Dans un documentaire choc d’Enquête publié la semaine dernière, on en apprenait un peu plus sur le parcours de jeunes gens atteints de dysphorie de genre dans le système de santé québécois ainsi que sur leurs parents, qui se retrouvent souvent impuissants à protéger leurs enfants face à de potentielles dérives. Malgré des débats persistants au sujet du traitement approprié pour guérir ce mal-être, on y découvre des diagnostics extrêmement expéditifs et des prescriptions de chirurgies irréversibles empreintes de laxisme.
Au cours du reportage, une jeune actrice de 14 ans engagée par l’équipe d’Enquête parvient même à se faire prescrire de la testostérone dans une clinique privée en moins de 17 minutes! Sans aucun diagnostic ou suivi psychologique préalable, avec une simple mention floue que ses parents comprennent « un peu » sa situation, la jeune fille a pu se procurer ce traitement choc en remplissant un formulaire de 7 pages et en parlant rapidement avec une médecin.
Le processus se révèle un peu plus long dans le réseau public, mais s’avère tout de même assez expéditif et empreint d’un certain penchant idéologique. Le documentaire suit le parcours de parents et de leurs enfants qui ont senti que les consultations avec les experts du domaine les menaient sur la voie des bloqueurs d’hormones et des chirurgies très rapidement. Trop rapidement, même, pour ceux ayant par la suite regretté et choisi de détransitionner.
Un père parlant sous le couvert de l’anonymat explique que suite à de multiples hospitalisations pour tentative de suicide par sa fille, des médecins en viendront à lui proposer des bloqueurs de puberté, malgré le fait qu’aucun suivi psychologique n’ait réellement été fait et que ces hospitalisations n’avaient pas de lien avec la dysphorie de genre. Lors d’une rencontre, un médecin va même jusqu’à parler de chirurgie alors qu’il ne connaît carrément pas l’historique des hospitalisations de la jeune fille. Ces propositions radicales, en l’absence d’une réelle connaissance du dossier de la patiente, sera la goutte qui fera déborder le vase pour le père, qui retirera alors sa fille de l’hôpital et écrira ensuite à l’établissement pour se plaindre de ce manque de professionnalisme.
Une autre révélation choquante est celle où une jeune femme regrettant instantanément sa mastectomie faite de manière expéditive et qui s’informait au sujet d’une reconstruction mammaire s’est fait répondre qu’elle devait attendre au moins 2 à 3 ans et avoir un suivi psychologique pour la justifier. Autrement dit, les critères d’admission pour réparer cette erreur sont plus élevés que ceux pour la chirurgie ayant mené à cette situation. On donne des mastectomies de manière expéditive et on devient extrêmement prudent pour traiter les détransitions.
Derrière cette façade de spécialistes qui affirment avec conviction la nécessité de traiter le plus rapidement possible les jeunes faisant part de doutes sur leur genre, on réalise aussi qu’on est loin d’avoir un consensus scientifique sur la question. De nombreux spécialistes affirment qu’au contraire, il n’y a pas de donnés probantes prouvant que la santé mentale des jeunes trans se retrouve améliorée suite à la prise d’hormones ou l’accomplissement de chirurgies. Les deux côtés se renvoient la balle à coup d’études, mais dans le réseau de la santé, la question semble tranchée.
C’est d’autant plus problématique qu’on assiste depuis le début des années 2010 à une vague tout à fait nouvelle de dysphorie de genre chez les jeunes. C’est-à-dire qu’il y a plus de cas et que ceux-ci ont changé de nature. Par exemple, la médecin et chercheuse Lisa Littman a réalisé une étude en 2018 au sujet du phénomène inédit de « dysphorie de genre à déclenchement rapide », où des jeunes se retrouvent parfois transgenre du jour au lendemain, sans signes précurseurs pendant l’enfance. Elle remarque une augmentation du nombre de jeunes s’auto-diagnostiquant trans et un effet d’encouragement entre-eux, particulièrement sur les réseaux sociaux.
En d’autres mots, il y a désormais plus de trans que l’occurence naturelle de dysphorie de genre dans la population, il devient donc difficile de départager ce qui appartient à une véritable condition psychologique et ce qui n’est qu’un effet de mode. Dans cette situation, la manière expéditive des établissements de santé à prescrire des soins parfois irréversibles se révèle particulièrement problématique.
Mais en plus de ces désaccords académiques sur la question, le sujet est hautement politisé et toute critique – même constructive – est assimilée à de la haine et de l’intolérance. Ce qui fait en sorte que de nombreux spécialistes convaincus dans le domaine sont instantanément sur la défensive et semble verser dans le militantisme.
Quoi qu’il en soit, la question de la nécessité de traiter rapidement la dysphorie de genre par les hormones et les chirurgies ne sera probablement pas tranchée de sitôt, mais un point clair se dégage de cette situation : l’importance des droits parentaux. Bien que les jeunes de plus de 14 ans n’aient pas besoin d’un accord parental pour consentir à des soins de santé jugés nécessaires, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la facilité avec laquelle les jeunes peuvent se faire offrir ces traitements parfois irréversibles alors qu’on ne les juge pas assez matures pour déterminer ce qui est le mieux pour eux dans de multiples autres situations beaucoup moins déterminantes pour leurs vies.
Pour écouter le reportage d’enquête, c’est ici :
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