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Sommes-nous à l’abri du terrorisme chez nous?

Depuis plus d’un mois maintenant, les appels à la violence se multiplient contre la communauté juive du Québec. Des balles ont été tirées sur deux écoles juives de Montréal, des prédicateurs islamistes tels qu’Adil Charkaoui font des appels au meurtre contre les « sionistes », des violences communautaires éclatent à Concordia et le Royaume-Uni met en garde ses citoyens qui voyagent au Canada. Cela nous fait poser la question : sommes-nous à l’abri du terrorisme chez nous? Chronique d’une époque troublée et dangereuse.

Le 28 octobre dernier, Adil Charkaoui, prédicateur islamiste radical ayant un passé des plus sulfureux tout en ayant toujours réussi à conserver sa liberté, et même à obtenir un permis d’arme à feu, a déclaré devant une foule galvanisée en arabe : « Allah, charge-toi de ces agresseurs sionistes. Allah, charge-toi des ennemis du peuple de Gaza. Allah, recense-les tous, puis extermine-les. Et n’épargne aucun d’entre eux ! »

Évidemment, nous ne pouvons demeurer indifférents face à de tels propos, au Québec, dans une société démocratique et sécuritaire. Le prédicateur fait les manchettes depuis une vingtaine d’années. Accusé d’être au départ un « agent dormant » d’Al-Qaeda, il est soupçonné d’être derrière le recrutement et l’envoi de jeunes djihadistes québécois en Syrie, recrutés au Collège Maisonneuve. Qu’un tel individu soit toujours en liberté dépasse l’entendement.

Mais Adil Charkaoui n’est que la pointe immergée de l’iceberg. Deux écoles juives de Montréal ont reçu des tirs durant la nuit de mercredi à jeudi. Les tireurs courent toujours. Dans ce contexte, il est légitime de se demander si l’Occident n’est pas victime de l’importation du conflit au Proche-Orient, entre d’un côté une communauté juive se sentant assiégée, et de l’autre côté, une communauté musulmane grandissante qui manifeste dans les rues des grandes villes françaises, américaines, québécoises et canadiennes depuis plus d’un mois maintenant.

Après, nous avons vu des images peu surprenantes, mais toujours décevantes d’affrontements à l’Université Concordia entre militants propalestiniens et militants pro-israéliens. Une militante propalestienne a été arrêtée. Des injures racistes ont été proférées contre les juifs présents sur place. Une autre petite remarque sur cette situation dérangeante. Comme l’a soulevée Gilles Proulx dans une récente chronique du Journal de Montréal concernant la manifestation en soutien à Israël, il est déplorable que les manifestants aient uniquement recours ou presque à l’anglais. Jamais au français. Comme si le français était expulsé symboliquement une fois de plus. Concordia n’a pas fait exception à la règle de l’expulsion du français de la vie publique montréalaise.

Malgré toutes ces nouvelles, le plus préoccupant, c’est l’annonce faite par le gouvernement du Royaume-Uni, par le biais de ses avertissements aux voyageurs britanniques, d’être prudents face au risque « très probable » d’attentats au Canada. Justin Trudeau a refusé de commenter les propos du ministère des affaires étrangères britannique. Ce qui est curieux, c’est que normalement, les deux pays entretiennent une très bonne relation et cela n’aurait pas été fait à la légère.

Il est dommage qu’encore une fois, les Québécois soient obligés de gérer l’importation d’un conflit au Proche-Orient. Certains de nos concitoyens sont maintenant menacés dans leur intégrité, alors qu’ils n’ont rien à voir avec la guerre entre Israël et le Hamas. Trudeau pourra toujours ouvrir les portes à plus d’immigration de réfugiés palestiniens, il ne fera qu’amplifier le problème de la radicalisation de certaines communautés culturelles. C’est le serpent qui se mord la queue. À force de devenir une mosaïque culturelle, nous importons les conflits du monde entier, de l’Inde à la Palestine, en passant par la Chine et le Pakistan.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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