Le Niger, un État fragile de l’Afrique de l’Ouest, est actuellement le théâtre d’une tentative de coup d’État qui a déclenché une impasse entre les forces en présence. En effet, des membres de la Garde présidentielle ont détenu le Président Mohamed Bazoum à l’intérieur de son palais dans la capitale Niamey. Cette situation préoccupante a suscité des réactions de condamnation à l’échelle mondiale et mis en alerte la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ainsi que l’Union africaine (UA), qui ont qualifié cet événement de « tentative de coup d’État ».
Face à cette situation, la CEDEAO a appelé les comploteurs à libérer le Président Bazoum, tandis que l’UA a exhorté les soldats impliqués à retourner immédiatement dans leurs casernes. Toutefois, malgré la détention du Président, le compte Twitter officiel de la présidence a rassuré en déclarant que Bazoum et sa famille étaient en sécurité. Selon ce compte, les gardes auraient participé à une « démonstration anti-républicaine » et auraient tenté, en vain, d’obtenir le soutien des autres forces de sécurité.
La situation est délicate, avec le palais présidentiel et les ministères avoisinants bloqués par des véhicules militaires. Le personnel du palais se voit également empêché d’accéder à leurs bureaux. Néanmoins, le calme semble régner dans d’autres quartiers de Niamey. Malgré les tensions, le Président Bazoum refuse de céder aux demandes des comploteurs et de renoncer au pouvoir. Le gouvernement du Niger a prévenu que l’armée nationale serait prête à intervenir contre les gardes s’ils ne revenaient pas à la raison.
Alors que des négociations étaient en cours entre le camp de Bazoum et les leaders de la garde présidentielle, les raisons profondes de cette révolte demeurent floues. Cependant, certains analystes évoquent l’augmentation du coût de la vie et le mécontentement populaire face à la perception d’incompétence et de corruption du gouvernement comme des facteurs possibles ayant motivé l’action des gardes.
Nous devons toutefois replacer cet événement dans le contexte régional, car depuis 2020, les pays voisins du Niger, le Mali et le Burkina Faso, ont été le théâtre de plusieurs prises de pouvoir militaires. Ces coups d’État ont été en partie alimentés par la frustration causée par l’incapacité des autorités à endiguer la rébellion qui sévit dans la région du Sahel. Le Niger n’a pas été épargné par ces troubles, avec une tentative de coup d’État déjouée en mars 2021, alors qu’un groupe militaire avait essayé de s’emparer du palais présidentiel peu de temps avant l’investiture du nouveau Président élu, Mohamed Bazoum.
Une prise de pouvoir militaire dans cette ancienne colonie française pourrait compliquer davantage les efforts déployés par les pays occidentaux pour aider la région à lutter contre la rébellion qui s’est propagée depuis le Mali ces dernières années. En effet, le Niger est perçu comme un allié essentiel dans la lutte contre l’insécurité croissante dans la région du Sahel, et les pays occidentaux ont investi d’importantes ressources financières et sécuritaires dans ce pays.
Malgré l’afflux d’aide internationale, le Niger reste économiquement et socialement fragile, ce qui le rend vulnérable à de tels bouleversements politiques. Pour éviter une escalade de la situation, les acteurs internationaux devront surveiller de près l’évolution des événements au Niger et soutiennent les institutions démocratiques du pays. En favorisant le dialogue et en encourageant la stabilité régionale, ils pourront contribuer à prévenir de nouvelles tentatives de coup d’État et à renforcer la sécurité dans la région du Sahel, tout en préservant les relations avec ce pays clé dans la lutte contre l’immigration irrégulière en provenance d’Afrique subsaharienne.
Le Canada, en tant que pays engagé dans les affaires internationales et défenseur des valeurs démocratiques, a également des intérêts dans la situation au Niger. Bien que ce pays ne soit pas un partenaire commercial majeur pour le Canada, la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel revêtent une importance stratégique pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, le Niger est perçu comme un acteur clé dans la lutte contre l’insécurité croissante dans la région. Les groupes terroristes actifs au Sahel menacent la stabilité des pays voisins, et une détérioration de la situation au Niger pourrait entraîner des répercussions sur la sécurité régionale. Le Canada, étant lui-même engagé dans la lutte contre le terrorisme international, a tout intérêt à soutenir les efforts visant à prévenir l’instabilité dans cette partie du continent africain.
Ensuite, le Niger est confronté à des défis économiques et sociaux majeurs, notamment une augmentation du coût de la vie, la pauvreté et la corruption gouvernementale. Ces facteurs peuvent contribuer à alimenter des tensions sociales et politiques susceptibles de conduire à des crises, telles que la tentative de coup d’État actuelle. Le Canada, en tant que partenaire du développement et de l’aide humanitaire, pourrait jouer un rôle dans la promotion de la stabilité économique et sociale au Niger, ce qui contribuerait à atténuer les causes profondes des troubles politiques.
Enfin, la région du Sahel est également une source importante de migrations irrégulières vers l’Europe, y compris le Canada. L’instabilité politique et la pauvreté peuvent pousser certains individus à chercher une vie meilleure ailleurs, et cela peut inclure des migrations vers les pays occidentaux. Pour le Canada, il est essentiel de collaborer avec les pays de la région pour s’attaquer aux causes profondes de l’immigration irrégulière et promouvoir des solutions durables. Or, ce n’est pas en s’engageant dans une culture multiculturaliste « bar open » pour toutes les misères du monde qu’il y parviendra. Le problème ne devrait pas se régler ici, mais sur place.
Dans l’ensemble, la stabilité et la sécurité cette partie houleuse du monde ont des implications régionales et internationales, et le Canada a tout à fait intérêt à soutenir les efforts visant à maintenir l’ordre démocratique dans ce pays et à promouvoir le développement socio-économique, surtout dans un contexte de concurrence diplomatique et une compétition du commerce international En travaillant en collaboration avec d’autres acteurs internationaux, il faudrait contribuer à prévenir de nouvelles tentatives de coup d’État et à renforcer la sécurité dans la région du Sahel, tout en protégeant ses propres intérêts en matière de sécurité et de migration. Ce n’est pas en insistant à faire venir les réfugiés que la situation s’améliorera. Les mouvances de migrants passant par la Méditerranée ne cesseront pas aussi longtemps que les crises politiques et que les infrastructures seront délabrées. Il vaut mieux prévenir que guérir.
La croissance économique du Niger allait atteindre 6,5 % en 2022 puis 7,2 % en 2023 grâce à l’agriculture selon les perspectives économiques de la Banque africaine de développement. Cette année, par ailleurs, le Niger devrait commencer à exporter du pétrole brut. Le pipeline Niger-Bénin devrait multiplier par sept la capacité d’exportation de pétrole du pays, grâce à une croissance de la production estimée à 86,2 % en 2023, selon le FMI. Il sera à même de transporter 4,5 millions de tonnes chaque année, soit l’équivalent de 35 millions de barils. Il sera très alléchant pour les terroristes, les bandits, les chefs tribaux de déstabiliser cette région. Auront-ils les moyens de se défendre et rendre leur économie et l’avenir de leur pays viable?
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