-Traduction d’une lettre à l’éditeur paru dans le National Post, le 4 mars 2020
Il existe une hypothèse selon laquelle si vous « acceptez » la science des changements climatiques, vous êtes obligé de soutenir des mesures drastiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce n’est pas vrai. L’une ne découle pas de l’autre. La science et l’économie classiques ne soutiennent pas une grande partie de l’agenda actuel de la politique climatique, et certainement pas les extrêmes radicaux exigés par les groupes militants.
Dans un récent article examiné par des pairs, mes coauteurs et moi-même l’avons prouvé en utilisant l’un des modèles économiques sur lesquels s’appuient les gouvernements et les universitaires du monde entier. Les décideurs politiques calculent les couts sociaux des émissions de GES à l’aide d’outils appelés modèles d’évaluation intégrée (MEI), qui contiennent des modèles climatiques et économiques liés. Ils font avancer le monde de quelques centaines d’années et estiment la valeur des dommages causés par une tonne de GES émise aujourd’hui. Pardonnez tous les acronymes, mais cela s’appelle le cout social du carbone ou CSC, et il représente une limite supérieure de ce que nous devrions payer, par tonne, pour réduire les émissions.
Plus le CSC est élevé, plus la politique climatique doit être agressive. Pendant les années Obama, l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) a réuni un groupe d’experts pour utiliser les MEI afin d’estimer le CSC d’ici le milieu du siècle, pour guider l’élaboration des règles règlementaires. La plupart de leurs résultats se situaient dans une fourchette de 20 à 60 dollars par tonne, selon le taux d’actualisation (qui contrôle le poids à mettre sur les dommages futurs lointains). Cela signifie que les politiques ne devraient pas couter plus de 60 dollars par tonne de réduction à mettre en œuvre.
Comme tous les modèles, les MEI dépendent de certains paramètres clés basés sur la littérature scientifique. On sait depuis longtemps que si le CO2 est un gaz à effet de serre, c’est aussi un aliment pour les plantes, et que le CO2 supplémentaire est bénéfique pour la croissance des plantes. Pourtant, deux des trois MIA supposent que l’augmentation de la teneur en dioxyde de carbone de l’air n’a aucun effet sur l’agriculture, ce qui est trop pessimiste. L’un des modèles prévoit un léger gain de productivité agricole à mesure que les niveaux de CO2 augmentent, sur la base des estimations de l’effet des années 1990.
Au cours de la dernière décennie, de nombreuses recherches ont été menées sur les effets de l’augmentation des niveaux de CO2 sur la croissance des plantes dans le monde. Les résultats d’enquêtes par satellite et d’expériences sur le terrain ont montré des avantages plus importants que ce que les gens avaient prévu dans les années 1990, en particulier pour la culture du riz en Asie, même dans un climat plus chaud, et nous avons donc mis à jour le modèle pour intégrer ces informations.
En outre, toutes les MEI supposent que le climat se réchauffera de trois degrés Celsius à chaque fois que le CO2 double. Cette hypothèse est basée sur des simulations avec de grands modèles climatiques, mais de nombreuses études récentes dans les revues climatiques ont estimé une sensibilité plus faible sur la base des changements de température observés au sol et mesurés par satellite. Nous avons donc également intégré ces informations.
Sur la base de ces seules mises à jour, nous avons montré que, même en utilisant un faible taux d’actualisation, le CSC (encore une fois, c’est le cout social du carbone) à partir de 2020 passe de 32 dollars par tonne à environ soixante cents, et il y a une chance sur deux qu’il soit inférieur à zéro. Il augmente avec le temps, mais pas beaucoup. En 2050, il est encore inférieur à 3 dollars par tonne et a 46 % de chances d’être inférieur à zéro.
Notez que nous n’avons pas dit que « les changements climatiques sont un canular, et que nous ne devons donc rien faire ». Nous nous sommes appuyés sur des études scientifiques publiées dans des revues spécialisées, combinées au même modèle que celui utilisé par l’EPA, pour déterminer si des politiques climatiques couteuses sont justifiées. La réponse est non, au moins pour les prochaines décennies.
Notre document a été examiné par trois experts anonymes bien informés qui ont été surpris par nos conclusions et les ont contestées avec vigueur, l’un d’entre eux recommandant vivement le rejet de notre étude. Nous avons dû réfuter en détail leurs nombreux contrarguments. Nous avons pu défendre nos calculs, et le journal a tranché en notre faveur.
Si vous ne croyez pas à la science du changement climatique, alors vous ne soutiendrez évidemment pas les taxes sur le carbone et autre politique de ce genre. Mais il est important de noter que si vous acceptez la science, vous n’êtes pas obligé de soutenir toutes les politiques suggérées pour lutter contre les changements climatiques, surtout si elles sont couteuses ou peu pratiques. Nous devons continuer à nous concentrer sur des stratégies que nous ne regretterons pas plus tard où les avantages l’emportent clairement sur les couts.
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