TVA vit une crise sans précédent : à qui la faute?

Plus de 500 postes coupés, dont plusieurs dans les stations régionales de TVA, recours à une plus grande sous-traitance pour économiser : ça va mal chez TVA. Au-delà de la mauvaise nouvelle qui touche plus de 500 travailleurs et leurs familles, à qui devrait revenir la faute d’un déclin aussi brutal de cette station de télévision? C’est ce que nous allons voir au cours d’un bref article.

La guerre culturelle qui touche l’Occident est également présente au Québec. On doit en parler. S’il est important de dénoncer la politisation de Radio-Canada qui tombe trop souvent dans un gauchisme de bas étage, TVA n’est pas en reste. En effet, TVA n’est peut-être pas aussi « woke » que Radio-Canada, mais les animateurs comme les chroniqueurs ont participé pour la plupart à diviser les Québécois. Durant la pandémie, le plus gros des insultes et des crachats au visage sont venus de Québecor. Vous vous en souvenez?

Dans un tweet cinglant, Jeff Fillion a rappelé à juste titre que ce sont des techniciens qui perdront leur travail, mais pas les chroniqueurs qui ont craché au visage de tant de gens. Richard Martineau comme Mario Dumont resteront en poste. Lors de précédents textes d’opinion, nous avions demandé des excuses officielles à Pierre-Karl Péladeau et aux chroniqueurs du Journal de Montréal pour la pandémie. Évidemment, cela n’est pas dans les plans.

À voir la réaction sur les réseaux sociaux, plusieurs entretiennent de la colère contre TVA. Rien n’a été oublié. Certains déplorent qu’on s’en prenne à des techniciens qui perdront leur emploi, mais pour bien d’autres, c’est le début de la fin d’une chaîne de télé qui depuis longtemps manque de respect à ses spectateurs.

De plus, ce n’est pas seulement pour la pandémie que les gens ne s’intéressent guère au sort de TVA. Les habitudes de consommation ont changé. Les jeunes regardent les informations dont ils ont besoin sur les réseaux sociaux, et ne prennent que ce qui les intéresse. Le hockey intéresse de moins en moins les jeunes générations. De même, TVA en martelant sur certains faits divers a repoussé énormément de gens qui ne voient que dans la boîte de PKP des « nouvelles de chiens écrasés ».

Quant aux émissions de divertissement, plusieurs Québécois prennent désormais un malin plaisir à dénoncer la petite mafia culturelle du Plateau. Ce sont toujours les mêmes individus qui sont invités à TVA ou à Radio-Canada, et les émissions ont depuis longtemps cessé toute innovation. Pourquoi payer 50-60$ par mois pour le câble quand nous pouvons avoir accès à énormément de contenu gratuit sur Internet? En plus, les acteurs ou « vedettes » du Québec passent leur temps à se moquer du public qui serait pour eux intolérant.

Donc, c’est dans ce contexte de rancœur pour les abus durant la pandémie, le changement des habitudes de consommation des jeunes, et une haine très forte à l’égard de la petite clique du Plateau que de plus en plus de Québécois ont fini par débrancher le câble. Quand nous apprenons que la moyenne d’âge des téléspectateurs de TVA est de 58 ans, PKP n’est pas au bout de ses peines. Les prochaines années seront difficiles. Et le public, de plus en plus exigeant, n’acceptera pas le manque de respect ou qu’on se moque de son intelligence. C’est pour ça que les jours de TVA sont comptés.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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