Trudeau a créé le trou, Carney le creuse : l’échec d’une promesse de rigueur

D’après un article de Lorne Gunter publié sur le site du Edmonton Journal le 31 mai 2025

Dans une chronique mordante publiée par le Edmonton Journal, le journaliste Lorne Gunter livre un diagnostic sévère de l’état des finances publiques canadiennes. Après avoir décortiqué les statistiques du Secrétariat du Conseil du Trésor, les documents budgétaires fédéraux et une analyse de RBC, il constate que loin de corriger les dérives du gouvernement Trudeau, Mark Carney semble les prolonger, voire les aggraver.

Gunter rappelle que l’ancien premier ministre Justin Trudeau a laissé à Carney un « trou économique et budgétaire » immense. Malgré son image d’expert financier, Carney, selon lui, continue à alimenter un appareil gouvernemental déjà hypertrophié. Grâce au travail du Canadian Taxpayers Federation (CTF), on apprend que la fonction publique fédérale a gonflé de 98 000 employés en 10 ans, soit une hausse de 38 %, alors que la population canadienne n’a crû que de 16 %.

En 2015, Ottawa comptait environ 260 000 fonctionnaires. Ce nombre s’élève désormais à 358 000. Infrastructure Canada a connu une croissance de 375 %, et Emploi et Développement social Canada a ajouté 16 842 employés à lui seul.

« Pour faire quoi exactement ? », s’interroge Gunter. Le CTF estime que 7 milliards de dollars pourraient être économisés annuellement si la taille de la bureaucratie avait simplement suivi la croissance démographique. Or, une grande partie de cette main-d’œuvre ne se trouve pas sur le terrain, mais dans les nombreux échelons de gestion : sept niveaux hiérarchiques en moyenne par ministère, selon le Directeur parlementaire du budget.

Mais rien n’indique que Carney envisage de corriger le tir. Le premier ministre a déjà promis de ne pas procéder à de licenciements, mais seulement de limiter la croissance à 2 % par an. Pourtant, la première publication des Dépenses principales du nouveau gouvernement montre une hausse de 7,75 % des dépenses par rapport à 2024.

Gunter note aussi que si 35 milliards de dollars sont budgétés pour la Défense nationale, 26 milliards le sont pour des consultants externes. Il dénonce un paradoxe évident : pourquoi employer autant de fonctionnaires si on doit sous-traiter autant de travaux à l’externe ?

Même les bonnes nouvelles économiques s’effondrent à l’examen. Si les chiffres initiaux montrent une croissance du PIB de 2,2 % au premier trimestre, RBC corrige l’impression : sans les achats massifs anticipés avant les hausses tarifaires, la croissance réelle n’est que de 0,1 % en mars, et négative en février. Une tendance molle qui devrait se poursuivre en 2025.

En conclusion, Gunter souligne que l’équipe Carney reprend les recettes économiques inefficaces du gouvernement précédent. Il ironise en affirmant qu’il s’agit « essentiellement des mêmes personnes, de toute façon ».

Ce portrait dressé par Lorne Gunter alerte sur une bureaucratie en pleine inflation, des services publics peu efficaces, et une gouvernance budgétaire qui, malgré les promesses de rigueur, semble rejouer les pires travers du passé.