Comme toutes les armées, les Forces armées canadiennes (FAC) ont toujours été majoritairement masculines. Et, en tant que pays dont la majorité de la population est d’origine européenne, leurs membres ont toujours été majoritairement blancs. Ces faits ne devraient pas prêter à controverse.
Mais contrairement à toutes les armées, les FAC utilisent les identités de leurs membres historiques pour promouvoir une éthique de la culpabilité et de la honte au sein de l’institution. Cela ne résout pas la crise de recrutement actuelle et il est douteux que cela le fasse un jour, mais cette approche est fermement soutenue par des militaires érudits, dont le dernier exemple nous vient de Paul Mitchell, professeur d’études de défense au Collège des Forces canadiennes.
« L’idée que nos forces armées sont « trop woke» ne tient pas compte des efforts déployés pour améliorer l’environnement de travail des groupes historiquement sous-représentés », a écrit M. Mitchell cette semaine pour The Conversation. Il affirme que le recrutement est en baisse chez les hommes blancs et que, comme la population des minorités visibles augmente, l’armée doit tourner son regard ailleurs.
Il prenait en partie la défense de la Revue militaire canadienne, qui a été critiquée pour son orientation idéologique le mois dernier. Le numéro d’été de la revue était truffé de diatribes identitaires. Dans un article sur le problème de la « blancheur » de l’armée, un auteur a confirmé l’existence d’un racisme systémique sur la base de quelques entretiens qualitatifs avec des militaires non blancs, analysés sous l’angle d’une philosophie raciale et anti-occidentale.
« Je tiens à souligner que l’institutionnalisation de la blancheur nécessite un travail continu de la part des individus qui soutiennent les normes des colons blancs », écrit-elle, en attribuant largement les responsabilités.
Un autre article suggère que les normes culturelles militaires devraient être modifiées par une éducation idéologique. « Les formes structurelles de pouvoir et de privilège devraient guider les leçons sur le colonialisme, le racisme, le sexisme, la misogynie, le capacitisme et l’hétéronormativité ; l’inconfort – c’est-à-dire la démoralisation – devrait être intégré dans l’apprentissage ».
Les périodiques imprégnés de théorie gauchiste, et la défense de celle-ci par notre cher professeur, ne sont pas simplement des réflexions stupides sur la guerre culturelle qui n’ont aucun effet. Leur impact peut être constaté en surface, dans les documents relatifs aux ressources humaines et les « boîtes à outils antiracistes » qui enseignent l’idéologie raciale gauchiste comme un fait. Des changements plus profonds touchent le cœur de la bureaucratie des FAC, qui s’est gonflée pour inclure des « champions de la diversité et de l’inclusion », des responsables de l’action positive parmi ses rôles, et des évaluations qui examinent les « comportements inclusifs » d’un membre à partir de 2022. Dans tout cela, on comprend que la masculinité, l’ « idéal guerrier » et l’histoire coloniale sont fondamentalement toxiques pour la culture militaire.
Mais s’il est une institution qui devrait se sentir à l’aise dans un espace dominé par les hommes, c’est bien notre armée. Il s’agit d’une institution dont le rôle est de combattre et de défendre et qui, comme toutes les armées professionnelles permanentes de l’histoire, tend à puiser dans les groupes les plus aptes à le faire : les hommes. Les hommes sont plus enclins à se battre pour toutes sortes de raisons, et c’est le travail d’une armée de canaliser et de discipliner ces tendances au profit de la société dans son ensemble. Cela ne signifie pas que les femmes qui servent dans l’armée doivent être abandonnées à leur sort – au contraire : elles méritent d’être traitées avec dignité comme n’importe qui d’autre et devraient s’attendre à ce que les auteurs de harcèlement et d’agression sexuels soient pleinement poursuivis – mais l’institution n’a pas besoin d’être démasculinisée pour y parvenir.
De même, les FAC devraient pouvoir être fières de leur héritage en tant que descendantes du système britannique, tout en veillant à sanctionner toute personne qui harcèle ou attaque les autochtones et les minorités enrôlées. Elle peut faire de la sensibilisation pour se faire connaître comme une option pour ces groupes, mais laisser aux sociologues civils le soin de se regarder le nombril sur des systèmes de pouvoir et d’oppression non quantifiables.
L’urgence soudaine de voir l’armée canadienne refléter la démographie du pays avec une précision parfaite est étrange, car ce n’est plus le cas depuis environ un siècle. Une étude réalisée en 2007 a montré que le principal vivier de recrutement est constitué d’hommes en bonne santé, âgés de 17 à 20 ans, ayant suivi des études secondaires, originaires de zones rurales ou de petites villes et d’origine caucasienne. Ils ont également tendance à venir de familles ayant un passé militaire. On peut en déduire que l’armée était un bon choix pour ceux qui voulaient une carrière stable sans avoir à consacrer leur vingtaine à des études coûteuses qui n’offrent pas une voie claire vers un revenu décent.
« Il est probable que la seule fois où les Forces canadiennes ont vraiment « reflété » le Canada, c’est lorsque la conscription était en vigueur pendant les deux grands conflits mondiaux du 20e siècle », souligne l’étude.
L’auteur de l’étude de 2007 a conclu que la sélection démographique était probablement un exercice futile. Il est peu probable que des objectifs d’identité élevés et irréalistes, proportionnels à la population, soient jamais atteints pour diverses raisons, notamment la tendance des familles immigrées à encourager leurs enfants à s’orienter vers des domaines professionnels offrant des perspectives de revenus élevés. Il semble que les ruraux blancs de la classe ouvrière considèrent le service comme un stimulant de classe, ce qui n’est souvent pas le cas des immigrés, en particulier des plus récents d’entre eux. L’auteur prédit que le fait de ne pas atteindre les objectifs artificiellement élevés en matière de diversité « ne fera que renforcer la perception d’inertie organisationnelle et de racisme systémique » au sein des FAC et découragera la participation des minorités.
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Si l’on combine la nouvelle hostilité culturelle de la CAF à l’égard de sa base de recrutement avec les économies de bouts de chandelle que l’armée réalise, des remboursements de repas aux ajustements mensuels du coût de la vie, il n’est pas étonnant que moins de gens veuillent s’engager. L’année dernière, les indemnités de logement ont été retirées à 7 700 membres pour être redistribuées aux nouvelles recrues. Les membres quittent l’organisation tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de payer l’essentiel avec un salaire des FAC.
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