Tout ça pour ça? 3 années gaspillées pour la Chine et un virus de retour

Après les images des plus surprenantes de manifestations en Chine, qui demandaient la levée des confinements draconiens, voici maintenant un autre défi de taille pour le Parti-État. En effet, depuis la levée totale des confinements probablement suite aux manifestations critiques à l’égard du régime, le pays est confronté à une flambée jamais vue des cas de contamination parmi la population. Une situation chaotique sur place est visible sur les réseaux sociaux chinois. Des crématoriums qui ne fournissent pas à la demande, et de nombreuses personnes désireuses de quitter le pays, parfois pour de bon. Décryptage.

En octobre dernier, se tenait le congrès du Parti communiste chinois. Ce qui était pour Xi Jinping une formalité pour confirmer son troisième mandat. S’il a voulu se montrer l’homme fort de la situation pour affronter la pandémie, allant jusqu’à purger l’ancien dirigeant Hu Jintao, il s’est montré anormalement discret en temps de crise majeure. Ce qui était un ras-le-bol face aux mesures sanitaires s’est transformé en crise de légitimité profonde et probablement irréversible.

Les Chinois ont subi pendant trois années des confinements durant parfois plusieurs mois d’affilée. Sans pouvoir sortir de chez eux. Certains étant même morts de faim car l’approvisionnement en nourriture n’a pas été assurée de façon équitable dans toutes les villes concernées. La seule ‘’sortie’’ qui permettait de se dégourdir les jambes fut de se faire tester plusieurs fois par semaine, avec des centaines d’autres personnes faisant la file. Les malchanceux, parfois ceux habitant le même immeuble qu’un cas confirmé, étaient envoyés dans un camp de quarantaine manquant d’eau, de nourriture et d’hygiène. Pourquoi au final?

Beaucoup en ont eu marre et sont sortis dans la rue pour demander la fin de ce délire du Parti qu’il n’y ait aucun cas positif, et ce à n’importe quel prix. Affrontements avec la police, voitures renversées, appel à la démocratie. Un parfum de Tiananmen flottait dans l’air. Le gouvernement a décidé que c’était le temps de lever la pédale. Le virus se transmettait à un point tel que même avec un confinement strict, toute la population aurait fini par être contaminée de toute façon.

En trois ans, nous avons vu les images impressionnantes des foules allant se faire tester passivement par des employés en combinaisons blanches et des gens criants de leur appartement pour demander de sortir. Après, nous avons eu un aperçu de manifestations spectaculaires, inédites depuis le printemps 1989. Et là, c’est maintenant des milliers de cadavres dans des sacs, dans des conteneurs frigorifiques loués pour l’occasion, les morgues étant remplies au-delà de leurs capacités. Les crématoriums fonctionnent à plein régime. Des fourgonnettes faisant la file sur des kilomètres pour apporter les cadavres toujours plus nombreux. Nous avons pu voir aussi des patients hospitalisés, branchés sur soluté, à l’extérieur des hôpitaux, sur le trottoir, ou carrément dans leurs voitures. Le Parti a arrêté de compiler les données sur les cas positifs. Par contre, une estimation a été faite que 250 millions de Chinois auraient contracté le virus.

Les Chinois qui ont subi tant de misères durant les dernières années, se font maintenant dire que le virus, jadis comparé à Ebola, ne serait pas pire qu’un simple rhume. Tout ça pour ça? Le Parti affirme qu’un nombre ridicule de décès serait lié à la Covid. 7 morts à Pékin. Et ce malgré que les images des crématoriums de la ville aient fait le tour du monde. Maintenant, le Parti a décidé d’ouvrir grand les portes. Les gens se ruent sur des billets d’avion, mais ceux-ci sont trop chers. Les États mettent des restrictions aux voyageurs chinois. Ceux-ci doivent avoir un test négatif datant de 48 heures. Est-ce une mesure politique, alors que nous avons appris à vivre avec le virus? C’est en tout cas ce qu’affirme le ministère chinois des Affaires étrangères. Voyant encore une fois du racisme contre les Chinois. Or, personne n’a pu aller en Chine depuis trois ans, sans subir une quarantaine forcée de trois semaines à ses frais, en se faisant tester quotidiennement, et ce uniquement si on va en Chine pour étudier ou travailler. La mesure s’appliquant à la fois aux étrangers et aux chinois retournant dans leur pays. Encore une fois, c’est l’hypocrisie du PCC qui crève les yeux. Des tests négatifs sont aussi demandés par les autorités chinoises à tous ceux qui veulent entrer dans le pays.

Certaines théories émergent face à cette ouverture soudaine des frontières. Mike Pompeo affirme que le Parti souhaite contaminer le monde entier avec de nouveaux variants. Dans une idée de vengeance contre l’Occident? Si nous avons souffert, vous allez souffrir aussi. Les tests exigés par les gouvernements occidentaux ne serviront à rien, car il fut démontré qu’ils sont tout simplement trafiqués par les médecins et les douaniers. Les faux rapports s’achètent sur internet. Nous sommes sortis de la crise sanitaire, et rien n’indique pour le moment que nos gouvernements veulent retourner à cette situation parce qu’ils ont eu très peur du convoi de la liberté. Un peu comme le Parti communiste chinois qui a aussi goûté à la colère de la rue.

Ce qui est sûr, c’est que la crise n’est pas terminée en Chine. Plusieurs cherchent un moyen de sortir du pays, et le Parti n’a rien fait en trois longues années pour améliorer l’immunité de sa population. Ils se sont contentés d’isoler les gens chez eux dans des conditions éprouvantes. En espérant que ça terminerait comme un mauvais rêve. Or, la réalité, c’est que le monde entier sort affaibli de la crise, mais au moins, nous ne semblons pas reculer à ce niveau. Qu’est-ce que le Parti mijote en cachette? Une volonté de contaminer la population mondiale avec de nouveaux variants? Ou seulement faire du capital politique sur des cadavres encore chauds? Avec le Parti communiste chinois, il faut s’attendre à tout. Surtout à l’arbitraire et à l’absurde.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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