Depuis quelque temps, je ne compte plus le nombre de personnes qui me demandent, pratiquement à mots couverts, comme s’ils se sentaient surveillés ou étaient honteux d’afficher un franc scepticisme, ce que je pense du projet de tramway à Québec. Et à chaque fois, rassurés par mon opposition au projet, ils se laissent un peu aller et affirment ne pas comprendre pourquoi on leur impose ça.
Une sorte de malaise est palpable : s’y opposer ferait d’eux des pollueurs, des gens de la « droite Metallica » ; des méchants. Ils ne feraient plus parti du camp du bien et du radieux avenir vert promu par les écolos.
Les experts vendus au projet ont beau tenter de les rassurer, on demeure persuadé que ce tramway ne supporterait pas les hivers québécois et on se prépare déjà mentalement aux nombreuses interruptions de services et difficultés logistiques après de bonnes bordées de neige.
On se demande, est-ce un luxe de la Haute-Ville? Un luxe de fonctionnaires et d’étudiants qui ne font que circuler sur l’axe des Métrobus actuels? En quoi fortifier ce trajet déjà bien desservi fera-t-il une différence pour les gens de la couronne nord et de la rive sud, qui sont les plus délaissés en termes de transports?
On nous répondra bien que toutes ces inquiétudes ont déjà été répondues, qu’on parle là du départ d’un « réseau structurant » fort sur lequel on pourra connecter de nouvelles lignes, qu’il faut comprendre les subtilités de l’urbanisme pour comprendre sa logique, mais les gens de Québec n’en sont que plus sceptiques…
Et puis ce n’est pas tout le monde qui a le temps où l’intérêt d’assister à des assemblées publiques…
Une forme d’élitisme des urbanistes – qui semblent désormais tous aussi environnementalistes que des militants de Québec Solidaire – fait taire la dissidence.
Doit-on rappeler que les urbanistes sont ceux qui ont détruit des quartiers entiers dans les années 70 pour construire les autoroutes et les édifices bétonnés qu’ils méprisent désormais? Comme de petits Haussmann de pacotille, ils ont cette fâcheuse tendance à se considérer seules références valables de l’organisation du territoire urbain qu’ils éventrent. Et les citoyens ne deviennent que des inconvénients sur le chemin de leur utopique « cité radieuse ».
Et puis comment prendre au sérieux ce projet « vert » qui veut couper des lignes entières d’arbres centenaires sur René-Lévesque et dans Limoilou? On apprenait dans les dernières semaines que le centre d’entretien détruirait 11 hectares de milieux naturels dont 8 de milieux humides (qui sont parmi les plus menacés en notre époque).
Ah! Mais à voir les illustrations du projet, c’est magnifique! Les lignes suédoises des bâtiments, l’aspect dégagé et paisible des trottoirs et des terre-pleins! C’est à croire qu’il n’y a qu’à ajouter un peu de vert dans les représentations de ces lubies d’urbanistes pour qu’ils aient l’air de paradis sur terre. La réalité, c’est qu’il s’agit encore une fois d’architecture contemporaine, froide, encombrante et sans âme comme toutes les autres.
J’ai cette étrange impression que les gens en faveur de ce projet ont une vision romantique du tramway. Le mot évoque San Francisco, les petits wagons rouges qu’on peut arrêter d’un geste de la main, le son de la clochette qui résonne dans la ville. Or on parle ici d’un train moderne, surélevé sur une dalle de béton infranchissable qui va éventrer la ville et enclaver des quartiers. On ne pourra désormais traverser René Lévesque qu’aux 650 mètres, et c’est sans compter tous les poteaux et le filage qui couvrira le ciel.
Vous réalisez à quel point Honoré-Mercier a divisé Saint-Jean-Baptiste et le Vieux-Québec depuis sa construction? Eh bien cette ligne de tramway aura probablement le même effet dans les quartiers concernés.
Et ce grand chantier, il durera jusqu’en 2028, juste assez de temps pour tuer la reprise économique dans la Capitale-Nationale après deux ans et demi de pandémie dévastatrice… Vraiment, si l’on veut se tirer dans le pied et ruiner le potentiel économique de notre ville, le tramway, ce projet Frankenstein, rapiécé jusqu’à l’obsession, est la meilleure option.
Dans ce contexte, la proposition du parti conservateur d’Éric Duhaime d’imposer un moratoire sur le projet est plus que justifiée, mais surtout, son alternative a de quoi surprendre même les plus fervents écologistes : la gratuité du transport en commun.
Eh oui, figurez-vous qu’en comparaison avec ce projet pharaonique, nous ferions des économies… en opérant un réseau de transport gratuit. C’est dire à quel point l’option actuellement sur la table est ridicule et ruineuse.
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