Selon un article de Blacklock’s Reporter publié récemment sur leur site, le gouvernement canadien aurait en main un rapport interne prédisant rien de moins que l’effondrement de la classe moyenne dans les prochaines années. Le document, intitulé Disruptions On The Horizon, émane du think tank fédéral Policy Horizons Canada, un organisme relevant du Bureau du Conseil privé. Ce n’est pas un pamphlet de militants ou un cri du cœur citoyen : c’est une lecture froide et technocratique, fondée sur des entrevues menées auprès de quelque 500 experts au sein même de la fonction publique fédérale et de ses cercles gravitant autour.
Dans ce rapport, on dresse un portrait inquiétant de ce qui attend les Canadiens dans un avenir rapproché. « La mobilité sociale descendante devient la norme », peut-on y lire. Le ton est sans appel : parmi les dix bouleversements les plus probables d’ici trois à cinq ans figure « l’effondrement de la classe moyenne ». Cette hypothèse – qui aurait semblé farfelue il y a à peine une décennie – est désormais prise au sérieux au cœur même de l’appareil gouvernemental. Le rapport précise que de plus en plus de gens « ne peuvent pas accéder au marché immobilier » et doivent faire face à des conditions de travail précaires, avec pour conséquence directe que « de nombreux Canadiens se retrouvent dans des conditions socioéconomiques inférieures à celles de leurs parents ».
Une jeunesse sans avenir
Ce qui ressort aussi de Disruptions On The Horizon, c’est l’ampleur du déclin intergénérationnel. Blacklock’s résume bien le constat du rapport : « Avec un logement de plus en plus inabordable et des conditions de travail de plus en plus précaires, les conditions socioéconomiques des Canadiens pourraient décliner d’une génération à l’autre. »
L’accession à la propriété, autrefois considérée comme une étape naturelle du parcours de vie, devient une chimère pour nombre de jeunes familles. Le rêve canadien s’effiloche, remplacé par une lutte constante pour simplement survivre dans un marché du travail incertain et un environnement économique hostile.
En clair : les enfants d’aujourd’hui vivront plus pauvres que leurs parents, sans stabilité, sans filet, et sans espoir. Les mots sont durs, mais ils sont ceux du gouvernement lui-même.
Une crise de santé mentale nationale à l’horizon
Le rapport pousse plus loin ses projections en annonçant qu’un tel effondrement économique pourrait provoquer une véritable crise nationale de santé mentale. Selon Blacklock’s, le document avertit : « Alors que les gens perdent espoir d’améliorer leur vie, les problèmes de santé mentale et les tensions économiques et sociales qui y sont associées pourraient s’intensifier. »
La précarité matérielle mènerait ainsi à une détresse psychologique généralisée. Et pendant que les ultra-riches continuent d’accumuler une part démesurée de la richesse, le ressentiment populaire pourrait s’enflammer jusqu’à « un point critique », avec des appels à la redistribution des richesses de plus en plus pressants.
Une société à deux vitesses, voire trois, se profile. Les inégalités ne sont plus une question idéologique : elles sont en train de fracturer le tissu social.
Une société déjà en détresse
Faut-il vraiment attendre cinq ans pour en voir les effets ? La vérité, c’est que la crise est déjà là. Les séquelles psychologiques de la pandémie, combinées à l’addiction aux écrans, à l’isolement social et à la perte de repères, ont déjà mis à rude épreuve la santé mentale collective. Mais c’est la précarité économique qui agit comme un catalyseur. La crise du logement explose, l’itinérance devient omniprésente, et la consommation de drogues dures s’installe durablement dans l’espace public.
En Colombie-Britannique, la décriminalisation partielle des drogues dures a transformé certaines rues de Vancouver en zones de non-droit. Mais le phénomène n’est plus cantonné à l’Ouest. À Montréal, certains quartiers comme Hochelaga, Côte-des-Neiges ou Montréal-Nord font état d’une insécurité croissante. À Québec, le quartier Saint-Roch, autrefois fleuron du renouveau urbain, est à nouveau miné par la drogue et l’itinérance.
Cette insécurité quotidienne n’est pas qu’un sentiment. C’est une réalité qui s’enracine dans l’échec de politiques successives à s’attaquer aux causes profondes : logement, santé mentale, dépendances, pauvreté.
Le fruit de politiques libérales à courte vue?
Il serait naïf de croire que cette situation est arrivée toute seule. L’effondrement annoncé de la classe moyenne survient après neuf années de gouvernance libérale, où l’on a privilégié des mesures de redistribution clientélistes et court-termistes, sans jamais s’attaquer aux racines structurelles de la crise. L’accent a été mis sur les subventions aux médias, les protections pour les aînés, et les signaux vertueux à l’international, pendant que les jeunes familles s’endettaient à outrance pour survivre.
Aujourd’hui, à l’approche d’une élection fédérale cruciale, deux visions du Canada s’affrontent. Le Parti conservateur mise sur la reprise économique, la réduction des déficits, et un retour à la sécurité publique, notamment par une position ferme contre la violence, l’itinérance de rue et la banalisation des drogues dures. C’est le message du « tough love » : remettre de l’ordre dans la maison avant qu’il ne soit trop tard.
Les conservateurs promettent aussi d’aider les jeunes familles à accéder à la propriété en construisant massivement et en libérant les blocages bureaucratiques qui ralentissent les projets immobiliers. Pendant ce temps, les libéraux – et le prétendant Carney – rassurent les retraités sur la pérennité de leurs rentes, et promettent de refinancer les médias traditionnels et Radio-Canada, comme si le salut national passait par une couverture médiatique favorable.
Le Canada à la croisée des chemins
Le rapport Disruptions On The Horizon agit comme un miroir tendu à notre société : il ne prédit pas une apocalypse venue d’ailleurs, mais bien le fruit de notre propre aveuglement. L’effondrement de la classe moyenne n’est pas une fatalité, mais il deviendra une certitude si les tendances actuelles se poursuivent.
Kristel Van der Elst, directrice générale du think tank fédéral ayant rédigé le rapport, l’affirme elle-même : « Même des événements et des circonstances qui semblent lointains ou improbables peuvent soudainement devenir réalité. » (Even seemingly distant or improbable events and circumstances can suddenly become reality.)
La prochaine élection fédérale pourrait bien être le dernier rempart avant la chute. Le Canada est à la croisée des chemins : soit nous décidons de reconstruire une société fondée sur la responsabilité, l’effort et la solidarité réelle, soit nous poursuivons dans la voie de la dépendance, du clientélisme et de la décomposition.
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