Une ministre britannique détaille en quatre points une critique du multiculturalisme tel que pratiqué au Canada

Traduit de l’anglais. Article de Colby Cosh publié le 29 septembre 2023 sur le site du National Post.

Le concept de multiculturalisme, qu’on le veuille ou non, est d’origine canadienne reconnue. Nous devrions donc tous sursauter un peu lorsqu’il est condamné par des dirigeants européens, un phénomène de plus en plus courant qui a peut-être atteint un nouveau sommet mardi.

Suella Braverman, ministre conservatrice de l’intérieur du Royaume-Uni, s’est rendue au siège de l’American Enterprise Institute à Washington, D.C., pour y livrer une critique retentissante du cadre de protection des réfugiés de l’après-guerre et de la doctrine multiculturaliste « erronée » et « toxique » qui l’a fait dévier de sa forme.

Le discours de Braverman a suscité une orgie de dénonciations parmi les libéraux et les célébrités britanniques. D’un autre côté, le destin inévitable du discours est d’être tourné en dérision par les critiques anti-immigration qui entendent depuis des décennies les politiciens britanniques et européens avertir que l’humanitarisme ne peut être un pacte de suicide pour les États-nations de l’Ancien Monde – sans jamais faire grand-chose eux-mêmes pour changer la politique migratoire.

Selon le récit de Braverman, les pays européens ont élaboré la Convention des Nations unies sur les réfugiés en grande partie pour régler les propres affaires du continent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le texte définit les réfugiés comme des personnes craignant avec raison d’être persécutées, mais le traité est aujourd’hui interprété de manière à permettre une migration économique mal déguisée, à encourager les traversées illégales et risquées des mers et des frontières, et à faciliter le shopping prolongé des migrants dans les pays de destination souhaités.

Le résultat, pour le meilleur ou pour le pire, est que la protection des réfugiés est désormais potentiellement accessible à près d’un milliard de personnes, créant ainsi un « billet à ordre que l’Occident ne peut pas remplir ». (Ou, comme l’a dit le président français Emmanuel Macron il y a quelques jours, « Nous (les Européens) ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde ». Braverman énumère quatre critiques d’une période au cours de laquelle « il y a eu plus de migrations vers le Royaume-Uni et l’Europe […] qu’au cours de toutes les périodes précédentes ».

La première est l’argument conservateur « civique » : l’intégration des nouveaux arrivants dans un État-nation est souhaitable, mais elle prend du temps, et elle prendra forcément encore plus de temps dans les endroits où la philosophie dominante du multiculturalisme décourage l’assimilation complète et le patriotisme homogénéisant. (Cette critique risque de tomber dans l’oreille d’un sourd au Canada, où le multiculturalisme est généralement considéré comme une réussite – mais le Canada n’est pas vraiment un État-nation classique, et il n’existe pas à distance de marche ou de navigation de centaines de millions de personnes beaucoup plus pauvres).

Braverman ajoute l’argument « pratique » selon lequel les services publics et les marchés du logement ne peuvent s’adapter rapidement à une immigration massive et incontrôlée de demandeurs d’asile ; l’argument de la « sécurité nationale » selon lequel certains demandeurs d’asile constituent une menace pour l’ordre public, le trésor public et la sécurité publique ; et l’argument « démocratique » selon lequel les électeurs nationaux, presque partout en Occident, sont très favorables à un contrôle rigoureux des frontières nationales, mais ne l’obtiennent que rarement.

Je ne suis pas sûr que cette liste énumérative soit la meilleure façon pour les Européens de réfléchir à leurs problèmes d’immigration, mais les quatre points soulevés par Braverman méritent tous d’être pris en considération, même ici, dans la forteresse originelle du multiculturalisme.

[…]

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