Un tribunal de New York a condamné Donald Trump à payer une amende de 355 millions de dollars pour des allégations de fraude immobilière. L’essentiel à retenir dans cette affaire est que le juge Arthur Engoron, qui en passant est affilié au parti Démocrate, l’a déclaré coupable sans même qu’il n’y ait eu de procès1.
Et ce n’est pas tout. Le juge Engoron a décrété que Trump devait aussi payer des frais d’intérêts supplémentaires, qui s’élèvent à 87,500$ par jour sur la base d’un taux de 9%. Un montant de 98,6 millions de dollars s’ajoute ainsi à la somme que Trump doit payer.
C’est Letitia James, la procureure générale de l’État de New York, qui a lancé cette poursuite contre Donald Trump, ses trois enfants aînés (Donald Jr., Ivanka et Eric), l’ancien directeur financier Allen Weisselberg, l’ancien contrôleur Jeffrey McConney et dix sociétés liées. Elle s’était engagée à s’en prendre à Trump durant la campagne lors de laquelle elle briguait le poste de procureure.
Letitia James se dit prête à saisir les bâtiments de Trump s’il ne peut pas payer son amende civile de 354 millions de dollars pour fraude. Donald Trump a nié toute faute et annoncé qu’il porterait la cause en appel.
Quel crime Donald Trump a-t-il commis au juste? Alors qu’il contractait un emprunt, Trump a surévalué la valeur de ses propriétés qui étaient mises en garantie du prêt. Il s’agit d’une pratique courante dans le domaine de l’entreprenariat immobilier: on avance un gros montant afin de négocier les meilleurs termes avec la banque.
Comme l’a expliqué l’investisseur Kevin O’Leary lors d’un passage sur les ondes de CNN: «il s’agit d’un crime sans victime qui n’a fait perdre de l’argent à personne». Effectivement, personne n’a actionné Trump en lien avec cette affaire. La décision d’entamer cette poursuite a été prise unilatéralement par la procureure Démocrate Letitia James, sans avoir été sollicitée par une partie lésée ou par d’autres acteurs judiciaires.
Les lois que Trump aurait enfreintes sont systématiquement bafouées par tous les promoteurs immobiliers de la ville de New York. Ainsi, cette manœuvre visant Trump crée un précédent susceptible d’inquiéter le milieu des affaires. La gouverneure Démocrate de l’État, Kathy Hochul, s’est d’ailleurs sentie obligée de rassurer les entrepreneurs commerciaux en leur expliquant que seul Trump serait visé par ce type de poursuites extraordinaires:
«Il s’agit en réalité d’une circonstance extraordinairement inhabituelle dans laquelle les gens d’affaires New-Yorkais respectueux des lois et des règles n’ont rien à craindre, car ils sont très différents de Donald Trump et de son comportement», a déclaré Kathy Hochul lors d’une entrevue radiophonique.
Sa parole suffira-t-elle à rassurer? Certains seront probablement enclins à éviter de faire des affaires dans la ville de New York, et plus largement, dans l’état tout entier. C’est une possibilité qui visiblement l’inquiète. Invité sur le réseau FOX, Kevin O’Leary a affirmé qu’il n’investirait jamais à New York en ce moment. Ce jugement, qu’il qualifie par ailleurs «d’assaut contre l’immobilier», s’ajoute à d’autres politiques et aux taxes élevées qui font selon lui de New York un «état perdant».
Pendant ce temps, le camionneur et influenceur Chicago Ray, qui est suivi par quelques 250,000 abonnés sur X, a appelé tous ses collègues qui soutiennent Trump à cesser d’effectuer leurs livraisons à New York. Un boycott massif des livraisons à New York pourrait entraîner des conséquences néfastes, même si seulement 10% ou 20% des chauffeurs se joignent au mouvement.
Pour mesure l’ampleur du phénomène, l’animateur Glenn Beck a invité les camionneurs participants à téléphoner à son émission. L’un des premiers appels a raconté que lorsqu’il avait annoncé à son service de répartition qu’il ne se rendrait plus dans l’état de New York et encore moins dans la ville, le téléphoniste à répondu: «oh, encore un autre». Un autre intervenant explique que les compagnies trouveront des camionneurs sous-traitants pour effectuer les livraisons à New York, quitte à les payer davantage, sauf que tout chauffeur n’étant pas habitué à conduire un camion semi-remorque de dix-huit roues à New York éprouvera d’énormes difficultés.
Advenant que la décision tienne, le montant de l’amende se situe-t-il au-delà des moyens de Trump? Il se fait que la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis vient tout juste d’approuver la fusion de la plateforme Truth Social avec Digital World Acquisition Corporation (DWAC), qui est une entité financière à acquisition cotée en bourse. La société issue de la fusion serait évaluée à environ 10 milliards de dollars, dont Trump détiendrait environ 60% des parts. Voilà qui relativise le montant que réclame le tribunal de New York. Reste à voir si Trump accepterait de payer une amende qu’il juge aussi injuste.
Il ne s’agit pas de la seule lueur d’espoir dans cette affaire. De tous les procès partisans visant Trump en cette période pré-électorale, aucun n’est plus bidon que celui intenté par Letitia James. À mesure qu’ils prennent connaissance des détails spécifiques à cette affaire, nombre d’électeurs qui n’aiment pas particulièrement Trump commencent à réaliser que l’acharnement judiciaire contre l’ancien président n’est qu’une manigance partisane. On constate aussi l’hypocrisie d’un establishment Démocrate qui accuse Vladimir Poutine d’instrumentaliser l’appareil judiciaire russe pour réprimer ses opposants, alors qu’on exploite la justice américaine pour disqualifier Trump, allant jusqu’à vouloir le faire emprisonner. Tout ça pour soit disant « sauver la démocratie ».
1 Le juge Arthur Engoron a rendu un jugement sommaire selon lequel Trump et son entreprise avaient commis des fraudes pendant des années en septembre 2023, alors que la première audience était prévue pour le mois d’octobre.
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