Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud : cette « alliance » de cinq puissances régionales fait trembler les internets par leur supposée volonté d’éliminer la toute-puissance du dollar américain. Pourtant, quand on regarde de plus près, rien ne fonctionne dans cette « alliance » : guerre, crise économique, pénurie énergétique, des problèmes majeurs touchent ces pays. Avec peu d’espoir en réalité pour eux de s’en sortir et de terrasser l’Empire américain. Voici pourquoi.
Déjà, ça part très mal de former une alliance quand on connaît le climat de tension entre l’Inde et la Chine. La Chine réclame des territoires dans l’Himalaya indiens, et il y a régulièrement des affrontements entre soldats chinois et indiens. Plusieurs ont fait des morts au cours des dernières années. Certains affrontements ont eu lieu à coups de bâtons, rien de moins. Car il est interdit d’avoir des fusils à la frontière entre les deux pays. En plus, le Pakistan est probablement l’allié le plus solide de la Chine, et c’est le frère ennemi musulman de l’Inde nationaliste hindoue dirigée par un premier ministre profondément religieux et opposé à l’islam. Alors, comment former une alliance entre l’Inde et la Chine dans un contexte de différends territoriaux et idéologiques majeurs?
De plus, l’économie indienne est victime de l’idéologie du BJP, le Parti nationaliste hindou au pouvoir avec Narendra Modi. Si le secteur des services se développe, le pays est le lieu d’affrontement intracommunautaire entre hindous, musulmans, sikhs et les chrétiens y sont malmenés. La sécurité des femmes est une entrave majeure au développement économique du pays. Car comment peut-on développer les services et la technologie quand les femmes peuvent être victimes d’agressions sur le chemin du travail? Si l’Inde veut devenir une puissance majeure pouvant affronter l’Occident, elle devra commencer par régler ce problème d’insécurité et ces tensions communautaires.
Quant à la Russie, elle est embourbée en Ukraine et plusieurs pays ne font plus confiance à Vladimir Poutine et son armée. L’Azerbaijan, connaissant la faiblesse de l’armée russe et son incapacité à défendre les Arméniens du Haut-Karabakh, vend du pétrole à l’Europe et va bientôt annexer la petite république d’Artsakh associée à l’Arménie qu’elle considère comme son territoire. La Russie étant supposé en théorie jouer un rôle d’arbitre et de geler le conflit entre les deux parties. Des manifestations ont lieu à l’occasion contre la Russie en Arménie, qui se considèrent comme abandonnées par le « grand frère » orthodoxe devant un ennemi azéri dopé par la vente d’hydrocarbures à l’Europe.
Le Kazakhstan se distancie peu à peu de la Russie, et c’est la Chine qui en profite. Plusieurs pays d’Asie centrale, jadis des républiques soviétiques, tournent le dos à la Russie, car ils savent maintenant la valeur réelle de l’armée russe. Armée incapable d’envahir l’Ukraine, et qui sacrifie des dizaines de milliers d’hommes pour garder quelques territoires à l’est.
L’Afrique du Sud est aussi un cas intéressant. Ce pays considéré comme le plus puissant d’Afrique est en réalité un colosse aux pieds d’argile. L’insécurité est telle que beaucoup de gens ont quitté l’Afrique du Sud pour aller vivre ailleurs. On peut se faire tuer dans la rue pour avoir exhibé son téléphone. C’est aussi un des pays dans le monde qui compte le plus de meurtres par habitant. Ainsi que de viols. Déjà habitués à des coupures de courant de quelques heures par jour, les Sud-Africains doivent désormais affronter des pannes allant jusqu’à 12 heures par jour. Est-ce possible de développer son économique dans un contexte de pénurie énergétique majeur? Et que dire de la corruption du congrès national africain, le parti au pouvoir?
La fin de l’Apartheid n’a pas rempli ses promesses. Les gens riches le sont toujours, et ils se barricadent chez eux derrière des barbelés et des clôtures électrifiées. 32% de la population ne travaille pas, ce qui en fait le taux de chômage le plus élevé du monde. De plus, le pays est le lieu de violences entre les locaux et des migrants venus d’autres pays d’Afrique, telles que le Zimbabwe et le Congo.
Le Brésil quant à lui traverse une période instable par les tensions entre la gauche et la droite, et le retour de Lula au pouvoir. Celui-ci a entrepris des politiques d’austérité comme son prédécesseur Jair Bolsonaro, et plusieurs réformes entreprises par ce dernier peuvent être renversées. De plus, le Brésil demeure avant tout une puissance agricole éloignée géographiquement des autres pays.
On parle souvent de la monnaie des BRICS indexée sur l’or. Ils prétendent remplacer le dollar américain, qui est lui-même indexé sur l’or. La plupart des pays de la planète gardent leur or aux États-Unis dans les voûtes de la FED. Et chaque pays des BRICS a une politique économique différente. Le Brésil est probablement l’économie la plus libéralisée, alors qu’il est quasi impossible de faire sortir des capitaux hors de Chine. S’il y a création d’une banque des BRICS, il faudra une banque centrale. Et il est probable que la Chine ait ce rôle. Par contre, il sera impossible pour un pays de sortir son or de la Chine. Ce qui est une entrave majeure à la confiance qu’on peut accorder à une monnaie des BRICS.
Et si cette monnaie devait un jour se concrétiser, elle ne représenterait que 10% des échanges mondiaux, derrière le yen japonais et la livre sterling. Donc, pas de panique, les BRICS sont comme toute propagande du Parti communiste chinois : beaucoup d’annonces, mais jamais suivies par des actions. Le PCC a l’habitude des annonces pour des projets pharaoniques qui finissent par ne rien produire. Que l’on parle du réseau 5G, des nouvelles routes de la soie, des ententes bilatérales entre eux et d’autres pays, rien n’a fonctionné. Il est donc très peu probable que les BRICS accouchent d’autre chose que d’une souris.
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