Les Québécois seraient fortement en accord avec le fait de développer le secteur gazier de la province, révèle un sondage Mainstreet du 21 septembre 2022. En effet, dans un échantillon de 1098 personnes agés de 18 ans ou plus de la province de Québec, on observe une hausse de l’inquiétude sur les enjeux énergétiques depuis la guerre en Ukraine et une forte volonté de parfaire l’indépendance énergétique de la province.

Inquiétudes énergétiques

En raison de la forte dépendance de l’Europe envers le gaz russe, la guerre en Ukraine a occasionné une intense crise énergétique qui fait craindre le pire pour l’hiver à venir. Tous les pays se préparent à un rationnement énergétique et à de possibles coupures dans le réseau, la très verte Allemagne réactivant carrément des centrales au charbon pour faire face aux pénuries.

Cet enjeu géopolitique et la nécessité pour l’Europe de se trouver de nouvelles sources d’approvisionnement semble résonner au Québec, où l’on se dit davantage préoccupé par les questions énergétiques.

En effet, 62% des personnes sondés par Mainstreet s’affirmaient beaucoup ou un peu plus préoccupés par les questions énergétiques depuis la guerre en Ukraine et 53% affirment être préoccupés par le fait que le Québec importe la totalité du pétrole et du gaz qu’il consomme.

Exploitation du gaz naturel québécois

L’exploitation des ressources pétrolières ou gazières fait débat depuis plusieurs décennies au Québec et à peu près tous les projets à ce jour ont été bloqués malgré de nombreuses promesses électorales d’aller de l’avant. Ces blocages donnent l’impression que les Québécois sont fortement en désaccord avec l’exploitation de ces ressources, or la réalité est toute autre.

Le sondage révèle qu’une forte majorité de Québécois sont en faveur de l’exploitation de nos ressources gazières. Par exemple, 60% des sondés considèrent que c’est une bonne idée pour le Québec de produire son propre gaz naturel et de l’exporter vers l’Europe pour l’aider à se défaire de sa dépendance au gaz russe.

Or le gouvernement caquiste a plutôt décidé d’interdire de manière définitive tout projet d’exploitation d’hydrocarbures dans la province. Mainstreet a donc demandé aux sondés s’ils pensaient qu’il fallait revenir sur cette décision et a découvert que 56% d’entre eux pensait qu’il fallait abandonner ce projet de loi.

Questionnés plus précisément sur GNL Saguenay, 54% des sondés se disent assez en accord ou très en accord avec le fait d’aller de l’avant avec le projet alors que 10% s’affirment indécis sur la question.

Allocation des bénéfices produits

L’accord des Québécois vis-à-vis de l’exploitation des ressources gazières est fortement déterminée par la manière qu’on prévoit utiliser la richesse produite. Ainsi, le support pour l’exploitation du gaz monte rapidement lorsqu’on propose d’utiliser cet argent pour de bonnes causes.

Par exemple, lorsqu’on leur demande si c’est une bonne idée d’exploiter nos ressources en gaz naturel pour baisser les impôts, 59% des sondés s’affirment assez en accord ou très en accord. Or lorsqu’on leur demande si c’est une bonne idée pour financer la transition énergétique, le pourcentage de sondés assez en accord et très en accord monte à 69%!

Ce fut d’ailleurs le projet de nombreux partis et gouvernements – notamment ceux du PQ, de la CAQ et des Libéraux – s’inspirant de la Norvège et qui affirmaient vouloir enrichir et rendre le Québec plus vert en exploitant de manière responsable les hydrocarbures de la province.

La volte-face de François Legault sur la question a donc de quoi surprendre, et le débat a repris de plus belle dans le courant de la campagne électorale avec notamment Éric Duhaime, du Parti Conservateur du Québec, qui propose de ramener l’exploitation gazière sur la table d’une manière beaucoup plus décomplexée.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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