Trudeau, 8 ans plus tard : il a eu sa chance, temps de passer à un autre appel!

Dans la majorité des démocraties modernes, donner plus de 8 ans à un premier ministre ou à un président implique qu’on le considère comme un dirigeant d’une qualité exceptionnelle. Alors que la gouvernance de Justin Trudeau approche de ses huit ans, l’heure des bilans est arrivée. Il devient essentiel de se demander si Trudeau mérite vraiment d’être aux côtés des plus grands premiers ministres du Canada.

On le sait : bien souvent, on vote stratégique et on se pince le nez pour voter contre un candidat plutôt que pour quelqu’un qui nous inspire. De la sorte, avec la mauvaise presse acharnée des grands médias contre Poilievre, il sera intéressant de voir la dynamique québécoise aux prochaines élections. Les Québécois se rabattront-ils sur le Bloc Québécois? Cela nuira-t-il aux chances de sortir Trudeau? Rien n’est certain.

N’en reste pas moins qu’il faudra quand même être honnête : le bilan de Trudeau est loin d’être reluisant et ne mérite probablement pas d’être reconduit pour un autre quatre ans…

Dans le système présidentiel américain, les pères fondateurs ont littéralement considéré que 8 ans, équivalent à deux mandats, était suffisant pour un dirigeant. C’est donc la limite dans ce système ; un président ne peut plus se présenter par la suite.

Au Canada, la chose est profondément différente. Le système parlementaire est plus flexible dans son fonctionnement, et tant et aussi longtemps qu’un politicien a le soutien de la Chambre des Communes, qui est formée par des scrutins populaires, il peut se maintenir au pouvoir. De la sorte, on a vu des mandats exceptionnellement longs, et d’autres exceptionnellement courts…

Le premier ministre s’étant maintenu le plus longtemps au pouvoir est Mackenzie King, qui a fait trois mandats non consécutifs pour une durée de 21 ans et 154 jours. Vous comprendrez qu’il faut être énormément apprécié et efficace pour bénéficier d’une telle confiance. Ce record est suivi par le règne de Sir John A. Macdonald, 1er premier ministre canadien de l’histoire, qui a été au pouvoir pendant 18 ans et 359 jours.

Vient ensuite le père de l’autre, Pierre Elliott Trudeau, qui a régné sur le pays pour un total de 15 ans et 164 jours. Wilfrid Laurier, qui a dirigé pour une période semblable, et nous tombons ensuite dans des longueurs plus normales ; 10 ans pour Chrétien et Harper, 9 ans pour Mulroney, Borden et Saint-Laurent.

On arrive finalement à Justin Trudeau, qui se hisse quand même déjà au dixième rang des premiers ministres ayant dirigé le plus longtemps le Canada.

Peut-on réellement dire que les mandats de Justin Trudeau méritent cette place? À part légaliser la marijuana, nous rebattre les oreilles avec un wokisme niais, augmenter les taxes carbone, endetter le pays, mettre en place une loi qui nous prive de nouvelles sur les médias sociaux, laisser les portes grandes ouvertes aux ingérences chinoises et déclarer des états d’urgence de pacotille, qu’est-ce que ce gouvernement a vraiment fait pour nous? Et je ne vous parle même pas du déficit de crédibilité que nous avons accumulé sur la scène internationale avec cet individu fantasque qui ne lésine pas sur les suites de luxe…

Mettons que les « sunny ways » de 2015, ça commence à faire un bail…

Même pour ceux qui, d’une manière générale, apprécient Trudeau plus que ses adversaires, il faudra quand même reconnaître que 8 ans, c’était bien assez pour nous prouver sa valeur. Il est temps de passer à autre chose. Toute démocratie en santé doit favoriser l’alternance gouvernementale : ça évite aux politiciens de devenir trop confortable et à la corruption de s’installer.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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