Donald Trump annonce l’imposition de tarifs douaniers sur les produits canadiens si aucune entente n’est conclue sur la protection de la frontière. La réponse canadienne, totalement désorganisée, se fait en ordre dispersé : un gouvernement fédéral absent, des provinces aux intérêts divergents, et un chef du NPD qui propose de maintenir la catastrophe libérale en place. Que faut-il comprendre de la réponse canadienne aux tarifs ?

Justin Trudeau a beau avoir annoncé sa démission, cela ne l’empêche pas de continuer à occuper le poste de premier ministre jusqu’à l’élection d’un nouveau chef pour le Parti libéral. Il est désormais absent, et ses rares interventions consistent à annoncer l’octroi de subventions à des entreprises déjà milliardaires – ce que l’on appelle vulgairement du BS corporatif.

Le Parlement pourrait rouvrir, mais il est prorogé jusqu’en mars. Le chef du NPD se contredit en affirmant un jour qu’il soutiendra les libéraux le temps de la tempête qui s’abat sur le Canada, et le lendemain, qu’il y aura des élections ce printemps, quoi qu’il arrive. Si nous nous trouvons actuellement dans une situation aussi préoccupante, avec des centaines de milliers d’emplois en péril et un dollar en chute libre, c’est bien à cause des libéraux.

La sécurité de la frontière canadienne a été négligée pendant des années pour des raisons idéologiques. Le chemin Roxham en est le parfait exemple. Mais dans des régions frontalières comme l’Estrie, on observe une circulation importante de drogues, d’armes et de migrants clandestins. Le problème est réel, mais puisque Trudeau n’a pas souhaité renforcer les contrôles à la frontière, voilà que Donald Trump prend les devants pour s’attaquer à la situation.

Bien sûr, des tarifs de 25 % sont très élevés, mais face à une menace exceptionnelle, il faut une réponse exceptionnelle. Or, le Canada ne semble pas avoir de plan clair, si ce n’est de confier la gestion de la crise à des figures de l’ancien régime, comme Jean Charest, qui s’est recyclé en grand diplomate et stratège politique. Jean Chrétien serait lui aussi impliqué dans le dossier. Difficile d’être inspiré par de tels choix pour défendre nos intérêts.

Au-delà des querelles partisanes, les différentes provinces envisagent de prendre leurs propres mesures en réponse aux tarifs douaniers annoncés. On parle de boycotter les États-Unis ou de limiter la vente de sirop d’érable. Mais si le véritable problème se trouvait ailleurs ? Il faut de la diplomatie à ce stade, et des négociateurs qui ne soient pas liés aux décisions ayant mené à la crise actuelle.

C’est pourquoi des élections s’imposent. Les libéraux n’ont plus la légitimité pour négocier quoi que ce soit – pas plus qu’on ne confierait une intervention à un pyromane pour éteindre un incendie. Les conservateurs doivent prendre le relais et, avec l’appui du Bloc québécois, négocier comme des adultes. Il ne s’agit pas de blâmer les États-Unis pour l’échec du gouvernement canadien à sécuriser sa frontière, mais bien de redresser la situation avec sérieux et pragmatisme.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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