Le 13 juillet dernier, l’ex-président et candidat à la présidentielle américaine Donald Trump a survécu de justesse à une tentative d’assassinat. La balle d’un sniper lui a lacéré l’oreille. L’évènement est une nouvelle en soi, mais c’est vraiment ce que Trump a fait par la suite qui a transformé cet événement en légende.

Déjà menant dans les sondages, l’élection semblait désormais dans la poche pour Trump. Et pourtant, cela aura été de courte durée. Peu après l’assassinat, son adversaire, le Président Joe Biden, déjà par en bas dans les sondages après un débat désastreux en fin juin, s’est retiré de la course pour faire place à sa vice-présidente, Kamala Harris. Initialement, je n’y voyais pas grand-chose, Kamala Harris n’avait pas une cote de popularité particulièrement bonne, et sa campagne lors des primaires démocrates de 2020 était lamentable. Harris, vice-présidente, ne pouvait pas vraiment se présenter comme un renouveau par rapport à Biden, mais surtout: Trump a survécu à un assassinat, s’est relevé, et a dit à ses supporteurs de se battre en levant le point. C’est impossible à battre comme visuel. Même les commentateurs de gauche admettaient que c’était un visuel inspirant. Personnellement, j’ai ressenti un regain d’énergie qui m’avait manqué depuis un bout quand j’ai vu ça.

Mais un mois plus tard, contre toute attente, Kamala Harris a réussi non seulement à faire plus parler d’elle dans les médias que son rival, mais elle a réussi à rattraper l’écart dans les sondages laissé par son prédécesseur.

Selon la firme de sondage américaine FiveThirtyEight, qui compile les sondages et en fait une moyenne. Harris a rattrapé Trump dans plusieurs “swing states”. Incluant la Pensylvannie, ou la tentative d’assassinat a eu lieu.

Mais comment? Comment est-ce que quelqu’un en aussi bonne posture peut chuter aussi vite? Pour la réponse, il faut regarder chez nous.

Le 4 septembre 2012, lors de la fête de victoire du Parti Québécois, Richard Henry Bain, une caricature vivante de “l’angryphone”, est rentré au Métropolis à Montréal dans le but d’assassiner la nouvelle Première Ministre. Il a tué le technicien Denis Blanchette et blessé grièvement un autre. Il est arrêté sur le champ. Ces motifs étaient clairs : tuer des indépendantistes.

Marois eut un très bref mandat en tant que première ministre; un peu plus d’un an et demi. Et sa tentative d’assassinat fut traitée comme la grosse nouvelle de la semaine, mais sans plus. Pour dire vrai, j’ai dû googler le nom du technicien assassiné, car jamais est-ce que le PQ ne s’en est servi dans son iconographie. Par le temps que Bain fut condamné, Marois n’était même plus première ministre.

Le culte du martyr est quelque chose de puissant. Il y a quelque chose de fondamentalement puissant à l’idée que quelqu’un est mort pour sa cause. Il y a un effet de masse qui entraîne. C’est un outil à se servir lorsqu’on milite pour quelque chose.

Sachant cela, il est absolument absurde que Marois n’ait pas retourné sa tentative d’assassinat à son avantage. Je ne sais pas si ça aurait sauvé son mandat, mais considérant qu’elle n’a pas fait long feu, ça n’aurait pas fait mal d’essayer.

On en revient maintenant à Donald Trump. Contre toute attente, Trump a vraiment été mollo par rapport à son assassinat. Vraiment, est-ce que le Trump de 2016 ou même de 2020 aurait laissé quelque chose comme ça passer? Je veux bien admettre que le mauvais choix de JD Vance comme colistier et la complaisance médiatique envers Harris ne joue pas en sa faveur. Mais il demeure que de ne pas exploiter sa tentative d’assassinat est franchement un coup manqué de la part de sa campagne. Un de ses partisans, Corey Comperatore, un père de famille de 50 ans, a été tué lors de l’incident. Il s’est même sacrifié pour protéger sa femme et ses filles des tirs. Il eut des brefs hommages, un peu par obligation, et on est passé à autre chose. C’est ridicule. Son nom devrait être à tous les rassemblements possibles.

Lorsqu’une vie est prise, elle peut devenir quelque chose de puissant. Ne pas le faire, c’est déshonorer la mémoire des morts. Si la campagne de Trump ne le réalise pas, un homme sera mort pour rien.

Vincent Benatar

Originaire de Montréal, Vincent Benatar lutte comme il peut à tous les jours pour créer un meilleur Québec.

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