Le Premier ministre François Legault a annoncé qu’un « comité de sages » serait créé pour discuter des questions liées à l’identité de genre. Cela suscite des craintes chez deux camps différents : ceux qui s’opposent à l’idéologie du genre, et les partisans de l’idéologie du genre, qui se présentent eux-mêmes comme des défenseurs des droits des LGBTQ+.

D’un côté, on craint que ce « comité de sages » se compose uniquement de promoteurs de l’idéologie du genre ; de l’autre, on voudrait justement que ce comité se compose uniquement de gens « qui travaillent avec des trans », en arguant que ce sont eux les experts.

Or, il faut avoir conscience que les questions dont on parle ici ne concernent pas strictement les personnes trans, elles concernent toute la collectivité : il ne s’agit pas des soins à apporter aux trans et qui ne concernent que les trans ; il s’agit de ce qui est enseigné à l’école à TOUS les enfants, des toilettes que TOUT LE MONDE utilise, de la façon dont TOUT LE MONDE parle (notamment quand on parle de pronoms), etc.

Alors voici les questions pour lesquelles on a des bonnes raisons de s’attendre à ce que ceux qui travaillent avec des trans ou qui font des recherches sur la dysphorie de genre soient mieux informés que les autres :

  • ce que les personnes trans ressentent ;
  • les ébauches d’explication de la dysphorie de genre ;
  • les soins appropriés pour les personnes trans.

Voici des questions pour lesquelles ceux qui travaillent avec des trans ne sont pas experts, voire sont susceptibles d’être biaisés :

  • la définition du mot femme ;
  • le ressenti et l’identité de ceux qui ne sont pas trans (qui se font étiqueter comme cisgenre sans qu’on leur demande leur avis) ;
  • les règles à établir pour équilibrer les droits des personnes trans avec ceux des autres (parce qu’en effet, il n’y a pas que les trans qui ont des droits) ;
  • la question de si nous devons tous avoir l’identité de genre comme référence plutôt que le sexe.

Espérons que le gouvernement caquiste aura la sagesse, c’est le cas de le dire, de rassembler un comité de sages composé de gens aux expertises diverses, dont certains pourront faire valoir en connaissance de cause, notamment, la réalité biologique de notre espèce (à l’école, la science est censée avoir la priorité), des connaissances sur le développement des enfants (tous les enfants, pas spécifiquement ceux qui souffrent de dysphorie de genre ou qui revendiquent une identité de genre), les droits et les soucis des parents, les besoins des filles et femmes en ce qui concerne l’intimité, la sécurité et l’équité dans le sport. Sans oublier la liberté d’expression et la liberté de conscience, qui devrait protéger le droit de ne pas adapter son langage à des croyances qu’on ne partage pas.

Annie-Ève Collin

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