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Sommes-nous au début d’un nouveau cycle politique pour le Québec?

En 2012, Mathieu Bock-Côté sortait l’essai Fin de cycle, Aux origines du malaise politique québécois. Il expliquait en gros que l’on vivait la fin du classique clivage indépendance-fédéralisme dans la vie politique québécoise, pour s’intéresser davantage aux questions de gouvernance, d’économie. En gros, des questions répondues par la « gauche » et la « droite ». Il s’est passé 12 ans depuis. Marie France Bazzo évoque elle aussi la « fin de quelque chose » concernant notre époque il y a quelques jours. Doit-on parler du début d’un nouveau cycle politique pour le Québec? C’est ce que nous allons voir.

2012, c’est l’année du « printemps érable ». Un mouvement étudiant massif s’oppose au dégel des frais de scolarité par les libéraux de Jean Charest. Ce moment sera essentiel pour comprendre la décennie qui va suivre. Si le mouvement est au départ marqué par la gauche radicale, elle va rapidement émerger un « contre-mouvement », celui des « carrés verts ». Animés par une idéologie parfois libertarienne, ils sont à l’origine, avec les « carrés rouges », de la politisation de la génération Y.

C’est aussi l’année de la victoire minoritaire du Parti Québécois sous Pauline Marois. Un attentat planifié par un anglophone extrémiste tuera une personne et en blessera une autre. La tension est à son comble. Nous assistons lentement mais sûrement au déclin de l’option indépendantiste. Pour laisser la place aux « vraies affaires », un terme populaire de l’époque.

Les libéraux reviendront deux ans plus tard au pouvoir, cette fois-ci en étant majoritaires. Il faut dire que le poing levé de Pierre Karl Péladeau n’a pas aidé la cause de Pauline Marois. Et la charte des valeurs créera des tensions sociales, qui demeureront pendant plusieurs années. Les libéraux s’affaireront à augmenter massivement l’immigration, au motif officiel de la « pénurie de main-d’œuvre ». Même si nous savons que cela cache aussi des objectifs politiques.

Après quatre années interminables sous le mandat de Philippe Couillard, il sera finalement défait par François Legault et sa coalition avenir Québec. La CAQ tentera lors de son premier mandat de redonner un souffle nationaliste au Québec avec la loi 21, sur la laïcité de l’État, mais aussi sa réforme de la loi 101, la loi 96. Après de nombreux reculs sur les projets initiaux, la CAQ se contente désormais de gérer le Québec comme une PME. De façon comptable en donnant des subventions à des entreprises qu’ils espèrent vont faire augmenter la croissance.

François Legault est parfois comparé à Maurice Duplessis. Les deux en effet ont créé leur parti sur les ruines d’un clivage politique dépassé, et les deux ont en commun d’être autonomistes, sans vouloir l’indépendance. La différence fondamentale entre les deux, c’est que Duplessis a quand même réussi à aller chercher des gains pour le Québec, ce qui n’est pas le cas de notre premier ministre actuel.

Si Mathieu Bock-Côté en 2012 parlait d’une fin de cycle, de celle de l’axe souverainiste-fédéraliste, Marie France Bazzo évoque dans les réponses qu’elle a reçues du public que plusieurs veulent remettre l’indépendance de l’avant. L’un des seuls noms de politiciens évoqués est celui de Paul St-Pierre Plamondon.

Est-il possible que nous vivions présentement le début d’un nouveau cycle? Là où la question de l’indépendance revient de l’avant? Il faut dire que la « troisième voie » caquiste a vite démontré ses lacunes pour satisfaire les envies autonomistes du Québec. À l’inverse, la réponse fédéraliste prend lentement forme. Le camp du non se reforme lentement avec des gens tels que Frédéric Bérard, ou encore les animateurs de la radio de Québec. Il ne fait aucun doute que les prochaines années seront excitantes. Car il faudra un jour trancher pour de bon : soit le Québec devient un pays, soit il signe la constitution canadienne. Rester entre les deux chaises n’est pas une option que l’on peut garder perpétuellement.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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