J’écoutais ces derniers jours des vidéos dans ce nouveau format mémétique qui consiste à demander des images d’un film ou d’un jeu vidéo dans un style particulier des années 80 – tels que « dark fantasy », « Horror » ou « sitcom » – à une intelligence artificielle. Les résultats sont ahurissants ; on découvre par exemple des films pourtant très connus, mais avec de tout nouveaux visages, de nouveaux costumes et dans un traitement d’image différent. On s’imagine réellement qu’il s’agit d’images de vieux films des années 70-80.
Au-delà de la blague, la chose m’a fait réfléchir aux possibilités ahurissantes que cela représente.
Imaginez simplement ceci : vous vous installez confortablement face à votre ordinateur et demandez à une intelligence artificielle de vous créer un film de A à Z, jusqu’au moindre détail que vous pouvez lui préciser.
Par exemple, vous pourriez demander « un film historique réaliste d’environ une heure et demie se déroulant lors de l’effondrement de l’âge du bronze en Mésopotamie dans le style de Galdiateur ou Royaume des Cieux de Ridley Scott. » et quelques minutes plus tard voilà ; votre film serait prêt.
Vous avez apprécié un roman et aimeriez voir une adaptation en film? Demandez-en une à votre IA!
Vous êtes un fan fini mais êtes lassés de réécouter les mêmes films? Demandez simplement un nouveau Seigneur des Anneaux, qui suit d’autres personnages et une histoire en parallèle mais respecte fidèlement le style des versions originales. Allez jusqu’à demander à voir les intrigues ayant mené à certaines scènes, etc.
Vous n’êtes jamais rassasié d’un sitcom et êtes passé au travers des saisons? Demandez une nouvelle saison, tout simplement.
Théoriquement, la chose serait possible. Il faudrait alors qu’un seul utilisateur individuel puisse générer quelques dizaines de milliers d’images (pour former une vidéo d’au minimum 24 images seconde), un scénario, un mix audio et que la continuité visuelle, sonore et narrative de l’intelligence artificielle soit à point. Après cela, l’imagination de l’utilisateur serait la seule limite.
Au vu du développement technologique des dernières années, avec l’avènement de l’ordinateur, d’internet et des téléphones intelligents, il n’est pas irréaliste du tout d’envisager que ces conditions soient réunies d’ici la fin de la décennie.
Il existe d’ailleurs déjà, dans une forme très rudimentaire qui rend le tout hilarant, une diffusion 24/7 d’un sitcom modélisé en 3D qui utilise chatGPT pour faire parler ses personnages! Se voulant une interprétation numérique de Seinfeld, il est possible d’écouter « éternellement » des histoires et des blagues maladroites produites par l’intelligence artificielle.
Maintenant, imaginez la même chose pour un jeu vidéo. Il est déjà possible de créer des palettes complètes de visuels pour des jeux en 2d ; ajoutez-y le codage, la modélisation et le son et encore une fois, la chose est théoriquement possible, quoique plus complexe qu’une simple vidéo. Il sera probablement possible, admettons, de demander un Assassin’s Creed qui se déroule entièrement dans la ville de Québec pendant le XIXe siècle, ou bien, finalement, un GTA VI… Bref, l’heure du média « entièrement sur mesure » est probablement plus près de nous qu’on le croit.
Je ne sais pas si vous saisissez l’impact que ça aura sur la société. On ne parle plus seulement de l’exode de l’auditoire de la télé vers internet! On ne parle même plus de la wokisation d’Hollywood ou de l’épidémie de films de super-héros dont se désolent les légendes du milieu. On parle d’un dispersement culturel où toute création serait profondément subjective et individuelle, où il n’existerait plus d’œuvres communes à partager. Une société où l’individu pourrait se perdre dans une richesse culturelle infinie que personne d’autre ne verra jamais. Une solitude absolue, perdue dans les neurones froides d’un ordinateur. Un monde où même les acteurs n’existeraient pas en dehors de leurs apparitions épiphaniques au gré des commandes algorithmiques… Une simulation de culture, en somme.
Bref, on s’inquiète aujourd’hui des jeunes ou des professionnels qui utiliseraient ChatGPT dans leur travail, de la possible disparition de certains métiers, etc. Étrangement, n’est-ce pas encore plus terrifiant de penser qu’un jour, on pourrait écouter un film en sachant que personne d’autre ne pourrait jamais le voir, en sachant qu’on serait toujours seul dans notre tête à posséder cet imaginaire? À ce stade, la limite entre le réel et le fictif deviendrait floue, et l’enfermement progressif des individus dans leurs simulations personnelles nous entraînerait lentement mais sûrement vers un scénario à La Matrice.
Quitte à n’avoir aucune culture commune avec nos semblables, aussi bien s’enfermer dans une capsule et se connecter à temps plein à nos simulations… Et être nourris de grillons par tube. Et nous serons heureux.
Bon, c’est un peu dramatique, mais ça vaut la peine de se pencher là-dessus.
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