Une organisation québécoise faisant de l’éducation sexuelle sous le feu des critiques au Nouveau-Brunswick

Un organisme québécois embauché par des écoles néo-brunswickoises pour faire de l’éducation sexuelle fait scandale dans la province atlantique depuis quelques jours, poussant le premier ministre Blaine Higgs à déclarer son intention de le bannir, ce à quoi la présidente de l’organisme, Teresa Norris, a répliqué qu’il s’agissait d’une « déformation grossière » du contenu de la formation.

Le premier ministre Blaine Higgs, à la tête de son gouvernement progressiste-conservateur, s’est fait connaître dans les derniers temps pour son franc-parler et sa posture ferme contre les tendances wokes en éducation. Ce n’est donc pas un hasard s’il réagit aussi fortement à certaines des diapositives faisant partie de la présentation donnée à des jeunes de niveau secondaire.

« Dire que je suis furieux serait un grossier euphémisme », a-t-il commenté sur Twitter. « Cette présentation ne fait pas partie du curiculum du Nouveau-Brunswick, et les parents n’ont pas été avertis du contenu […] Le fait que cette présentation a été donnée démontre que soit les vérifications n’ont pas été faites convenablement, ou soit l’organisme a représenté de manière inexacte le contenu qu’il allait partager… ou bien les deux ».

Selon le ministère de l’éducation, cette présentation visait officiellement à faire de la sensibilisation et de la prévention au sujet du papillomavirus humain, une maladie transmise sexuellement, mais des clichés des diapositives démontrent que la formation s’étendait bien au-delà de ce sujet et traitait aussi de sexualité dans son sens large.

Sur l’une de ces diapositives, on peut apercevoir le logo de « Thirsty for the talk », un organisme d’éducation sexuelle que Teresa Norris opère en parallèle de HPV Global Action, qui se concentre pour sa part plus précisément sur le sujet du papillomavirus humain. C’est donc l’inclusion de ces diapositives de Thirsty for the Talk dans une présentation supposée parler uniquement de papillomavirus qui semble causer problème.

« Est-ce normal de regarder de la pornographie comme d’autres personnes regardent des séries télés? », « Est-ce que les filles se masturbent? », « Est-ce que c’est bien ou mal de faire de l’anal? », « Est-ce que ça fait mal la première fois? ». Tels sont les quelques exemples de thèmes qu’on peut voir sur la diapositive de Thirsty for the Talk qui a fait réagir Higgs.

Diapositive de couverture pour la présentation de Thirsty for the Talk

Selon Teresa Norris, cependant, cette charge du premier ministre serait une « grossière déformation » de ce qu’est réellement cette présentation. Elle argue que la diapositive en question où se retrouvent ces phrases n’est que l’introduction de la formation, et qu’il s’agit de réelles questions que les jeunes ont posées à l’organisme.

Norris insiste qu’il n’est jamais question d’encourager ces comportements, mais plutôt d’enseigner aux jeunes à connaître leurs limites : « Nous ne faisons la promotion d’aucun de ces comportements sexuels … nous parlons d’abstinence dans la présentation, nous responsabilisons les élèves pour les aider à prendre des décisions concernant leurs relations ».

Quoi qu’il en soit, cette controverse s’inscrit dans le débat plus large qui s’active partout au pays au sujet de l’éducation sexuelle des jeunes. Un activisme particulièrement tenace semble pousser pour une éducation sexuelle de plus en plus précoce, avec notamment l’inclusion de la théorie du genre. On relève de plus en plus de contenu s’apparentant à du « grooming », c’est-à-dire l’idée perverse de manipuler des jeunes à des fins sexuelles. Les conservateurs insistent donc particulièrement sur l’autorité parentale et sur le droit des parents d’être mis au courant de ce qu’on apprend à leur enfant.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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