Vagues de migrants haïtiens au Québec : doit-on réformer le droit d’asile ?

De plus en plus de migrants haïtiens se pressent aux portes du Québec depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Cela pose des questions inconfortables sur nos capacités d’accueil réelles, de même que sur la légitimité du droit d’asile en 2025. Devrions-nous réformer le droit d’asile ? Tel qu’il est utilisé aujourd’hui, à peu près tout le monde, dans plusieurs pays, pourrait prétendre à un tel droit. Bien que celui-ci ait été conçu pour des exceptions, pas pour des populations entières.

Jusqu’à récemment, l’image que nous avions des réfugiés politiques, c’était celle des intellectuels vivant sous le rideau de fer. Des gens tels que Soljenitsyne en URSS, qui ont dénoncé la réalité du régime soviétique. Ils étaient essentiels dans la lutte contre le bloc soviétique. Il fallait des intellectuels pour enlever toute légitimité aux idéologies marxisantes.

Le droit d’asile s’appliquait à ce genre de profils, triés sur le volet. Pensons également aux aristocrates, aux Russes blancs qui ont quitté leur pays après la guerre civile qui a porté les bolcheviques au pouvoir. Des villages tels que Richmond et Rawdon, au Québec, gardent les traces de leur passage. Mais voilà qu’en 2025, quiconque n’aimant pas son pays ou étant insatisfait de sa condition peut aspirer au droit d’asile.

L’asile était destiné, au plus, à quelques milliers de personnes. Et ce, à une époque où les conditions matérielles étaient bien plus précaires dans le monde entier, encore plus particulièrement à l’Est. Faudra-t-il, avec le détournement du droit d’asile, accueillir des populations entières de pays vivant des troubles civils, comme c’est le cas d’Haïti actuellement ?

Une bonne partie des classes éduquées d’Haïti est partie il y a longtemps. Pourtant, ils sont nombreux à exiger que nos sociétés en fassent davantage pour accueillir toujours plus de gens. Faut-il leur rappeler qu’ils ont une responsabilité à l’égard de leur pays, et que ce n’est pas à nous de toujours réparer les pots cassés ?

Cette élite haïtienne, notamment la famille Duvalier, a détourné une fortune de ce petit pays des Caraïbes pour s’exiler en Europe ou en Amérique du Nord. Ces gens sont également à Montréal. Ils ont le devoir de reconstruire leur pays ou, à tout le moins, d’arrêter de financer des gangs criminels. Quant aux autres, intellectuels et professionnels, ils peuvent apporter leur pierre à l’édifice pour faire d’Haïti un endroit viable.

Le Canada ne pourra pas éternellement être une terre d’asile à chaque fois qu’un pays plonge dans le chaos. Nos infrastructures sont déjà mises à rude épreuve. La santé, l’éducation et le logement sont en crise. Certains prétendent que le Canada, puisqu’il est un pays immense, peut accueillir beaucoup plus de gens.

Or, la réalité est plus complexe que cela. Seule une petite partie du pays est habitable et, lorsque l’on va plus au nord, il faut des moyens considérables pour maintenir des communautés isolées. Le Canada ne peut accueillir tout le monde lorsqu’un nouveau pays est en crise. Il faudra un jour être très clair là-dessus. Ce qui n’est pas un déni d’humanité, puisque nous sommes disposés à aider les pays en crise à retrouver la paix.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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