Transgenres en prison : le gouvernement américain forcé de financer des soins controversés

D’après un article publié par Reuters dans The Guardian le 3 juin 2025

Aux États-Unis, un juge fédéral de Washington a décidé mardi que les prisons fédérales devront continuer à fournir des soins dits « d’affirmation de genre » à plus de 2 000 détenus transgenres, en dépit d’un décret signé par Donald Trump dès son retour à la Maison-Blanche, interdisant le financement public pour ce type d’interventions.

Reuters rapporte que le juge Royce Lamberth, nommé par le président républicain Ronald Reagan, a autorisé les plaignants à poursuivre leur recours sous forme de recours collectif. Cela signifie que tous les détenus transgenres concernés dans les établissements fédéraux pourront faire valoir leurs droits dans cette affaire. Le juge a ordonné au Bureau of Prisons (BOP) de continuer à leur fournir des traitements hormonaux ainsi que des accommodements comme des vêtements féminins ou des dispositifs d’épilation. Toutefois, cette décision ne force pas l’administration à offrir des chirurgies dites « de changement de sexe ».

Pour rappel, le décret signé le 20 janvier 2025 par Donald Trump visait à mettre un terme à ce que sa nouvelle administration appelle « l’extrémisme idéologique de genre ». Ce texte ordonnait notamment au gouvernement fédéral de reconnaître uniquement deux sexes biologiquement distincts – homme et femme – et exigeait que les détenus hommes, même s’identifiant comme femmes, soient incarcérés dans des prisons pour hommes. Le décret interdisait aussi le financement public de traitements médicaux visant à modifier l’apparence d’un détenu pour qu’elle corresponde à celle du sexe opposé.

Malgré cette directive présidentielle, le juge Lamberth a jugé que le Bureau of Prisons avait agi de manière arbitraire en supprimant des soins que ses propres médecins avaient jugés appropriés auparavant. Il a rappelé que même une décision présidentielle, si elle est prise sans justification médicale ou légale, pourrait violer le huitième amendement de la Constitution, qui interdit les « peines cruelles et inhabituelles ».

Harrison Fields, porte-parole de la Maison-Blanche, a vivement réagi en qualifiant la décision judiciaire de « profondément dangereuse ». Dans un courriel relayé par Reuters, il a affirmé que « permettre à des hommes biologiques, se disant femmes, d’être logés dans des prisons pour femmes compromet fondamentalement la sécurité des femmes et nie la réalité biologique ».

L’affaire a été portée devant la justice en mars 2025 par trois détenus transgenres — deux hommes trans et une femme trans — contestant le décret de Trump. Ils sont représentés par l’American Civil Liberties Union (ACLU), une organisation militante de gauche qui considère que ces soins sont des droits constitutionnels inaliénables, indépendamment de toute orientation idéologique.

Le juge Lamberth a rejeté l’argument du ministère de la Justice selon lequel la décision du président, élu démocratiquement, devait être respectée. Il a répliqué qu’une démocratie digne de ce nom exige aussi le respect des lois en vigueur, notamment celles qui interdisent aux pouvoirs exécutifs d’agir de manière arbitraire.

L’auteur de l’article précise que selon le Département de la Justice, environ 2 230 détenus transgenres sont actuellement hébergés dans des établissements correctionnels fédéraux, dont plus de 1 500 sont des hommes biologiques s’identifiant comme femmes, pour la plupart logés dans des prisons pour hommes.

Selon Lamberth, ces détenus ne cherchent pas à promouvoir une quelconque idéologie, mais à soulager les souffrances personnelles liées à ce que l’on appelle la « dysphorie de genre ». Or, pour de nombreux critiques, ce discours médical est utilisé pour faire passer des revendications identitaires controversées comme des nécessités médicales incontestables.

Reste à savoir si la Cour suprême interviendra pour trancher cette affaire à la frontière entre droits individuels, politique carcérale et définition biologique du sexe. Pour l’instant, la bataille judiciaire est loin d’être terminée.

La Rédaction

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