13 milliards en subventions fédérales pour Volkswagen ; l’équivalent de 4,3 millions par emploi créé

Les montants des subventions fédérales pour attirer Volksagen en territoire canadien ont été révélés ce jeudi, et la somme s’avère astronomique. Au total, le gouvernement Trudeau a accepté de fournir jusqu’à 13 milliards de dollars sur 10 ans pour l’implantation d’une usine de batteries du géant de l’automobile allemand en Ontario, un montant qui vise à compétitionner avec les offres de subventions particulièrement généreuses chez notre voisin américain.

En effet, c’est un contrat sans précédent que le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne a conclu avec Volkswagen. Chaque année, l’entreprise recevra des subventions à la production et une aide au financement des coûts d’investissements de l’usine qui équivaudront à ce qu’aurait pu recevoir l’entreprise aux États-Unis sous l’Inflation Reduction Act.

La négociation de ce contrat révèle aussi une compétition de plus en plus agressive entre les pays pour attirer des projets de développement d’énergies vertes. De nombreuses lois et incitatifs faits dans chaque pays respectifs dans le cadre de leur transition énergétique, ainsi que certaines normes internationales comme la notation ESG dans les milieux financiers, ont engendré une sorte de course au développement et à l’attraction d’investisseurs.

On se rappelle ; le Québec avait initialement été envisagé pour ce projet d’usine de fabrication de batterie de Volkswagen, mais les négociations avec le gouvernement Legault, menées par le ministre de l’Énergie et du Développement Pierre Fitzgibbon, avaient échouées. Vue la grande quantité d’énergie requise, il s’était avéré impossible pour Hydro-Québec d’assurer un branchement à son réseau dans les temps demandés par Volkswagen. La société d’État parlait alors d’un échéancier « agressif ». C’est par la suite que le projet a dû se déplacer en Ontario.

Bien qu’il était sous-entendu que l’entreprise allemande bénéficierait de subventions de la part du fédéral, les montants de celles-ci n’étaient toujours pas connus avant aujourd’hui. C’est donc une surprise pour beaucoup de commentateurs de réaliser à quel point les sommes sont astronomiques.

Selon Renaud Brossard, de l’Institut économique de Montréal, ces 13 milliards équivaudront à payer 4,3 millions de dollars par emploi créé. « Mettons ce montant de 13 milliards en perspective : l’entièreté du gouvernement du Nouveau-Brunswick dépensera 800 millions de moins cette année… Au bout du compte, Ottawa donne plus à Volkswagen que l’entièreté du budget du Nouveau-Brunswick pour créer *3000 emplois* » ajoute-t-il sur son compte Twitter.

De nombreux critiques accusent ainsi le gouvernement Trudeau d’encore une fois dilapider l’argent des contribuables dans des signalements de vertus ruineux qui ne profitent qu’aux grandes entreprises. On y voit une forme de bien-être social corporatif où des entreprises pourtant riches comme crésus font porter le poids des investissements aux contribuables canadien. D’un point de vue québécois, aussi, il s’agit de financer à même nos poche l’économie ontarienne pour un projet qu’on n’a pas pu accomplir ici ; ce qui ajoute une couche supplémentaire à l’échec initial des négociations du gouvernement Legault.

Du côté du gouvernement canadien, on assure que les retombées économiques du projet excéderont son investissement initial. Il s’agirait là de la première implantation de Volkswagen au Canada, et il est attendu que celle-ci stimulera l’ensemble de la chaîne de production et crééra de multiples externalités positives. Selon Champagne, les retombées équivaudront à la totalité de l’investissement après 5 ans, et d’ici 30 ans, le Canada pourrait bénéficier de 200 milliards en retombées économiques.

Quoiqu’il en soit, ce montant historique a de quoi donner le vertige et ne fait que s’ajouter à une longue liste de dépenses faites par le gouvernement le plus dépensier de l’histoire du Canada.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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