signature de décisions présidentielles. Les Républicains remettent en cause la légitimité de certaines actions exécutives prises durant le mandat de Biden, si ce dernier était effectivement « mentalement inapte » au moment des faits. Biden a qualifié ces accusations d’« absurdes et mensongères ».
Dans sa lettre de convocation, Comer a rejeté l’idée que l’éthique médicale de l’American Medical Association (AMA) puisse primer sur une injonction légale, arguant que le code de l’AMA ne constitue pas une loi fédérale. Il a soutenu que la commission dispose du pouvoir nécessaire pour contraindre un médecin à révéler certaines informations médicales dans le cadre d’une procédure officielle.
Le Dr O’Connor n’est pas le seul visé par l’enquête. L’ex-conseiller en politique intérieure Neera Tanden a déjà témoigné volontairement. Par ailleurs, des convocations ont été envoyées à une douzaine d’anciens proches collaborateurs de Joe Biden, parmi lesquels Ron Klain et Jeff Zients, tous deux anciens chefs de cabinet, Mike Donilon et Anita Dunn, anciens conseillers principaux, ainsi que plusieurs membres du personnel de la première dame Jill Biden, dont Anthony Bernal.
Fait notable : l’administration Trump aurait, selon l’article, levé l’executive privilege (le privilège exécutif), qui protège habituellement les communications entre un président et ses collaborateurs, permettant ainsi à ces témoins de s’exprimer librement sur leurs échanges avec Biden.
Cette affaire illustre une fois de plus la polarisation extrême de la scène politique américaine. Alors que les Républicains cherchent à fragiliser encore davantage la figure de l’ancien président démocrate à l’approche de la présidentielle de 2026, l’équipe de Biden dénonce une « chasse aux sorcières » fondée sur des spéculations infondées. Reste à voir ce que révélera le rapport final que promet la commission de James Comer.



