On a vu une scène surréaliste pour un président français : commencer sa tournée diplomatique canadienne à Ottawa, pas par le Québec. Mais ce n’est pas tout : Emmanuel Macron rejette la doctrine du « ni ni », c’est-à-dire le ni ingérence, ni indifférence, advenant un oui majoritaire pour l’indépendance du Québec. Comment en est-on arrivé là?
Pour la première fois depuis des décennies, un président français, Emmanuel Macron, commence sa tournée diplomatique canadienne par Ottawa, la capitale fédérale. C’est un symbole fort, considérant que le Général de Gaulle a dû écourter sa visite, et donc son passage à Ottawa, en 1967, après son appel « vive le Québec libre » sur le balcon de l’hôtel de ville de Montréal.
Emmanuel Macron a plusieurs choses en commun avec Justin Trudeau : ils sont tous les deux particulièrement impopulaires, ont jeté leurs pays respectifs dans la crise, et ce sont aussi deux hommes ayant une vision libérale du monde très marqué. Si Macron a su cautionner des politiques à droite en matière sécuritaire ou d’immigration, rien ne le distingue fondamentalement de Justin Trudeau.
Les deux hommes ont aussi des ego surdimensionnés. Ils croient vraiment que leur personne compte dans les affaires du monde actuel. Macron fut pris à partie par une manifestante originaire de Gaza, qui lui demandait ce qu’il faisait pour ramener la paix au Proche-Orient. Quant à Justin Trudeau, il participe à un talk-show américain avec une drag queen. On a déjà vu mieux, disons, comme relations internationales de la part de la France et du Canada.
Mais ce qui fait mal dans cette visite diplomatique de Macron chez nous, c’est son rejet du « ni ni », pour ni ingérence, ni indifférence en cas d’un oui majoritaire lors d’un référendum sur l’indépendance du Québec. Ni ingérence, car la France n’aide pas directement le Québec, et ni indifférence, car la France s’engage à reconnaître un résultat gagnant et ainsi donner une légitimité internationale au Québec.
Macron est ainsi le successeur d’une lignée de présidents français hostiles au mouvement indépendantiste. Dès François Mitterrand, des présidents se sont distanciés de la tradition instaurée par le Général de Gaulle. On peut citer aussi Nicolas Sarkozy, ami de la famille Desmarais, a être le premier à faire l’apologie de l’unité canadienne. La désillusion est grande pour le mouvement indépendantiste d’ici les élections présidentielles de 2027.
Le président français affirme qu’il ne souhaite pas s’ingérer dans les affaires internes d’un pays souverain. Nous aimerions bien le croire, mais comment se fait-il que la France n’arrête pas de s’ingérer dans les affaires de nombreux pays d’Afrique, et du Moyen-Orient? Est-ce que nous aurions devant nous un cas typique de deux poids, deux mesures? Oui, c’est bien le cas.
La France, par ses gouvernements, est capable du meilleur, mais surtout du pire. Encore une fois, il faut voir dans les propos hypocrites du président Macron que le Québec ne peut pas compter de manière inconditionnelle sur la France. À l’époque du Général, la France était encore un pays puissant, doté de l’arme nucléaire, et d’une force culturelle de premier plan.
Mais que reste-t-il aujourd’hui? Macron une journée va s’entretenir avec Poutine (on se souvient de la scène de la table), mais après dit qu’il veut envoyer des troupes en Ukraine. C’est une puissance en déclin, et Macron ne semble pas encore mesurer les conséquences du désinvestissement de la France par les puissances de l’argent. Ni la montée du tiers-monde comme force politique.
Quant au Canada, c’est la même chose. Il s’aligne sur les États-Unis, alors que sous le règne de Pierre Elliott Trudeau, le Canada faisait bonne figure dans le monde pour son intérêt envers les pays non-alignés ou même Cuba. Aujourd’hui, le Canada est un État de plus en plus inféodé aux États-Unis, avec toutes les conséquences que cela peut engendrer.
Emmanuel Macron sera considéré par l’Histoire comme un président faible, ayant été incapable de réformer son pays en profondeur. Il sera catalogué comme un homme autoritaire, ayant peu de principes moraux et opportunistes. Il tente de briller à l’international, mais en faisant constamment la leçon aux autres.
Une recette qui ne marche plus en 2024, dans une réalité où les acteurs internationaux, étatiques ou non, se sont multipliés. Quant aux indépendantistes, ils devront se pincer le nez d’ici les élections présidentielles de 2027 et espérer un président (ou une présidente) plus enclin à une reconnaissance d’un éventuel Québec indépendant.
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